Étudiez vos menus
Porc à l’orange sur nid de riz ou burger au poulet full mayo? Salade jardinière et cubes de tofu ou pointe de pizz’ garnie? À la cafétéria scolaire, vous avez le choix. Pour le moment.
Maman-papa viennent à peine de cesser les mange-ton-brocoli et finis-ta-soupe que bientôt, c’est peut-être votre gouvernement qui prendra le relais. Déjà, les gouvernements du Québec et de l’Ontario ont pris position sur la malbouffe dans les établissements scolaires primaires et secondaires, sans pour autant agir légalement. Est-ce que la politique étendra ses tentacules jusqu’aux collèges et universités?
En attendant, on annonce ses stratégies. Au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, le ministre québécois Jean-Marc Fournier songe à taxer le fast-food, taxe qui serait réinvestie dans les infrastructures sportives de l’école. L’aspirant à la chefferie du Parti québécois Richard Legendre fait lui aussi de cette question l’un de ses chevaux de bataille. La semaine dernière, il déclarait: "Alors que la proportion d’obésité chez nos jeunes a triplé dans les 15 dernières années, il est important qu’on offre autre chose que des poutines et des hamburgers dans les cafétérias des écoles."
En Ontario, on assiste plutôt à une guerre à finir avec le contenu des distributeurs alimentaires qu’abritent les écoles élémentaires. Les statistiques que le gouvernement expose parlent d’elles-mêmes: la consommation de lait est près de 30 % inférieure dans les écoles qui vendent aussi des boissons gazeuses; près du quart des élèves de la sixième à la huitième année consomment des friandises tous les jours; etc.
Mais vous, c’est différent. Vous n’êtes plus des enfants. Avant le début des classes, vous avez fait le plein de bonnes intentions santé. Fini les assiettes de junk food à la cafétéria de l’école, terminé les repas à six ou sept dollars: vous ferez vous-même votre délicieux sandwich santé à faire rougir Montignac. Yeah, right…
C’est ainsi qu’à chaque jour scolaire, comme l’an dernier, vous reprendrez la file de la cafétéria où vous l’aviez laissée. "Il y a des menus du jour qui sont très bons pour la santé. Mais la majorité des étudiants se tournent vers la malbouffe", observe Marc-Hugo Louizaire, président de l’Association étudiante de la Cité collégiale. On peut, dans cet établissement, servir aux étudiants du véritable saumon… mais on y vendra surtout du fast-food. "La nourriture mexicaine et le comptoir Pizza Pizza, entre autres, fonctionnent assez bien", confirme Paul Grace, chef du service d’approvisionnement à la Cité collégiale, où le service alimentaire est assuré par Aramark, une entreprise privée.
Le choix du menu appartiendrait donc aux étudiants. Chaque année, un comité d’usagers y va de ses suggestions. "Les étudiants ont demandé une plus grande variété", soutient Paul Grace. Pour Marc-Hugo Louizaire, qui fait partie du comité d’usagers, nul doute que la variété est au menu. En dehors de la cafétéria, les étudiants peuvent se rabattre sur la cuisine française des Jardins de la Cité, un restaurant exploité par les étudiants du programme d’art culinaire, en plus des franchises Starbucks et Tim Hortons. "Mais les prix sont plus élevés que dans d’autres Tim Hortons!" s’objecte le président de l’Association étudiante. "C’est à vérifier, réplique M. Grace. C’est la franchise qui fixe ses prix." Autre chose qu’il faudra vérifier, et ça c’est une responsabilité étudiante, c’est si son alimentation est bien équilibrée. Bref, en ce début d’année scolaire, y a pas que les maths et le français, faut aussi étudier ses menus.