Société

Ennemi public #1 : Sale temps pour les poulets

Un masque de chirurgie, des gants en latex, une combinaison anti-bactériologique, une bulle de plastique oxygénée identique à celle de Michael Jackson, 2 pintes de son propre sang au frigo, 10 contenants de solution antiseptique de format club avec pompe distributrice, une caisse de Tamiflu et une copie plastifiée de La Peste.

Êtes-vous correctement équipés pour la pandémie de grippe aviaire de type H5N1? Ça s’en vient, paraît-il. Avez-vous la chienne? Votre club sandwich au poulet vous reste-t-il en travers de la gorge quand vous y pensez?

C’est un peu le running gag de l’ère médiatique moderne: faire peur au monde. Pour vendre de la copie, doit-on préciser, et non pas pour informer. Un running gag, et c’est de nous dont on se moque ici, surtout dans les grands médias prétendument sérieux qui, tout en regardant de haut ceux qui carburent au sang, sexe et scandale, tirent pourtant les mêmes sensibles ficelles de la fascination humaine pour les catastrophes. Il s’agit seulement de les replacer à l’échelle nationale ou mondiale pour les ennoblir, en quelque sorte, et hop, on sème la panique inutilement.

Pendant ce temps, on évitera de se préoccuper de la qualité de l’air qui, chez nous, risque de tuer bien plus de gens que la grippe aviaire au cours des prochaines années. Chez nous, dis-je? Regardons plutôt du côté de l’Asie où cette grippe fauchera vraiment, mais où pour chaque mort de ce flu, on pourrait aussi se demander combien on comptera de cancers et de maladies cardiopulmonaires mortelles dus à une pollution galopante. Dans ces pays en développement, l’inaliénable recherche du profit des entreprises s’accorde bien mal avec la santé des individus.

Qu’importe, les "faiseurs" de nouvelles qui renvoient les morts banales à la chronique nécrologique se sont trouvé une marotte qu’ils ne laisseront pas tomber avant l’été prochain. Le temps que reviennent les moustiques, et avec eux, le terrifiant virus du Nil occidental.

Cette dangereuse chose dont on ne calcule plus les ravages, puisqu’il n’y a, comme vous le savez peut-être, rien à compter.

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Des bouchons pour les oreilles, des tableaux de clowns peints par Muriel Millard, un best of d’Alice Cooper, une casquette de "La maudite banlieue", un livre de recettes de Jehane Benoît comme dictionnaire des figures de style et un jeu de cartes pour faire des patiences.

Êtes-vous correctement équipés pour quatre ans de règne d’Andrée Boucher? Ça s’en vient, paraît-il. Avez-vous la chienne? Votre enthousiasme à voir Marc Bellemare mordre la poussière vous reste-t-il en travers de la gorge quand vous y pensez?

C’est un peu le catch 22 de cette élection municipale qui prend des airs de film d’horreur. Genre Alien vs Predator. C’est ce que ça donne quand on choisit de combattre le mal par le mal.

Remarquez, c’est un peu la faute des deux partis "traditionnels" de Québec si nous en sommes rendus là. Deux partis dont les chefs se seront révélés pitoyablement inefficaces devant ces monstres.

D’abord un Claude Larose incapable de se dissocier de son prédécesseur devant des banlieusards se sentant floués au lendemain de fusions où les économies de taxes promises n’ont jamais été au rendez-vous, puis un Pierre-Michel Bouchard qui nous aura montré à quoi ressemble un chef de parti sans mordant, sans âme, sans substance.

Rien pour s’opposer efficacement au groupe Qualinet de la politique municipale dans toute sa splendeur populiste.

On a les politiciens que l’on mérite, dit le cynique dicton. Je veux bien. Mais quelqu’un peut-il seulement m’expliquer ce que nous avons pu faire d’aussi odieux pour avoir à souffrir ainsi pendant quatre ans?

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Si ça peut vous consoler, vous n’êtes pas les seuls à attendre patiemment la fin du monde. Et ceux qui redoutent le plus Andrée Boucher, ce sont encore les employés de la Ville, que la candidate promet de mettre au pas.

Parmi eux, les policiers sont sans doute les plus à plaindre. Elle leur construira peut-être une nouvelle centrale, mais ils ne sont pas dupes et se souviennent du grand ménage qu’avait fait l’ex et future mairesse à son arrivée en poste à Sainte-Foy. À leur place, j’aurais peur que, contrairement à l’Opération Scorpion, ça continusse…

D’autant que la dame promet une administration en santé, et cela, alors que sévit la campagne de peur concernant la grippe aviaire dont je vous parlais plus haut.

Vraiment, sale temps pour les poulets.