Terrorisme nouvelle vague : Le feu au cul
Société

Terrorisme nouvelle vague : Le feu au cul

Rien n’arrêtera l’inventivité de ceux qui veulent s’en prendre à ce que George W. Bush a surnommé nos valeurs et notre mode de vie à l’américaine. La dernière combine pour faire sauter un avion de passagers en plein vol est si évidente qu’on se demande pourquoi ce n’est pas encore arrivé. Entre-temps, il y a de quoi regarder dans les aéroports le moindre voyageur qui se gratte le derrière avec inquiétude.

Malgré des mesures censément draconiennes, il y a quelques semaines, un jeune universitaire américain de 20 ans a réussi à embarquer des petits couteaux à bord de deux avions de la Southwest Airlines dans le but d’exposer les lacunes des techniques de sécurité. Cette nouvelle a été accueillie avec une certaine indifférence, parce qu’on sait que depuis le 11 septembre, les passagers d’un avion pris en otage par des terroristes préféreront affronter des blessures plutôt que de se rendre à des terroristes armés de couteaux en tous genres qui précipiteraient ensuite leur Boeing sur une cible au sol…

De même, Richard Reid, l’"homme à la chaussure piégée", s’en est mal tiré, et la découverte toute récente d’un couteau dissimulé dans la chaussure d’un jeune homme témoigne d’une meilleure compréhension des méthodes rudimentaires utilisées pour faufiler des armes à bord des avions.

Jamais en manque d’inspiration, les groupes terroristes ont probablement déjà envisagé une solution… interne.

Fort intérieur
Il est connu que, de par le monde, beaucoup de criminels font passer clandestinement drogues et diamants aux États-Unis, en Europe et en Asie en les dissimulant dans des condoms, qui sont soit avalés, implantés ou tout simplement enfouis dans le rectum de ceux que l’on appelle alors des "mules".

Les mules jamaïcaines, habituellement des femmes, sont une porte d’entrée pour la drogue au Royaume-Uni. Selon la BBC, des détectives évaluent qu’environ quatre tonnes de cocaïne par année y sont introduites grâce à ce genre de passeurs. On utilise sensiblement la même technique pour transférer la drogue de la Colombie aux États-Unis. L’année dernière, un Nigérian âgé de 12 ans a dû se livrer à la police de New York: il était tombé sérieusement malade après avoir avalé une livre d’héroïne répartie dans 87 condoms. Cette technique est sûrement bien connue d’Al-Qaïda et d’autres groupes terroristes, qui se financent souvent grâce à ce genre de trafic et opèrent à partir de grands points chauds du trafic de la drogue comme l’Afghanistan et le Sud-Est asiatique.

Des mécanismes de détonation peuvent être conçus à partir de très peu de composantes métalliques qui échappent à toute détection si elles sont dissimulées dans des palm pads, cellulaires, portables et baladeurs. Les terroristes pourraient aussi fabriquer un détonateur sans fil activable à partir du sol qui pulvériserait le passager-complice ainsi… équipé.

"Il n’y a donc aucune raison de croire que ce ne serait pas possible", affirme le Dr Harvey Kushner, président du Département de justice criminelle à la Long Island University. Également spécialiste en terrorisme, Kushner a témoigné lors d’affaires criminelles et civiles à la suite des bombardements des ambassades américaines en Afrique, de la première attaque contre le World Trade Center et de la destruction du vol 103 de la Pan Am.

"En toute franchise, ce genre d’expérience a déjà eu lieu. Nous savons qu’au Moyen-Orient, on teste des explosifs insérés dans des animaux depuis des années. Ce n’est pas très loin de l’insertion dans le rectum humain", ajoute Kushner, auteur de plusieurs livres portant sur le terrorisme.

Options détonateur
Certains terroristes ont déjà eu recours à de fausses prothèses de grossesse afin de transporter les bombes à bord des avions, mais, selon Harvey "Jack" McGeorge, ex-spécialiste en neutralisation de bombes de la Marine et ex-spécialiste en sécurité des services secrets, visiblement, l’approche "mule" n’a pas encore été tentée.

