Forage et dynamitage : Une formation sautée
Société

Forage et dynamitage : Une formation sautée

Le programme Forage et dynamitage du Centre de formation professionnelle 24-Juin permet aux étudiants d’acquérir une expérience sur le terrain, dans un environnement professionnel et sécuritaire.

Depuis l’avènement des effets spéciaux au cinéma et à la télévision, d’impressionnants engins et de spectaculaires explosions ont nourri l’imaginaire de milliers de petits garçons et, plus secrètement peut-être, de quelques fillettes. Toutefois, seulement quelques-uns d’entre eux auront l’occasion de piloter d’immenses foreuses et de manipuler de réels bâtons de dynamite. C’est le cas des étudiants en forage et dynamitage du Centre 24-Juin.

Chaque automne, sur une soixantaine de demandes d’admission, 18 candidats entament cette formation unique dans le sud du Québec, offerte à Sherbrooke depuis 1992. La majorité sont des hommes, mais le programme attire tout de même quelques femmes; environ une tous les deux ans. "Cette tendance se dessine depuis les cinq ou six dernières années. Avant cela, il y avait juste des gars", note la directrice adjointe du Pavillon du Vieux Sherbrooke du Centre 24-Juin, Julie Caron. Elle souligne qu’entre 13 et 18 étudiants par cohorte obtiennent leur diplôme, après 900 heures de cours théoriques et de travaux pratiques.

Les cours sont donnés à Ascot, sur le site de l’entreprise de construction routière SINTRA. Une roulotte comprend une salle de classe, des bureaux pour les professeurs et un lieu de repos. Ce contexte de "chantier-école" permet aux élèves d’acquérir une expérience pratique liée à leurs futures fonctions. Et le partenariat avec une entreprise privée réduit les coûts mirobolants liés à la formation. En échange de l’utilisation du site, les étudiants effectuent de la production de pierres pour la compagnie. "Ce n’est pas une formation facile. Ils sont toujours dehors, à des températures parfois très froides ou très chaudes. Les cours commencent à 7 h 30 le matin et se terminent vers 16 h." Ainsi, les aspirants foreurs et dynamiteurs doivent jouir d’une très bonne forme physique. Les autres qualités recherchées sont l’autonomie, la polyvalence et la capacité de concentration. "Il n’y a pas de place pour l’erreur…"

Le taux de placement des diplômés est excellent. "Ils se placent tous. Ils sont embauchés par des entrepreneurs en travaux publics ou en bâtiment, des industries minières et pétrolières et des entreprises en construction lourde." Si le Centre 24-Juin obtient l’aval du ministère de l’Éducation, le programme pourrait être bonifié. "Il y a place à l’innovation. Et peut-être même à l’implantation d’un deuxième groupe", avance Julie Caron. Emploi-Québec dresse cependant un portrait moins reluisant: le taux de chômage pour cette catégorie d’emploi était considéré comme élevé en 2003 et les besoins en main-d’œuvre seront modérés d’ici 2008. Par contre, le travail de boutefeu est bien rémunéré: le salaire annuel moyen des employés à temps plein était de 41 000 $ en 2000.

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Un peu plus haut…

Denis Grandmont a obtenu son diplôme d’études professionnelles en forage et dynamitage en 2004. Selon lui, les entreprises sont toujours à la recherche de travailleurs formés et qualifiés. "Les employeurs viennent nous chercher aussitôt que nous avons terminé notre cours. Cette formation intensive nous donne l’occasion d’en apprendre encore plus que ce qui est nécessaire. On surpasse ceux qui ont beaucoup d’expérience, mais qui ne l’ont jamais suivie." Denis Grandmont travaillait dans les carrières depuis huit ans lorsqu’il a décidé de retourner sur les bancs d’école. "J’étais rendu au top du salaire et je ne faisais qu’exécuter ce qu’on me demandait. J’avais envie de comprendre ce que je faisais." Aujourd’hui, il exerce son métier aux quatre coins du Québec. Son absence ne cause pas trop de soucis puisque sa copine sillonne les routes des États-Unis en tant que camionneuse. "Quand on se retrouve à la maison le week-end, on a plein de choses à se raconter!"