Michèle Richard et la télé-réalité : « J’ai peur pour eux! »
Découverte de l’année en 1963, MICHÈLE RICHARD fut peut-être la première véritable Star du Québec, dans tous les sens du terme. Quarante ans plus tard, ce personnage unique dans l’univers du showbiz québécois fait l’objet d’un reality-show. Pourtant, la star déteste la télé-réalité, alors… Dernier retour avec la principale intéressée sur une année cathodique polluée par la vie des gens pauvres qui veulent devenir célèbres…
Présentée comme "l’événement télévisuel de l’année", l’émission nous propose de suivre la Star pas à pas, d’être les témoins de ses "joies, moments de solitude et de doute". De sa salle de bain au tribunal, en passant par son salon et le décès de son vieux clébard. Un événement, certes. Et qui n’a rien à voir avec les émissions de télé-réalité vues au cours des derniers mois, affirme Mme Richard. C’est que pour elle, une fois encore, on a innové. Elle est devenue la première artiste québécoise à être l’objet d’une telle expérience. "Pour mon producteur, ce projet est un documentaire vivant, c’est très différent. Selon lui et le gouvernement, l’émission offre de l’information sur une personnalité, sur sa vie personnelle. Voilà pourquoi cela devient un documentaire, parce que c’est de l’information. Dans un show de télé-réalité, on prend des gens ordinaires et on les sort de leur contexte pour les amener vivre des choses qu’ils n’ont jamais vécues. Moi, on ne me sort pas de mon contexte! Ce sont les caméras et une équipe qui viennent me rejoindre chez moi; c’est une très grande nuance. Moi, je continue à vivre, je n’ai rien changé à mon rythme de vie, mes extravagances, mes goûts, mes passions, mes excès. Mon chien serait mort quand même à l’âge de 13 ans et j’aurais divorcé de la même manière", lâche-t-elle avec conviction.
N’empêche, Mme Richard confesse avoir hésité longuement avant d’accepter d’entreprendre cette singulière aventure. Ce n’est qu’au bout de longs mois d’hésitations et de déchirements qu’elle a fini par se lancer. "Ç’a été dur pour moi d’accepter de faire ce show. Ce fut un tour de force dans mon cas d’être capable d’évoluer avec un peu de sérénité. Ce fut pour moi toute une acceptation. Avec ce show, on m’a tout enlevé. Ma vraie nature et le kick que j’ai de faire ce métier, d’être meilleure et me préparer. Les shots de caméra, je ne les contrôle pas, parce que je ne contrôle rien dans ce show-là. Je n’ai jamais eu de scénario, de décor ou d’éclairage fignolé. Je n’ai jamais eu de coiffeur qui courait derrière moi, alors que j’aime les choses bien finies, les répétitions."
L’attitude et le pouvoir de conviction du producteur auront fait pencher la balance. "Au début, j’ai dit "Non, je ne veux pas". Mais j’ai senti tellement d’élégance, de respect et de conviction de la part de mon producteur, qui croyait tellement au projet! Sa magie est d’avoir mis autour de moi plein de gens qui étaient à la hauteur, des professionnels, respectueux et passionnés, comme moi. J’ai finalement dit oui."
Si, au départ, elle a trouvé cela difficile de laisser les gens entrer dans son intimité, la Star soutient avoir appris à vivre ainsi. Aujourd’hui, loin de considérer comme indécent l’étalage public de ses problèmes matrimoniaux ou de la mort de son chien, elle admet n’avoir plus rien à cacher. "Car j’ai senti que dans les moments très intimes, il y aurait beaucoup de respect. Aujourd’hui, je me sens blindée. Dans mon quotidien, il n’y a pas de préparation. J’ai appris à vivre avec ça."
Celle qui reconnaît du même souffle avoir "des points de vue très arrêtés sur le show-business" trouve, à l’inverse, fort dommage le traitement qu’on réserve aux participants des shows de télé-réalité, ceux de Star Académie avant tout, ces jeunes "lancés en orbite" dans l’univers du show-business sans trop de préparation. "Je trouve ça dur pour eux de les voir faire ce genre de performances artistiques. Parce que laissez-moi vous dire qu’ils n’ont aucune chance de pouvoir s’adapter ou de s’impliquer en douceur, d’apprendre à vivre avec ça. J’ai peur pour eux." Quant à Loft Story et autres émissions du même acabit, elles ne trouvent guère davantage grâce à ses yeux. "Je suis contre ça. Je trouve ça plate pour tuer. De toute façon, je ne regarde pas la télévision, sauf les informations internationales. Moi, je fais de la télévision, je ne la regarde pas!"
"Bon, eh bien je vous sens bien gavé, comme si vous aviez reçu un coup de massue sur la tête!" lance la Star en terminant. Sans aucun doute.