Société

États généraux des communautés LGBT : Lutte à finir

Pour souligner les progrès réalisés au cours des dernières années et faire le point sur les défis à relever, les communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres tiendront des États généraux les 3 et 4 septembre prochains à Québec. Si d’importants gains ont été faits depuis cinq ans sur le plan de l’égalité juridique, l’atteinte de l’égalité sociale reste le grand défi, selon les leaders de la communauté.

En 1994, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse déposait le rapport De l’illégalité à l’égalité sur la discrimination et la violence subies par les gais et les lesbiennes. Depuis, beaucoup de chemin a été parcouru, reconnaît Claude Côté de la Table de concertation des lesbiennes et des gais du Québec. En 1999, le gouvernement du Québec reconnaissait les conjoints de même sexe et il instituait l’Union civile en 2002. Dans le monde du travail, les communautés gaies et lesbiennes se voyaient attribuer des avantages, réservés jusque-là aux couples hétérosexuels, en matière de régime d’assurances, de pensions et de congés pour des raisons familiales ou parentales.

"Il y a eu une grande révolution sur le plan des mentalités depuis cinq ans. L’Union civile est passée à l’unanimité à l’Assemblée nationale. Et même si les bureaux des députés étaient inondés d’appels négatifs de citoyens, il n’y a pas eu de manifestation devant l’Assemblée nationale. C’est devenu politiquement incorrect d’être homophobe. C’est un gain immense, mais l’homophobie demeure et elle est beaucoup plus sournoise, avertit M. Côté. Cette année, les gais et lesbiennes accueilleront dans leurs rangs les personnes bisexuelles et transgenres, une première qui souligne l’ouverture de la communauté, ajoute-t-il. On doit ainsi dorénavant parler des communautés LGBT, c’est-à-dire lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres."

"Les milieux du travail, de la santé et de l’éducation sont particulièrement préoccupants", précise M. Côté. En milieu de travail, la discrimination est toujours présente chez des employeurs et des congédiements abusifs seraient encore signalés. Chez les plus jeunes, c’est l’école qui constitue un environnement parfois hostile pour les homosexuels. "Il n’y a plus un professeur qui va tolérer les remarques désobligeantes contre une personne juive, noire ou handicapée. Mais une joke sur les tapettes, ça passe encore", observe M. Côté, qui déplore la disparition des cours d’éducation sexuelle à l’école. Les gais, les lesbiennes ou les transgenres ne seraient pas toujours traités avec équité et respect par les professionnels de la santé. Des efforts devront aussi être faits pour corriger cette situation. "On a atteint l’égalité juridique et maintenant on veut atteindre l’égalité sociale. C’est un contrat beaucoup plus gros. Convaincre des politiciens, ce n’est pas facile, mais ça l’est plus que convaincre la population en général, parce que l’auditoire est beaucoup plus petit…" poursuit M. Côté.

"La décision de tenir la rencontre à Québec est fondée en partie sur le fait que l’enjeu de l’égalité sociale se pose avec moins d’acuité à Montréal, où les communautés LGBT sont plus vivantes qu’ailleurs au Québec, affirme M. Côté. On veut dire aux gens qu’ils peuvent rester en région et qu’ils n’ont pas à se déraciner. Il faut mettre en place des conditions gagnantes pour que dans les régions les jeunes puissent vivre leur vie et soient acceptés par leurs parents et leur entourage."

Les actes du colloque seront publiés et alimenteront les travaux d’un groupe de travail mixte sur l’homophobie et l’hétérosexisme mis en place par le gouvernement du Québec. "Ce qu’il faut absolument, c’est une politique gouvernementale sur l’homophobie", conclut M. Côté.

Les 3 et 4 septembre
Hôtel Holiday Inn Select Centre-ville395, rue de la Couronne, Québecwww.etatsgeneraux2004.org