Le rugby : Avancer en arrière
Dents pétées, gueules amochées, nez fracturés… Le rugby traîne toujours la mauvaise réputation d’un sport de brutes. C’est bien mal connaître cette activité où le fairplay et la camaraderie sont le plus souvent la norme, répliquent ses supporters.
"A barbarian sport played by gentlemen", disait la bourgeoisie anglaise au XIXe siècle. L’ancêtre du football américain a conservé l’image d’un sport violent où les blessures sont monnaie courante, reconnaît Bill McNeal, entraîneur de l’équipe féminine de rugby de l’Université Laval et pionnier de ce sport à Québec. "Mais à la différence du hockey ou du football, il est interdit de plaquer franchement un adversaire. La seule façon légale de le freiner est de l’immobiliser en l’entourant de ses bras."
"Le rugby est perçu comme un sport très dur, mais il y a moins de blessures qu’au football", dit pour sa part Jérôme Guimond, joueur de deuxième division du Club de rugby de Québec, qui regroupe trois équipes masculines et deux féminines. Depuis son apparition dans la région en 1988, le rugby gagne en popularité. Aujourd’hui, 14 écoles secondaires et 4 cégeps ont leur équipe.
Sport aux règlements complexes, le rugby oppose, l’une en face de l’autre, deux équipes de 15 joueurs sur un terrain aux dimensions comparables à celles d’un terrain de football. Le but du jeu est d’inscrire un essai en franchissant la ligne des buts adverses avec le ballon ovale, pour immédiatement l’aplatir au sol et récolter cinq points. S’ensuit une tentative de transformation valant deux points. Une équipe peut aussi enregistrer trois points à la suite d’un coup de pied tombé, ou drop kick, alors qu’un joueur en mouvement laisse tomber le ballon et le frappe au moment où il touche le sol pour le diriger au-dessus de la barre transversale. Une partie dure 80 minutes, divisée en deux mi-temps de 40 minutes.
Si les similitudes avec le football sont nombreuses, le rugby se distingue par la priorité qu’il donne au mouvement. Ainsi, si une faute commise est à l’avantage de celui qui en est la victime, l’arbitre laissera le jeu se poursuivre, évitant de briser le rythme. Une séquence de jeu peut durer jusqu’à trois minutes au rugby contre quelques secondes au football.
Autre particularité du sport: l’interdiction d’effectuer une passe avant. Au rugby, seules les passes arrière (ou à hauteur) sont acceptées, règlement qui a pour conséquence d’entraîner à la suite du porteur de ballon tous ses coéquipiers, et de créer un effet particulièrement spectaculaire lorsque se mettent en action les passes en vague. L’aspect collectif prend ici tout son sens, un joueur, même le plus doué à l’offensive, ne pouvant marquer sans aide. "Si un joueur est plaqué, il doit lâcher le ballon pour que le jeu continue. Celui qui l’a entraîné au sol aussi doit le lâcher", continue M. McNeal.
Mais rien ne caractérise peut-être si bien l’esprit de franche camaraderie qui règne au rugby que la traditionnelle troisième mi-temps, généralement disputée dans le pub le plus près, où les joueurs des deux équipes trinquent et chantent des chansons paillardes, question de faire tomber la pression.
Le Club de rugby de Québec doit amorcer sa saison à la mi-mai. Consultez son site Internet pour en savoir plus: www.rocq.qc.ca.