Le géocaching : La quête
Si vous surprenez un type muni d’une lampe de poche en train de fouiner aux abords d’une poubelle publique à la tombée de la nuit, ou qui pousse un grand cri de joie en sortant d’un buisson, n’ayez crainte: ce n’est sans doute ni un taré, ni un trafiquant de drogue, mais simplement un géocacheur!
Apparu en mai 2000 aux États-Unis, le géocaching est un jeu d’aventure et de découverte destiné aux utilisateurs de récepteurs GPS (pour Global Positioning System), un appareil captant les signaux des satellites et qui permet de connaître sa position sur terre à quelques mètres près. Véritable chasse au trésor high-tech, le géocaching consiste à créer et à découvrir des "caches" conçues par d’autres utilisateurs ou géocacheurs.
Généralement constituées de contenants de plastique résistants aux intempéries, les caches renferment un carnet de bord dans lequel figurent les renseignements d’usage sur le site ainsi que quelques objets. Celui qui découvre une cache est invité à en signer le registre. Il peut aussi se récompenser en prenant un objet s’y trouvant. La règle veut qu’il place en contrepartie une petite surprise à l’attention du prochain géocacheur. Échange de bons procédés.
Les plus chanceux pourront mettre la main sur un 5 $, ou encore de vieilles cassettes de Bryan Adams ou de Beau Dommage. Voilà pour les gros trésors. Mais règle générale, ce sont des objets sans valeur ou des babioles qui sont placés dans les caches. Quand ce n’est pas des billets Canadian Tire! Vous aurez compris que le but du géocaching n’est pas d’accumuler les richesses, mais d’avoir du plaisir, de faire des découvertes et de prendre l’air, explique Mario Labelle, alias misouris, webmestre du site www.quebecgps.com, un site d’information pour les géocacheurs du Québec, en ligne depuis septembre 2003. "On appelle ça la chasse au trésor du XXIe siècle parce qu’on se sert des satellites pour trouver des plats de plastique à 50 cents! La récompense, c’est simplement de découvrir ce que l’on cherche. C’est comme si on redevenait enfant. Il n’y a pas de prix important à gagner, pas de compétition, et pourtant, c’est une activité de plus en plus populaire. J’ai initié des médecins, des chefs d’entreprises. La plupart des gens aiment ça comme des fous!"
MERCI BILL CLINTON
La communauté des géocacheurs doit beaucoup à l’ex-président Clinton. Ne rigolez pas. Longtemps réservés à l’usage militaire et stratégique, les signaux satellitaires sous contrôle états-unien furent rendus pleinement accessibles au grand public le 1er mai 2000 à la suite d’une décision du président désireux d’assurer, disait-il, la sécurité dans les transports et d’étendre au domaine civil l’usage des signaux satellitaires. Deux jours plus tard, le 3 mai, David Ulmer, un résident de l’Oregon, créait une première cache. Le géocaching était né.
Depuis, cette activité en apparence anodine connaît une popularité surprenante. On dénombrait dernièrement 214 569 caches dans 218 pays! Et les adeptes du géocaching se comptent par milliers.
Le Québec n’échappe pas à la vague. Friand de champignons sauvages, M. Labelle s’est procuré un GPS il y a deux ans pour en repérer plus facilement l’emplacement. Voulant maximiser l’utilisation de son nouveau gadget une fois la saison terminée, il découvre le géocaching. Il admet être un véritable mordu depuis. Au point d’en oublier deux rendez-vous téléphoniques avec le journaliste, ce qui lui aura permis de faire quatre nouvelles découvertes! "C’est fou les parcs qu’on peut découvrir. Et moi qui pensais connaître Montréal! Mais il y en a des plus mordus que moi: certains ont découvert 300 caches en moins de trois mois."
NI DROGUE, NI ALCOOL!
"On peut aussi voir cette activité comme une forme de troc, renchérit M. Labelle. Si on trouve un disque compact par exemple, on essaie de laisser dans la cache un objet qui a une certaine valeur."
Au fond, il suffit de laisser aller son imagination afin de surprendre les autres géocacheurs. Mais il y a des limites. Sur le site www.quebecgps.com, on demande aux adeptes de ne pas placer de nourriture ou d’explosifs (!?) dans les caches et de ne pas se livrer au trafic de drogue ou d’alcool… "Quand on a découvert une cache, on doit remplir le journal de bord et retourner sur le site geocashing.com pour enregistrer sa visite. Toutes les caches doivent être approuvées par les gestionnaires du site", continue M. Labelle.
Stéphane Robillard, alias marmacette, est un autre fana de la région de Québec. "J’ai découvert l’activité en août l’an dernier. Je venais de perdre mon emploi et je me cherchais des activités. Ça m’a pris trois heures de recherche dans la neige pour trouver ma première cache. J’ai vraiment tripé."
À Québec, le géocaching connaît un engouement certain, poursuit M. Robillard, qui dit avoir créé plus de 30 caches. "Les caches poussent comme des champignons dans la région. On en trouve partout. Dans des sapins, dans de petits monuments… Les gens peuvent placer un trésor à peu près n’importe où. C’est devenu une mode de placer un gratteux! De mon côté, j’essaie de placer mes caches dans des lieux historiques de Québec pour faire découvrir aux gens des endroits moins connus. Personnellement, j’ai plus de fun à cacher des choses qu’à en trouver."
DEVENIR MEMBRE
Pour devenir adepte du géocaching, on doit en premier lieu se procurer un GPS, dont le coût oscille entre 150 $ et 1000 $. Ensuite, il faut se rendre sur le site www.geocaching.com afin de devenir membre; l’inscription est gratuite. Une fois cette étape complétée, on a simplement à entrer sur le site le code postal de sa résidence afin d’avoir de l’information sur les caches environnantes. "Au départ, on détermine un secteur de recherche. Puis avec les coordonnées, par exemple, 46 49.013 degrés de latitude Nord et 071 12.218 degrés de longitude Ouest, on part à l’aventure. Selon les conditions climatiques, la précision du GPS varie. Ainsi, le géocacheur doit faire preuve d’imagination à l’approche de la cache", explique M. Labelle.
La plupart du temps, l’appareil émet un signal sonore dans un rayon de 10 à 15 mètres d’une cache. "Le GPS nous tient par la main jusqu’aux environs du trésor. Par la suite, on doit se débrouiller. Ce n’est pas si facile. On doit fouiller. Si la cache se trouve dans un tronc d’arbre, ça peut être difficile. Si elle est dans un lieu public, on doit être discret, ajoute M. Robillard. C’est un très beau prétexte pour prendre l’air et découvrir de nouveaux coins. Je connais un monsieur de Laval qui ne faisait rien, puis qui a perdu 50 livres depuis un an grâce à cette activité. On fait aussi de nouvelles connaissances. Quand quelqu’un trouve une de mes caches, je reçois des commentaires d’appréciation sur le site."
Selon M. Labelle, il y aurait plus de 1000 géocacheurs au Québec. Des gens de tout âge. Le géocaching est souvent pratiqué en famille et 40 % des adeptes sont des femmes. De 150 caches il y a deux ans au Québec, le nombre est passé à 1800. Périodiquement, les membres se rencontrent lors de soupers afin de bavarder, de se donner des conseils, de faire connaissance et surtout de mettre un visage sur les pseudonymes!
Certains en sont presque devenus dépendants. "Ma blonde est découragée parce que je ne lui parle que de ça ou presque!" conclut M. Robillard.
Pour plus d’info:
www.geocaching.com
www.quebecgps.com