Décorations de Noël gonflables : Soufflé de bonheur
Société

Décorations de Noël gonflables : Soufflé de bonheur

La saison des décorations de Noël gonflables bat son plein. De toutes les formes et de toutes les grosseurs, leur nombre a crû suffisamment pour devenir un véritable phénomène. Autopsie d’une tendance de Noël.

L’image n’est pas sans rappeler la banlieue aseptisée et pastelle présentée par Tim Burton dans Edward Scissorhands. Dès que l’hiver se montre, d’immenses sculptures de nylon personnifiant les mythes de Noël apparaissent sur les pelouses des voisins. Pères Noël, bonhommes de neige et autres lutins gonflés par de petits ventilateurs au son strident s’ancrent sur nos terrains pour annoncer à tous ceux qui l’ignoreraient encore que Noël approche à grands pas.

Sorties tout droit de l’esprit tordu des designers chargés des choses inutiles, ces décorations gonflables ont tout pour vous faire détester Noël. Elles sont grosses, elles sont moches, elles font du bruit et elles dépensent de l’énergie. Pourtant, de plus en plus de gens les apprécient et se les procurent. Voir plonge au cœur du vide pour comprendre ce qui motive ceux qui les exposent.

Malgré son côté déroutant, de nombreux citoyens se laissent convaincre par cette mode. "Depuis des années, raconte Robert Tremblay de Sainte-Foy, j’installe des lumières pour le temps des Fêtes. Depuis trois ans, j’ai un Père Noël gonflé. Cette année, j’ai acheté un ours polaire illuminé en plus. En novembre, quand la nuit arrive à quatre heure du soir, je trouve que ça met de l’ambiance!" Et il n’est pas le seul. Simplement dans sa rue, six autres maisons optent désormais pour ce genre de décorations. "J’ai été le premier de la rue, confie-t-il sans masquer sa fierté, mais je trouve ça bien que les autres fassent comme moi. Plus il va y en avoir, plus ça va être magique."

Son souhait est en train de se réaliser puisque la tendance des ventes est à la hausse. C’est du moins ce que confirme Chantal, une associée dans une des grandes quincailleries-entrepôts, rencontrée alors que Voir cherchait à se renseigner sur les nouvelles tendances dans l’univers du bidule gonflable. "Tu vois, on n’est pas encore en décembre et tout mon stock est pratiquement vendu", relate Chantal. En effet, force est de constater que des quatre modèles proposés, il ne reste plus que le démonstrateur d’une immense sphère de plastique translucide qui simule une tempête de neige. "C’est une nouveauté cette année, raconte-t-elle en pointant la sphère de plastique. On en a vendu plusieurs dizaines en un mois."

Même constat dans une autre grande quincaillerie. "Chaque année, c’est la folie quand on les sort, relate Louis Gagnon, un vendeur expérimenté. C’est vrai que ce n’est pas pour toutes les clientèles, mais ceux qui aiment ça en sont pratiquement maniaques. Juste après l’Halloween, on sort les décorations de Noël. Les passionnés sont là dès les premiers jours pour voir ce qu’on a comme nouveautés. Je pense qu’il y a même des collectionneurs."

Côté budget, les prix peuvent osciller entre 40 $ et 150 $. Ces prix comprennent le sac de nylon en forme de personnage et le compresseur pour maintenir la sculpture gonflée. Les tailles peuvent quant à elles varier entre trois et huit pieds de haut.

Ces figures gonflables ne font pas que des heureux. Pourtant, quand on en parle à Robert Tremblay, il ne semble pas trop touché par les critiques: "Quelques personnes m’ont fait savoir qu’elles trouvaient ça kétaine. Mais je pense que c’est du snobisme. Elles boudent leur plaisir juste pour paraître mieux que les autres!"

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le phénomène n’est pas exclusif aux banlieues. En marchant dans Montcalm, Limoilou ou Saint-Sacrement, on constate en effet que ces bonhommes gonflés ont fait leur chemin dans tous les arrondissements de la ville.

Claire Gagné est une urbaine fière de ses décorations. Quand on lui fait remarquer que c’est un phénomène de banlieue, elle est sans pitié: "Ceux qui n’aiment pas ça me font bien rire, tranche-t-elle. Demandez aux enfants ce qu’ils en pensent. Ce sont eux qui comptent vraiment. Ils n’ont pas de notion de ce qui est in ou out. Ils sont émerveillés par ces gros bonhommes de neige qui semblent flotter dans le vent. En fait, je trouve bien tristes tous ceux qui ont perdu leur regard d’enfant."

Lumière, magie et enfance semblent donc être les clés derrière le mystère des bonhommes gonflables. Pour ceux qui ne peuvent toujours pas apprécier, consolons-nous, la saison ne dure qu’un mois!