McGeorge a fondé le Public Safety Group, une société de conseil à Woodbridge, en Virginie, qui se penche sur les guerres chimiques et biologiques ainsi que sur le terrorisme. Il était également membre de l’équipe d’inspection d’armes des Nations unies en Irak. "Je conviens que cette méthode est possible. Je n’y vois aucun obstacle", dit McGeorge.

Selon l’expert, quelqu’un qui voudrait perpétrer un attentat suicide à la bombe pourrait introduire dans l’appareil au moins un bâton de C-4 (un explosif en plastique fabriqué aux États-Unis) d’une taille de 1,5 pouce de large et de 7 à 8 pouces de long. Ce bâton générerait une puissance semblable à une livre de dynamite. "Selon moi, vous pouvez faire passer environ trois livres par voie vaginale et une livre par voie anale", affirme McGeorge, qui, à cause de son expertise, est aussi devenu malgré lui une espèce de sommité parmi les sadomasos du secteur de Washington DC…

Grâce à leur grand potentiel pour transporter du matériel explosif, les femmes sont devenues très importantes dans les missions suicides des groupes terroristes islamiques et sont utilisées comme passeuses de drogue depuis des années.

Un autre spécialiste affirme que la charge totale peut dépasser les cinq livres si les explosifs sont transportés dans l’estomac. Kushner a noté que le vol 103 de la Pan Am avait été abattu grâce à moins de quatre livres de Semtex.

Le terroriste pourrait aussi utiliser une minuterie interne au lieu d’un détonateur sans fil ou d’autres mécanismes, ajoute McGeorge. Le fait de pouvoir retirer les explosifs dans la salle de bain permettrait de les placer dans un endroit stratégique.

"Je n’ai vu aucune information qui porte à croire que des individus seraient prêts à se faire implanter des charges explosives dans le rectum pour les transporter à bord d’un avion, telles des bombes vivantes, affirme un chercheur des services secrets nationaux qui a demandé de conserver l’anonymat. Cependant, le scénario est plausible. Le principe est simple et les événements du 11 septembre nous ont appris que nous devions accorder de l’importance aux attaques suicides… contre des avions ou d’autres cibles."

Avocat, détective privé et capitaine des Forces de la défense israéliennes, Richard Horowitz affirme qu’"un expert en terrorisme ne doit pas considérer comme absurde tout ce qui est techniquement possible, et je dirais que dans ce cas-ci, c’est possible. Je n’ai jamais entendu parler de ce scénario, mais lorsque Tom Clancy avait élaboré une intrigue mettant en scène un avion à réaction fonçant sur un édifice, les autorités fédérales avaient affirmé que c’était peu probable".

En dissimulant les explosifs dans son corps, un commando-suicide déjouerait probablement toutes les technologies de thermographie disponibles actuellement dans les aéroports. À la fine pointe de la technologie, les "machines à rétrodiffusion", utilisées depuis des années pour dépister les voleurs de diamants parmi les mineurs en Afrique du Sud, ne font état que des éléments dissimulés en surface. Ce qui est caché sous les vêtements sera révélé, mais pas ce qui se situe sous la peau.

D’autres technologies de thermographie employant le magnétisme et des systèmes de détection par radioactivité ne peuvent pas davantage pénétrer sous la peau. Cette technologie a été conçue, en grande partie, avant les événements du 11 septembre, lorsque les pirates de l’air utilisaient des armes et ne privilégiaient pas nécessairement l’attentat suicide.

Pour l’instant, seul un outil de surveillance des Pays-Bas peu répandu serait en mesure de déjouer les passeurs terroristes: le Conpass Digital Body Scanner de MMC International. Le scanner scrute l’intérieur du corps humain en le balayant d’un rayon X de 0,3 millirem, comparativement aux 40 millirems d’un examen médical normal.

Reste une solution de plus
Au Royaume-Uni, on a dressé des chiens renifleurs qui peuvent détecter les explosifs introduits dans n’importe quel contenant. Ils pourraient identifier un terroriste avant qu’il (ou elle) ne monte dans l’avion. Ce museau renifleur tout humide coincé au bon endroit pourrait donc être la seule solution efficace. On imagine la tête des passagers lorsqu’ils apercevront Fido au bout de la file d’attente à la douane.

Traduit par Julie Rozon