Université rurale québécoise : Le pont social
Le milieu rural sera étudié sous toutes ses coutures en septembre prochain, alors que la cinquième édition de l’Université rurale québécoise se tiendra dans la région de l’Outaouais.
Fondée sur le modèle de l’Université rurale européenne, qui existe depuis 1989, la première Université rurale québécoise (URQ) se tenait quant à elle en Abitibi-Témiscamingue en 1997 sous le thème Animer la ruralité. Depuis, l’événement biannuel d’envergure nationale et internationale a eu lieu au Bas-Saint-Laurent, sur la Côte-Nord et en Mauricie. La région de l’Outaouais a été choisie pour cette cinquième édition, qui réunira du 12 au 16 septembre quelque 250 décideurs, acteurs socioéconomiques, agents de développement, professeurs et autres chercheurs qui sont préoccupés par le développement du milieu rural. "C’est un happening, un lieu de rencontre et de partage de connaissances entre les gens de terrain et ceux du savoir, une occasion de parler des problématiques rurales. C’est un rassemblement éclaté en quelque sorte, puisque ce sont les participants qui se déplacent sur le territoire. C’est très particulier", explique avec beaucoup d’entrain Serge Gagnon, professeur à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et porte-parole de l’URQ 2005.
PRÉOCCUPATIONS
En septembre 2004, un comité d’orientation réunissait une quarantaine d’organismes et d’intervenants de la région, qui discutaient alors de la ruralité québécoise afin de faire ressortir les principaux enjeux propres à sa réalité actuelle. D’où la thématique de cette cinquième édition: Bâtir une solidarité rurale-urbaine. Serge Gagnon, qui est aussi membre du comité d’orientation, y prenait part activement: "Nous sommes conscients des tensions qui existent entre les milieux rural et urbain. La thématique envoie le message qu’il faut qu’on ait une approche plus territoriale, conjointe, qui tienne mieux compte des réalités des deux milieux", note-t-il.
Cette thématique prend tout son sens dans la région: "Gatineau ne se tourne pas beaucoup vers son arrière-pays, elle s’intéresse plutôt à l’autre côté de la rivière. La Vallée-de-la-Gatineau et les MRC de Pontiac et de Papineau sont parmi les régions rurales les plus pauvres au Québec. Elles regroupent autant d’habitants que la Gaspésie et pourtant, on ne parle jamais de l’Outaouais rural. Récemment, une usine de bois a fermé ses portes dans le Pontiac, mais on n’en parle jamais. Lorsque ça se passe en Gaspésie par contre, c’est autre chose! C’est assez pathétique de voir à quel point l’Outaouais rural n’existe pas dans la tête des gens, même dans celles des Gatinois. Alors, notre but, c’est un peu de donner un autre son de cloche, de montrer à quel point le monde rural est dynamique, de prouver qu’il a beaucoup à offrir. Cet objectif est d’ailleurs au cœur des missions de l’UQO", note le professeur.
OCCUPATIONS
Six grands thèmes ont été retenus pour traiter de ruralité, soit le développement économique, la gestion des territoires, l’identité et le patrimoine, les services publics, la gouvernance ainsi que le développement des compétences. Des ateliers-excursions se dérouleront sur l’ensemble du territoire rural de l’Outaouais, principalement autour des régions de Maniwaki et de la municipalité de Ripon. La programmation laisse aussi beaucoup de place aux activités culturelles et met les artistes de la région en valeur (les gens du Festival Images et Lieux, de L’Écho d’un peuple et d’autres musiciens de la région de Papineau).
Les problématiques de l’exode des jeunes, de la relève familiale dans les milieux agricoles, de l’exploitation et de la multifonctionnalité forestière, du développement résidentiel et de la mise en marché de produits ruraux sont entre autres au cœur des préoccupations.
Un atelier sur les questions de valorisation de l’identité du milieu sera donné par des membres de la communauté autochtone Anishinabe de Kitigan Zibi pour illustrer la façon dont ils ont pris leur développement en main tout en préservant leur patrimoine, leur culture et leurs traditions. Une collaboration avec l’Ontario a aussi été développée afin de traiter des problèmes de la francophonie et du patrimoine en milieu minoritaire, avec la participation du comté de Prescott-Russell. Un atelier-excursion portera sur les moyens mis en place pour attirer et retenir la main-d’œuvre spécialisée dans les domaines des services publics et des soins de santé, un peu comme l’a illustré le film La Grande Séduction.
De plus, un exercice de prospective sera mené pendant toute la durée de l’événement; les participants y seront amenés à réfléchir sur la question du Québec rural-urbain en 2050. "Contrairement à une planification stratégique, qui est très rigide, la prospective va s’appuyer sur l’imaginaire des gens, alors c’est basé sur le rêve. On fait appel à la créativité plutôt qu’à la logique très droite. […] On souhaite que les prochaines URQ assurent un suivi à ce niveau-là", ajoute le porte-parole.
L’événement se termine en beauté avec la conférence La motivation et la passion d’intervenir: comment alimenter la flamme, qui sera donnée par le comédien et entrepreneur en milieu rural Marcel Lebœuf. "On voulait finir sur une note optimiste et non pleurer sur notre sort, explique M. Gagnon. On nous a recommandé M. Lebœuf, qui a mis en place un prospère théâtre d’été à Kingsey Falls et qui a animé ce milieu-là d’une manière très importante. Il va donc nous raconter son histoire", assure-t-il.
Pour toute information supplémentaire sur cet événement, consultez l’adresse www.uqo.ca/urq2005. Les actes du colloque pourront être consultés environ un mois après l’événement sur ce même site.