Questions de culture, 2e partie
Société

Questions de culture, 2e partie

En réponse à la "Lettre aux aspirants à la mairie de Québec", les candidats Marc Bellemare et Claude Larose exposent leurs visions respectives quant à la place de la culture dans les politiques municipales.

La semaine dernière, Voir publiait une lettre ouverte intitulée Questions de culture. Dans cette lettre, plusieurs acteurs de l’économie culturelle de la région posaient cinq grandes questions aux candidats briguant la mairie de Québec. Politique culturelle, part du budget, revitalisation de Saint-Roch, diversification des industries culturelles et projet coup de cœur étaient les cinq thèmes abordés pour tenter de mieux connaître la future mairesse ou le futur maire.

Voir a repris les questions de cette lettre pour les poser aux candidats à la mairie. Cette semaine, Marc Bellemare et Claude Larose exposent leurs plans en matière de culture. La semaine prochaine, ce sera au tour d’Andrée Boucher et de Pierre-Michel Bouchard d’en faire autant.

MARC BELLEMARE: DÉSENGAGEMENT ET LEADERSHIP

Pour ce collectionneur d’art visuel féru de Betty Goodwin, la culture est un enjeu majeur dans la région. D’entrée de jeu, il souligne les réussites du maire L’Allier: "Il a beaucoup fait pour les arts et la culture. On reconnaît son héritage et l’on veut poursuivre dans le même sens. Mais il ne faut pas oublier que ses politiques, notamment en urbanisme, ont coûté très cher à la Ville. Avec une dette accumulée de 1,2 milliard, 27 % du budget de la Ville est consacré au service de la dette. Il faut faire les constats budgétaires qui s’imposent et gérer en fonction des priorités."

Le chef de Vision Québec hésite donc à s’engager à maintenir la politique culturelle adoptée récemment par le conseil municipal. Aussi, il n’est pas certain de pouvoir maintenir le budget de près de 30 millions alloué à la culture, même si on lui rappelle qu’il génère près de 16 000 emplois dans la région. "Comme je le disais, la situation financière de la Ville est très préoccupante. La première étape sera d’engager un vérificateur financier indépendant pour tracer le portrait réel des finances de la Ville. Ensuite, on décidera de la part du budget qu’on attribuera aux arts et à la culture."

Pour Marc Bellemare, le maire doit jouer un rôle de leader afin d’intéresser les citoyens à l’offre culturelle et de développer la tradition du mécénat à Québec. "Il faut défaire la tradition en culture, qui veut que la Ville paie tout, tout le temps, explique Bellemare avec emphase. Il faut absolument que nos gens d’affaires croient que la culture est un moteur de développement économique, afin qu’ils s’engagent dans le soutien aux institutions culturelles."

Au sujet de la revitalisation de Saint-Roch, l’aspirant maire fait l’éloge des réalisations, mais critique les coûts du projet. "Il y a un bel équilibre qui a été atteint entre artistes, entreprises et commerces dans Saint-Roch. Mais il ne faut pas oublier que ça a coûté très cher. La suite du projet dépend donc des marges de manœuvre économiques de la Ville. Mais il est certain que c’est une avenue intéressante et que nous aimerions étendre cette action."

Pour l’avenir, Marc Bellemare considère prioritaire de doter Québec d’un centre de production audiovisuelle. D’une part, pour produire du contenu local et ainsi éviter la "montréalisation des ondes" et, d’autre part, pour donner une signature distinctive à la ville. "Il faut se doter d’un centre de création d’envergure pour produire du cinéma ou de la télévision. Il faut que Québec cesse d’être une destination sympathique où l’on va passer 2 ou 3 jours tous les 10 ans, pour devenir un endroit où l’on investit. Un tel centre nous permettrait d’attirer des tournages américains ou européens et de garder nos jeunes créateurs ici."

CLAUDE LAROSE: SOUTIEN ET CONSOLIDATION

Longtemps principal lieutenant du maire L’Allier, Claude Larose est désormais numéro un du RMQ. Il brigue la mairie muni d’une solide expérience de gestion municipale et de la volonté de poursuivre ce qui a été amorcé par son parti.

"Si nous avons adopté la politique culturelle, c’est pour la mettre en application, entame Claude Larose avec conviction. Pour ce qui est du budget, on vient tout juste d’augmenter d’un million le montant alloué aux subventions directes à la création et à la diffusion. On compte donc maintenir l’enveloppe totale et peut-être même la bonifier."

Le candidat parle sans détour des étapes à suivre en matière de revitalisation des quartiers par la culture. "Dans le cas de Saint-Roch, nous avons réussi à créer une belle synergie en attirant des entreprises culturelles, des écoles d’art et plus de 150 ateliers d’artistes. Notre véritable défi sera d’étendre notre action à d’autres secteurs de la ville. Ce qui importe, c’est qu’il y ait un centre de diffusion important dans chacun des arrondissements, et nous avons un plan précis pour y arriver."

Pour Claude Larose, l’industrie de la culture est florissante, mais elle a besoin de soutien. "On est rendus à se doter d’une stratégie de développement et de soutien aux entreprises culturelles, précise-t-il. Elles ont besoin d’appui, particulièrement de capital de risque, pour lancer de nouvelles initiatives. Mon objectif dans la prochaine année est de structurer avec le milieu le soutien nécessaire à la croissance de cette industrie."

Lorsqu’on lui demande si la Ville est trop interventionniste et si elle contrecarre ainsi le rôle du privé dans le développement de la culture, Larose est cinglant: "Le marché, dans tous les secteurs, n’est pas assez gros, et nous n’avons pas assez de capitaux dans la région pour que les industries se développent sans un soutien public." Cela dit, Larose entend également favoriser la tradition du mécénat et inciter les entreprises à s’engager davantage pour le soutien des projets culturels de la région.

Les deux projets que Larose tient le plus à développer sont l’agrandissement du Musée national des beaux-arts du Québec et la création d’un centre de diffusion pour les théâtres jeune public. "Ces deux projets me tiennent particulièrement à cœur, précise-t-il. Ils sont porteurs pour la région. Il faut surtout que l’on se rappelle que les investissements en culture ne sont pas des subventions données en pure perte, mais bien un soutien pour une industrie qui fait vivre plus de 15 000 personnes dans la région."

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Pour votre information, vous pouvez consulter nos dossiers sur le sujet:
Lettre aux aspirants à la mairie – 22 septembre 2005
Questions de culture, 2e partie – 29 septembre 2005
Questions de culture, 3e partie – 6 octobre 2005
Questions de culture, 4e partie – 13 octobre 2005