Pop Culture : Faire le point
Société

Pop Culture : Faire le point

Au premier coup d’œil, Trois-Rivières semble une ville parfaite, une ville sans problème apparent de pauvreté. Pourtant, l’organisme communautaire à but non lucratif Point de rue travaille activement auprès des individus en situation d’exclusion sociale, depuis 1993. S’il se consacrait exclusivement au travail de rue, il a élargi son éventail de services à partir du début des années 2000. Depuis, il invite les gens qui le fréquentent à réintégrer une vie sociale en s’impliquant dans le journal La Galère ou dans l’atelier Margi’Art. Question de maintenir l’organisation en vie, une activité-bénéfice est orchestrée le jeudi 6 octobre en collaboration avec Voir. Des personnalités connues issues des milieux économique, culturel, sportif et politique proposeront l’édition actuelle du journal contre une contribution volontaire.

Plus qu’une simple campagne de financement, cette activité a aussi un objectif de sensibilisation. "L’idée est de faire un pont entre la marge et le reste des gens, soutient Jean Lamarche de l’équipe de Point de rue. On veut aussi que les gens voient que c’est collectif, la rue. On dit souvent que la rue appartient à tout le monde. Mais ça veut dire des responsabilités. On est responsables du plus petit d’entre nous." Jean Beaulieu, leader du projet Margi’Art et camelot d’un jour, a rapidement compris ce principe. Depuis 2003, il accueille des jeunes de la rue dans son atelier et les initie à l’art du vitrail. Il produit avec eux des œuvres dignes de vrais professionnels. Une façon de faire rayonner leur potentiel et de montrer une image plus positive des marginaux. "Ça nous concerne tous. Ils sont dans la rue. Astheure, qu’est-ce qu’on en fait? On peut se virer de bord et se dire qu’ils mangent de la merde. Mais ce n’est pas ça qu’on veut. Au contraire, on veut se regrouper et faire vraiment changer les affaires. Si tout le monde se regroupait, il y a plein de problèmes qui se régleraient vite." Jean Lamarche renchérit: "C’est encore plus vrai dans une ville moyenne comme Trois-Rivières parce qu’on les connaît, les gens. C’est souvent un neveu, un voisin… C’est là qu’on voit que l’exclusion ne tient pas à grand-chose. Ça tient à une peine d’amour, à la perte d’un emploi ou à l’apparition soudaine d’une maladie mentale. Tsé, ça peut arriver à tout le monde, du surmenage…" En fait, personne ne décide de se retrouver dans la rue par simple plaisir. "Ça peut être par réaction, mais pas par choix. Tu ne peux pas choisir de ne pas manger, de dormir dehors. Tu peux le faire au nom de la liberté, mais, ce plaisir-là, c’est le voile du désespoir."