Société

Ennemi public #1 : Les chiffres ont une âme

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En millions de dollars, c’est la somme qu’engrangerait le gouvernement québécois en exploitant les joueurs compulsifs qui délitent leur vie et leurs épargnes dans les vidéopokers.

Samedi matin, en lisant les résultats de l’étude réalisée par un chercheur montréalais, je me suis écrasé le visage dans les pages du journal. Atterré. 8,3 % des amateurs de vidéopoker seraient dépendants du jeu, et à eux seuls, ils représenteraient 59,1 % des revenus amassés par Loto-Québec avec cette pompe à fric.

Je vous entends déjà me dire: voui, mais Monsieur le chroniqueur, si Loto-Québec ne s’occupait pas de ces machines, ce serait le crime organisé qui en profiterait.

Pourquoi ne pas nous lancer dans la vente de drogue, alors? Tant qu’à y être, le gouvernement pourrait tout aussi bien reprendre cette lucrative entreprise, non? Il y a le Code criminel qui l’en empêche, direz-vous.

Vrai. Mais moralement, n’est-ce pas exactement la même chose? Profiter des plus faibles. Les attirer en faisant miroiter l’improbable, multiplier les points de "vente", diversifier les produits.

On ne parle plus de revenus additionnels pour l’État, ni d’allègement du fardeau fiscal. Ce dont il est question ici, c’est de prédation.

Parlant de drogue, connaissez-vous la différence entre la gimmick des vidéopokers et un pusher qui donne quelques joints aux enfants dans les cours d’école pour les rendre "accros"?

La différence, c’est que des revendeurs qui donnent de la drogue, c’est à la limite de la légende urbaine. Sinon de rares exceptions. Alors que les millions amassés en ruinant la vie des plus faibles que le gouvernement est censé protéger, eux, sont bien réels.

La différence, c’est que les joueurs compulsifs qui se tournent vers le crime organisé pour emprunter de l’argent, ça non plus, ce n’est pas de la fiction. C’est vrai. Ça se produit tous les jours et nous l’encourageons. Tacitement ou pas.

Aussi, ces statistiques alarmantes de vies ruinées par le jeu, même divisées par deux ou par trois pour faire plaisir aux sceptiques, seraient encore une insulte de la part d’un gouvernement qui prouve ici qu’il est parfaitement inhumain.

Car ces chiffres, ce sont des gens. Pas des poissons rouges. Ces chiffres ont une âme, crisse!

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78,9

C’est le pourcentage d’étudiants en sciences de l’éducation à l’Université Laval ayant échoué au test de français cette année.

Ouch! Ça fait mal, non?

Le résultat est pire encore que celui de l’an dernier qui, lui, était déjà une catastrophe.

Alors on parle de quoi, là? D’un massacre?

À ce problème, je n’ai même plus envie de chercher de coupables. Je ne suis pas en colère, je suis seulement déçu. Découragé.

Reste que là encore, il est question d’âme. La langue, c’est l’âme d’un peuple, non?

Pas étonnant que la grande mode, de nos jours, soit de se la faire percer.

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3

Pour le troisième album de Fred Fortin, que j’attendais impatiemment.

Et je n’ai pas été déçu. Bien meilleur que son précédent, Planter le décor m’a prouvé une fois de plus que Fortin est la voix de ma génération. Ou sinon, une extension de ma propre voix.

Il y a autre chose que l’humour salace dans ses chansons: il y a une part de vérité à laquelle il touche, libéré de la pudeur qui nous empêche généralement d’exprimer l’horreur ou le bonheur du monde au quotidien.

Il y a ce gars, adorable, tellement ordinaire, chaleureux, imparfait, mais capable de cristalliser des parcelles de vie pour en faire des chansons.

Des chansons qui sont autant de miroirs. Où je vois mon propre désarroi, les mêmes peurs, les mêmes envies et les mêmes coups durs.

Et souvent, les mêmes intentions.

D’ailleurs, son nouvel album s’ouvre sur une pièce que j’aurais voulu écrire: Mélan. C’est une superbe chanson d’amour, une toune où il remercie sa blonde de lui avoir sauvé la vie. De l’avoir gardé sur le bon chemin, d’avoir servi de GPS à son existence dissolue.

Je me répète, j’aurais voulu l’écrire, cette chanson. J’aurais voulu dire, moi aussi, et avec plus de poésie: merci mon amour. Avant, j’étais perdu. Maintenant, je m’ai retrouvé. Et c’est en grande partie grâce à toi.

Le saviez-vous? Les boussoles peuvent avoir un cœur, une âme magnifique, et parfois des seins aussi. Ce qui n’est pas négligeable non plus.

S’cusez-la.

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1

Pour la grossière erreur de français dans la section précédente de cette chronique et que j’ai laissée là pour l’effet de style, mais aussi à titre didactique, à l’intention des étudiants en sciences de l’éducation.

Le premier d’entre eux qui la trouve, je lui envoie l’adresse d’un site Internet qui propose des diplômes factices pour beaucoup moins cher qu’une session à l’université.

Bonne chance.