Revue de l'année 2003 : Choisir son camp
Société

Revue de l’année 2003 : Choisir son camp

Pour ou contre? Pour ou contre les politiques conservatrices des libéraux de Jean Charest, le piratage artisanal, la gloriole préfabriquée des Wilfreds, les reality-shows de Bernard Landry et Michèle Richard? Est-il possible qu’après quelques années de doute, de tergiversations, les dilemmes du 21e siècle n’appartiennent plus qu’au pouvoir des apparences, à l’immédiateté de l’image? Que les bouleversements sociaux et politiques actuels, au lieu de susciter la réflexion et le débat, nous forcent, lorsque vient le temps des élections, des éliminations, des manifestations, des participations, à faire des choix frivoles ou radicaux sans trop s’embarrasser de nuances? "Either you’re with us or against us!" disait George W. Bush lorsqu’il a lancé sa sainte croisade… Dans ce pays, cette province, cette ville souvent divisés 50-50 face aux grands débats, nous sommes sommés de choisir un camp. Certains de nos lecteurs et nos invités l’ont fait. (F. D.)

Patapouf

Dans notre édition du 20 novembre, nous présentions brièvement l’initiative de quelques enseignants de cégep qui, probablement inspirés par la destitution du gouverneur de la Californie, ont créé un site Internet invitant à éconduire notre brave Jean Charest (baptisé pour la circonstance Patapouf et grimé en monarque de république de bananes par Monaeric, brillant parodiste et fondateur du site Le Cornichon). Beaucoup de citoyens ont signé avec le plus grand sérieux ou en rigolant cette ambitieuse pétition qui cherche à recueillir 400 000 noms. S’il est inutile de pontifier, comme le firent quelques chroniqueurs, sur la pertinence du projet qui n’a certes aucune base légale… son attachante impertinence en aura amusé ou irrité quelques-uns qui ont, cette fois encore, choisi leur camp. Nous sommes allés sur www.voir.ca les rencontrer. Doit-on destituer Patapouf?

D’habitude, quand j’achète quelque chose et que c’est défectueux, je le retourne. Présentement, Patapouf ne fonctionne pas comme prévu. Je voudrais bien pouvoir le retourner sans attendre. Le principe des grandes chaînes de distribution devrait aussi s’appliquer au premier ministre du Québec. (Stéphane Michel)

La démocratie, c’est beaucoup plus qu’une petite croix sur un bulletin de vote une fois tous les quatre ans. C’est aussi être vigilant et tirer la sonnette d’alarme lorsque l’occasion se présente. Signer cette pétition, c’est manifester son mécontentement à celui qui prétend agir au nom d’un mandat que lui a confié la population. (Pascal Gemme)

Jean Charest est à la tête de notre province et il me semble que la moindre des choses, c’est de le respecter. Ce premier ministre a été élu par le peuple, alors on se doit de respecter ce choix. Je pense qu’on a le droit de se plaindre, le droit de dire ce que l’on pense, mais on n’a pas le droit de rire de quelqu’un de façon aussi méchante. (Lise Lehoux)

Laissons-lui le temps et nous verrons. Pour ce qui est des surnoms, je trouve ça enfantin et ridicule. Ça amuse certainement les sots ou encore les syndicalistes… (Carolyne Laplante )

Pourquoi Patapouf, au juste? Pourquoi pas quelque chose de plus près de la réalité? Pourquoi ne trouverions-nous pas quelque chose se rapprochant de sa personnalité, quelque chose qui rime avec « menteur », « téteux » ou « incompétent »? (Louise Lacroix)

Je signe la pétition! Je sais qu’elle ne servira pas à destituer le grand manitou, mais j’ai l’intention de reprendre ce que j’ai donné aussi facilement: mon pouvoir d’action politique légitime. Plus jamais je ne participerai à mettre un grand manitou au pouvoir. Provincial ou fédéral. JE SIGNE LA PÉTITION ET REFUSE D’ÊTRE UN SPECTATEUR PASSIF!!! (Sébastien Robin)

O.K., je veux bien contribuer à sortir Charest de là, mais pour le remplacer par qui? Le PQ qui n’est qu’une version « améliorée » du néolibéralisme teintée d’une souveraineté que l’on ressort davantage dans l’opposition que lorsque l’on exerce le pouvoir (en attendant les conditions gagnantes). (Yves Bergeron)

Comme je trouve absurde l’idée de destituer un premier ministre à qui on n’a même pas donné la chance de prouver ce qu’il pouvait faire… Ça fait combien de temps qu’il est au pouvoir??? Laissez donc la chance au coureur… Après un an ou deux, vous pourrez prendre une décision plus éclairée. (Yasmine Alloul)

Très belle initiative. Mais pensez-vous vraiment que notre bouffon national tiendrait compte d’une volonté éventuelle de le destituer? Il est élu pour quatre ans, il va rester quatre ans. (Stéphane Duhamel)

J’ai peut-être voté pour le PLQ, mais j’ai voté pour le parti et non pour son chef, alors je peux donc crier haut et fort: destituons Patapouf! Je veux signer la pétition… Alors je dis: arrêtons les clowns et recommençons nos élections… (Marc-André Perron)

Une suggestion: avez-vous trouvé un nom pour Paul Martin? Pourquoi pas Panama, comme le nom du pays où ses bateaux sont immatriculés. (Richard Marenger )

Au début, j’ai cru reconnaître Patabush, puis, gourmande, Pâtachoux. Pas sûre que je signerais cette pétition, par trop sérieuse. Patapouf, on le remplacera par… Patabof? par Pataouf? Pataphysique? Patapeuprès? Patapoil? Patapropos? Patapprécié? Patencore? (Francine Casas)

Par quel autre clown de service va-t-il être remplacé? Ça prend quand même une certaine formation pour être clown. Je dirais même que c’est pas donné à tout le monde de faire le mariolle dans un cirque. Faut du talent. Le problème, c’est qu’après le spectacle des clowns, c’est les lions qui arrivent. Et ceux-là, c’est pas très facile de les tasser… (Jonathan Ménard)

Hydro, garderies, taxe d’eau! C’est quoi la prochaine taxe? Faut-il vraiment se laisser faire? Peut-être que la pétition ne fonctionnera pas mais au moins, ça va démontrer que la population est mécontente, et moi ça me défoule! Je vais non seulement signer, mais en faire signer plusieurs avec moi! (Éliane Basque)

J’aimerais tellement que cette pétition puisse avoir de l’effet. Peut-être que Charest aurait un bel avenir en tant que clown et satisferait plus de gens ainsi. Ses promesses seraient prises à la blague et ne rendraient personne malheureux s’il ne les tenait pas. (Karine Dupuis)