World Naked Bike Ride : Le banc dans les poils
Le 11 juin prochain des cyclistes nus de 54 villes de par le monde prendront part au deuxième World Naked Bike Ride. Toujours au programme, la participation de Montréal est encore mise en péril. Faut-il en rire?
La première édition du World Naked Bike Ride fut couronnée de succès l’an dernier alors que plusieurs centaines de cyclistes d’une trentaine de villes d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Océanie ont fait un pied de nez au conformisme ambiant en enfourchant leur vélo dans leur plus simple appareil et se sont lancés, en plein jour, à l’assaut des rues de leur cité pour une balade improvisée. Aucun incident fâcheux ne fut signalé et, dans la grande majorité des cas, les policiers se sont montrés tolérants à l’égard des nudistes sur deux roues, raconte depuis sa résidence de Vancouver Conrad Schmidt, pionnier de ce type de manifestation en Colombie-britannique. "Cependant, en février dernier à Auckland, en Nouvelle-Zélande, pour la première fois une personne fut arrêtée pour nudité. Mais les amis du gars se sont rendus nus en cour de justice pour soutenir leur ami, en guise de protestation!"
UN ACTE DE RÉSISTANCE
Les nudistes à vélo veulent dénoncer les périls que fait peser sur l’environnement et la santé humaine la surconsommation de pétrole, et, sur un autre plan, les dangers que représente pour les piétons et les cyclistes l’omniprésence de l’automobile en milieu urbain. D’où l’idée d’exposer aux yeux de tous le corps humain dans toute sa simplicité et sa fragilité, auquel on rend hommage par le fait même. "La nudité est aussi un signe de résistance contre les normes et les lois sociales trop rigides qui trop souvent nous étouffent. Le Naked Bike Ride se veut une belle occasion de briser certaines d’entre elles", ajoute M.Schmidt.
La balade d’une durée variable selon les villes s’effectue sans parcours préétabli. Les cyclistes pédalent au gré de leur désir et en toute liberté. "On ne fait que suivre la personne à l’avant qui indique la voie à suivre. Tous peuvent, à tour de rôle, prendre les devants."
Comment les gens dans la rue réagissent-ils? "Les réactions sont bonnes la plupart du temps. Les gens rient et applaudissent. Nous n’avons jamais eu de problème. À Vancouver nous en sommes à 11 balades en trois ou quatre ans."
LE CORPS À L’HONNEUR
Bien que le World Naked Bike Ride ait une couleur politique et engagée, comme en faisait foi le mot d’ordre des participants de la balade de Auckland plus tôt cette année qui suggéraient, eux, de "mettre un terme aux indécentes émissions des véhicules automobiles", les organisateurs misent beaucoup sur l’aspect festif et artistique de l’événement. Ainsi ils invitent les cyclistes à être créatifs, à décorer leur vélo ou encore à se peindre le corps, pour en faire l’objet de toutes les attentions.
Selon les villes et les pays, la participation respective des hommes et des femmes est variable, continue M.Schmidt. "Dans les pays où il y a des femmes qui organisent l’événement, la proportion de femmes participantes est d’environ 50 %. En contrepartie, quand ce ne sont que des hommes qui sont aux commandes, ceux-ci représentent 80 % des participants. Il est donc important d’avoir des femmes parmi les organisateurs."
À Saragosse, en Espagne, ils étaient plus de 400 l’an dernier a défier les règles de la bienséance, à Chicago 250, à Seattle 70 et à Londres, 58. Dans certaines villes participantes l’engouement fut par contre beaucoup plus mitigé. Ce fut le cas de Brisbane en Australie et de São Paulo où seulement huit personnes au total ont tenu le flambeau. Au pays, trois villes ont vu défiler les nudistes à vélo, soit Vancouver avec 84 participants, Toronto avec 54 et Victoria avec 20. Une vingtaine de courageux s’apprêtaient également à exposer leur anatomie dans les rues de Montréal en juin dernier quand la police a rapidement freiné leurs ardeurs. M. Schmidt comprend mal qu’une ville réputée pour sa mentalité libérale ait interdit la tenue d’un tel événement, empreint de pacifisme. "C’est dommage car Montréal a la réputation d’être une des villes les plus amusantes au monde. Les gens étaient prêts à partir mais la police a empêché le départ pour cause de nudité. Ce fut la seule ville dans le monde où cette cause fut invoquée. Pourquoi est-ce ainsi? C’est triste de constater à quel point les gens ont parfois plus peur de cyclistes nus que du réchauffement climatique. Même à Toronto et à Chicago, qui est une des villes les plus sévères en matière de nudité, la police a toléré la balade."
LEADER RECHERCHÉ
M. Schmidt lance un appel pour dénicher une personne voulant bien agir en tant qu’organisateur-coordonateur de l’événement qui doit avoir lieu à Montréal le 11 juin prochain, si la police le veut bien… "Nous avons besoin d’une personne dévouée. Une centaine de personnes se sont montrées intéressées à prendre part à la balade cette année, mais aucune ne veut prendre les commandes."
Les intéressés peuvent communiquer par courriel avec M. Schmidt à l’adresse suivante [email protected] ou par téléphone au (604) 537-2044. www.worldnakedbikeride.org/