"Du jamais vu!" D’entrée de jeu, Michel Gingras, directeur de la planification et du partenariat d’Emploi-Québec, est plus qu’enthousiaste. "Nous connaissons présentement une situation exceptionnelle tant du côté du taux d’emploi que du taux d’activité." Il faut dire que la région de la capitale compte 16 700 emplois de plus en juillet cet été qu’à pareille date l’an dernier. De ce nombre, plus de 12 000 sont des emplois à temps plein. "Cette tendance s’est amorcée l’an dernier. Au début, on était sceptiques, on lisait mois après mois les données de Statistique Canada qui annonçaient une forte hausse du nombre d’emplois. Les chiffres étaient tellement positifs… C’était une situation sans précédent. Puis, au fil des trimestres, la tendance s’est précisée: la situation de l’emploi dans la région est exceptionnellement favorable!"
Cette lecture positive est confirmée par tous les indicateurs disponibles. Seule ombre au tableau, le taux de chômage qui a légèrement augmenté pour se fixer à 6,6 % en juillet. En fait, cette augmentation ne traduit pas une perte d’emplois nette pour la région, mais plutôt l’accroissement de la population active. En clair, il y a plus d’emplois, mais il y a également plus de personnes qui travaillent ou qui se disent prêtes à travailler. En juillet 2004, la population active de la région était de 363 400 personnes, dont 344 500 occupaient un emploi. En juillet cet été, on compte une population active de 384 400 personnes, dont 357 000 occupent un emploi. Il y a donc plus d’emplois, mais aussi, un peu plus de chômeurs.
Selon Michel Gingras, plusieurs facteurs expliquent la hausse du taux d’activité. Parmi ces facteurs, au moins deux sont prépondérants. D’une part, il y a de moins en moins de personnes aptes à travailler qui bénéficient de l’aide sociale (ce nombre est passé de plus de 20 000 en 2001 à près de 11 000 cette année) et, d’autre part, le solde migratoire de Québec est positif – ce qui signifie que plus de gens viennent s’installer dans la région qu’il y en a qui la quittent.
Même enthousiasme à l’Université Laval. Micheline Grenier, directrice du Service de placement, reconnaît que c’est une situation exceptionnelle pour l’emploi, et ce, dans tous les secteurs. "Le marché de l’emploi a connu des années difficiles, mais si on se fie au nombre d’offres qui transitent par notre bureau, nous sommes entrés dans une très bonne période. En 2003-2004, c’est près de 14 000 offres d’emploi que nous avons affichées. Cette année, c’est plus de 16 000!" Ce qui frappe le plus Micheline Grenier, du moins pour les secteurs nécessitant un diplôme universitaire, c’est non seulement le nombre, mais la qualité des emplois offerts. "Le rythme d’introduction dans les entreprises est beaucoup plus rapide. Par exemple, un étudiant qui se dirige vers l’enseignement n’aura plus à attendre sept ou huit ans pour obtenir une permanence. Les départs à la retraite, entre autres, font qu’ils l’obtiendront en quelques années."
Côté tendances de l’emploi, Micheline Grenier pointe sans hésitation vers les services publics comme choix d’avenir. "L’éducation et les soins de santé seront sans aucun doute des secteurs très en demande pour les prochaines années. Mais la plupart des secteurs sont favorisés. Même les sciences humaines, qui ont connu des années difficiles, semblent vouloir redevenir en demande. Cependant, dans le cas du placement pour des universitaires, cette situation dépasse la région de Québec. La flexibilité et la mobilité sont des atouts importants quand vient le temps de chercher l’emploi qui convient. Plus l’étudiant est spécialisé, plus il sera appelé à quitter la région."
Pour Emploi-Québec, l’avenir dans la région appartient au secteur tertiaire. "Les services et le commerce de détail composent 85 % du total des emplois dans la région, explique Michel Gingras. D’ici 2008, on prévoit la création de 4000 emplois dans le commerce de détail et plus de 5000 emplois dans les services publics – notamment des postes d’infirmiers, d’aides aux bénéficiaires et de professeurs." Lorsqu’on lui demande quel sera le principal moteur derrière ces tendances – les départs à la retraite ou la vitalité économique -, le directeur d’Emploi-Québec demeure vague: "Nos indicateurs ne nous permettent malheureusement pas de déterminer les causes générant des emplois. Ce qu’on sait, par contre, c’est qu’il y a une tendance positive de création d’emplois qui s’est installée depuis quelques trimestres dans la région et qu’elle semble vouloir durer pour les prochaines années."