Intervenants en centre d'aide : Être à l'écoute
Société

Intervenants en centre d’aide : Être à l’écoute

Comment rassurer une personne qui jure vouloir mettre fin à ses jours? Que dire à un homme en détresse qui prend conscience de ses graves problèmes de jeu? Avant de parler, il faut savoir écouter. Incursion dans le monde des intervenants en gestion de  crise.

SOS Suicide Jeunesse a été créé pour les jeunes âgés de 12 à 25 ans, mais personne ne se verra refuser de l’aide s’il contacte le centre, assure Danielle Gauthier. "Nos intervenants sont formés pour désamorcer une crise suicidaire. Au départ, on laisse parler la personne pour qu’elle extériorise sa souffrance. Quand la pression diminue, on tente de la rassurer, puis on lui pose des questions afin d’essayer de comprendre ce qui l’a amenée là où elle est rendue. Il arrive que l’on fasse avec elle une promesse de non-suicide. Si la personne a déjà posé le geste, il faut l’amener à dire son nom et son adresse afin de lui envoyer de l’aide d’urgence."

Chez les jeunes, la consommation de drogue et les difficultés d’intégration sociale sont liées de près aux pensées suicidaires, selon Mme Gauthier. Chez les 25 à 40 ans, les pertes d’emploi ou les problèmes financiers sont souvent la source de tourments importants. "Mais c’est l’accumulation de facteurs qui déclenche les pensées suicidaires. Ces gens ont l’impression d’être des nuls." "Il faut avoir une grande capacité d’empathie pour faire ce travail tout en restant relativement détaché des problèmes des gens. Mais c’est valorisant parce que, souvent, les gens nous remercient par la suite d’avoir été là", poursuit-elle.

Le Centre Ubald-Villeneuve vient en aide aux personnes aux prises avec de graves problèmes de dépendance au jeu. "Il y a eu une prise de conscience sociale en 1999 avec les suicides dans le stationnement du Casino de Montréal. Il y en aurait encore une trentaine par année", dit Laurent Brisson.

Mais ce sont les appareils de loterie vidéo, présents dans de nombreux bars, qui font les plus grands ravages. "Lorsque les gens appellent, ça va mal et je n’ai pas à les convaincre. Je leur offre rapidement une rencontre où l’on parle de la place que le jeu semble avoir prise dans leur vie et des services d’aide existants. Après la rencontre, 95 % décident d’entreprendre notre programme."

"Les gens ont honte de s’être fait prendre par une machine et ils croient qu’ils ne sont pas intelligents. On leur explique que ce n’est pas une question d’intelligence, mais de réponse à un besoin qui n’est pas appropriée. Il faut savoir les écouter et être capable de stimuler la discussion en posant des questions ciblées pour que la personne s’entende parler de ses difficultés. Puis, on doit décoder ce qu’on nous dit, pour percevoir le besoin sous les problèmes de jeu, pour ensuite amener la personne à le reconnaître", ajoute M. Brisson.

Intervenante chez Viol Secours, Nicole Prévost précise que le centre reçoit rarement des appels de victimes d’agression récente. "La personne qui vient d’être victime d’une agression s’adresse souvent aux policiers qui, par la suite, nous contactent. On se rend alors auprès de la victime. Nous lui offrons du soutien psychologique et un examen médico-légal, ou médico-social quand elle ne veut pas porter plainte. Le but de notre intervention est d’effectuer une "dévictimisation", si on peut dire." L’organisme n’offre ses services qu’aux femmes seulement.

"La plupart du temps, les gens qui nous appellent sont en situation difficile, mais pas toujours en situation de crise. Nos bénévoles sont là pour les accompagner et les amener, par une écoute active, à plonger dans leur vécu pour y voir plus clair", indique Manon Fortin, intervenante chez Écoute Secours. La désinstitutionnalisation a fait en sorte que les appels de personnes souffrant de troubles mentaux ont bondi au cours des dernières années. "C’est un travail solitaire, difficile et exigeant. Il faut être bien avec soi-même, ne pas porter de jugement et être capable de démêler ce qui nous appartient de ce qui appartient aux autres."

SOS Suicide Jeunesse
684-0266 ou 1 800 595-5580

Écoute Secours
687-2220

Centre Ubald-Villeneuve
663-5008

Viol Secours
522-2120