Société

Ennemi public #1 : L’école des femmes

Cent onze femmes appuient la candidature de Pauline Marois à la chefferie du PQ, mais affirment que cela n’a rien à voir avec le fait qu’elle est une femme. Ou si peu.

La preuve? Elles n’appuieraient pas Belinda Stronach, a fait valoir l’une d’entre elles, Hélène Pedneault, dans Le Devoir, avant de remettre ça sur le plateau de Tout le monde en parle dimanche dernier.

Cent onze femmes – des syndicalistes, des artistes, des féministes-activistes – appuient la candidature de Pauline Marois, mais sentent le besoin de défendre cet appui pas-juste-parce-que-c’est-une-femme, ajoutant que de tous les aspirants au plus prestigieux siège péquiste, c’est elle qui a le plus d’expérience, qui loge le plus à gauche.

Une question comme ça: si cela n’a rien – ou si peu – à voir avec son sexe, pourquoi, dans ce prestigieux bataillon de défenseures de Pauline Marois, n’y a-t-il pas un seul homme? Si ce sont principalement ses idées de gauche et son expérience qui les incitent à lui accorder leur vote, ces arguments ne devraient-ils pas séduire des hommes qui partagent les mêmes valeurs? Alors pourquoi ne pas les avoir inclus dans ce groupe sélect qui prend plutôt des airs de gynécée de l’élite québécoise?

Il y a bien un Facal ici, un Joron là, pour venir à la défense de Mme Marois, mais c’est en tant qu’électrons libres qu’ils se prononcent.

Cela laisse croire que, contrairement à ce qu’elles avancent, c’est surtout et avant tout PARCE QUE Pauline Marois est une femme qu’elles lui accordent leur appui. Elles constatent à nouveau que le Québec n’est pas encore parvenu à l’égalité des sexes et croient qu’un petit coup de pouce médiatique ne pourra qu’aider à faire élire la première cheftaine du PQ, et peut-être, qui sait, la première première ministre de l’histoire du Québec.

Cette erreur de jugement tient à ce que ces femmes comprennent mal la défaveur que connaît Pauline Marois dans les sondages, émettant, pour l’expliquer, une série d’hypothèses qui ne sont pas parfaitement erronées, mais qui passent à côté de l’essentiel.

Et la presse "féminine" de prendre le relais, de Lise Payette à Lysiane Gagnon. Cette dernière, de manière atrocement maladroite, tenant à rappeler que tous ces bijoux voyants que porte Mme Marois et qui lui donnent un air snob ne sont qu’un leurre, tel que le suggérerait n’importe quel styliste afin qu’une femme plutôt corpulente (sic) puisse détourner l’attention vers autre chose que sur ses rondeurs. Vraiment, n’importe quoi…

Avant de lever le drapeau du sexisme et du double standard, il faudrait voir que ce qui exaspère vraiment chez Marois, ce ne sont pas ses carrés de soie Hermès, ses ostentatoires breloques, ses airs de Castafiore stoïque, ni même sa tendance à pallier un manque de charisme par l’énumération nauséeuse de ses succès en tant que ministre de l’omnipotence.

Ce qui tanne, ce n’est pas non plus son côté batailleur ni son ambition à devenir première ministre en tant que telle, mais plutôt, l’impression qu’elle cherche à en faire un symbole. À devenir ce symbole, à construire sa propre légende. Et cela, au détriment de tout le reste s’il le faut.

Je vous rappelle qu’il s’agit là d’une impression. Une chose beaucoup plus vaporeuse que des mots, qu’un bilan ou qu’une déclaration, mais qui pèse souvent plus lourd que tout le reste en politique comme dans toute vie publique.

Aussi, ces 111 femmes qui sont venues lui offrir leur appui la semaine dernière ne se doutent pas à quel point elles ont desservi leur candidate.

Plutôt que de mettre en relief les indéniables qualités de Mme Marois, elles en auront fait une martyre, une victime du machisme politique, une icône dont elles ne comprennent pas l’impopularité.

Pire encore, en faisant d’elle la candidate "des femmes", elles ne sont parvenues qu’à galvaniser cette désagréable impression que pour Pauline Marois, le désir de faire avancer le Québec passe au second plan, derrière celui de figurer dans les livres d’histoire, et cela, non pas pour ses grandes réalisations, mais simplement pour ce qu’elle est.

Au fond, ce qu’on lui reproche, ce n’est pas, en tant que femme, d’avoir de l’ambition. Ce qui la rend antipathique, c’est qu’elle donne l’impression que ses ambitions personnelles passent avant celles du Québec.

ooo

Encore une histoire de femmes, mais dans un tout autre registre.

Avez-vous vu cette photo d’Anne-Marie Péladeau dans les bras de sa fille à la sortie du tribunal?

Il y a dans cette image une inversion des rôles tellement saisissante que la chose a presque l’air arrangée avec le gars des vues. Anne-Marie Péladeau, complètement à côté de ses pompes, au lendemain d’une arrestation spectaculaire, réconfortée par sa fille qui a l’air solide comme un roc, mais tendre comme… une mère.

En voyant cela, je me suis dit que cette femme a peut-être raté beaucoup de choses, peut-être même sa vie, mais elle peut se rassurer, au moins, elle n’a pas raté sa fille.