Pas simple, la question posée la semaine dernière par notre chroniqueur Richard Martineau… Qui était le plus grand salaud? Kazan, qui a dénoncé ses potes communistes parce qu’il croyait que ce mouvement pouvait être dangereux, ou un intellectuel comme Sartre, par exemple, qui se fermait délibérément les yeux devant les massacres commis en URSS? Voici des extraits de vos cogitations.
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Il faut faire preuve de prudence lorsque l’on affirme que Kazan fut un traître durant le règne du maccarthysme. La délation est un acte répugnant en soi, mais qui obéit à des besoins qui n’ont rien à voir avec les dogmes et principes si chers à l’intelligentsia. Le communisme était considéré comme aussi dangereux, sinon davantage, que ne l’est le terrorisme de nos jours. Au nom du terrorisme, l’on bafoue les droits humains les plus élémentaires, en ce moment même, et la population en général cautionne ces actes par son silence…
Marc Caron
On dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Qu’il y a toujours deux côtés à une médaille. Mais puisque le jeu consiste à trancher, je porterai un jugement de valeur. Je peux me tromper, mais je soupçonne Kazan d’avoir davantage pensé à sa carrière et à ses intérêts personnels que Jean-Paul Sartre.
Andrée Proulx
Kazan, contrairement à Sartre, a le mérite d’avoir fait quelque chose. Je ne suis pas certaine que se fermer les yeux soit plus valeureux.
Marie-Josée Archambault
(…) la très grande majorité des accusés étaient innocents. Aux États-Unis, la plupart des réalisateurs brisés par les dénonciations de la chasse aux sorcières n’avaient été que des sympathisants communistes d’un soir… On connaît la suite: McCarthy a été désavoué par le Sénat américain en 1954. Kazan, lui, ne s’est JAMAIS rétracté. Comment alors lui pardonner? L’affaire est entendue depuis longtemps dans les annales de l’Histoire.
Alain G. Gauthier
Kazan ou Sartre? On traite de salaud quelqu’un qui peut nous faire du tort. Or, il se trouve qu’un juste, dans son action, peut faire du tort à quelqu’un que l’on juge dangereux. Alors qu’un intellectuel révolutionnaire de salon ne fera malheureusement, ou heureusement, de tort à personne.
Hieu Ly
(…) il [Kazan] n’a pas dénoncé Staline, il a dénoncé des potes cinéastes qui pratiquaient un communisme de salon condamnant les pratiques exagérées du mercantilisme américain. Vouloir aujourd’hui lui trouver des excuses en se servant du génocide pratiqué par les communistes russes ou les allemands fascistes, c’est vouloir lui donner un patriotisme de bon aloi alors qu’à l’époque, son ignorance lui a fait ruiner la vie de confrères par peur de perdre ses propres privilèges.
Micheline Langlois
Pour moi, l’un n’est pas plus salaud que l’autre. Chacun s’est trompé car ils n’avaient pas la même vision du communisme (et ne vivaient pas dans le même climat politique…).
Jean-Baptiste Maur
Si quelqu’un est à blâmer, c’est la commission elle-même et le peuple qui a poussé les personnes visées au suicide (par le jugement, la perte d’emploi, etc.).
Joshua Walker
La démocratie peut, à la rigueur, tolérer l’apathie de ses citoyens devant les crimes de dictateurs étrangers – on ne peut forcer les gens à la compassion, après tout. Mais elle ne peut sous aucun prétexte accepter la censure des idées, peu importent les circonstances.
Élie Charest
Je suis d’accord sur le fait que M. Kazan ait dénoncé les dérapages de l’idéologie communiste qui, nous le savons tous, n’apportait pas un monde meilleur comme elle le prétendait. Il ne faut jamais cacher la vérité aux gens et vendre une idée en camouflant le mauvais côté de la médaille. Par contre, je trouve déplorable que M. Kazan ait dénoncé les anciens "camarades" en sachant que ceux-ci allaient être sanctionnés sévèrement pour leurs idées.
Tam Vo