Marc Labrèche : Amuseur public
Société

Marc Labrèche : Amuseur public

Cet hiver, Marc Labrèche déballe son Fric show à Radio-Canada. Regard tordu sur les travers de notre société de consommation. Le burlesque comme outil de conscientisation.

Un décor piqué aux années Barnum. Un animateur à l’humour singulier. Un nain, une contorsionniste, des phénomènes de foire. Des parodies de publicités, des gags, des bouts baveux. Chaque jeudi à 21 h 30, dès le 5 janvier, Marc Labrèche visitera les recoins étranges de notre portefeuille. Approchez, approchez! C’est la curiosité de l’hiver.

C’est d’abord la facture visuelle du Fric show qui a séduit l’ex-animateur de La fin du monde est à sept heures. Ensuite, c’est son contenu. "C’est le fun d’avoir une émission où tu as quelque chose à dire, de sortir des variétés pures et faire de l’éditorial", dit Marc Labrèche.

Le Fric show, ce n’est ni Infoman ni La Facture. Ni même quelque part entre les deux. C’est une émission de variétés engagée. De l’infotainment qui ne risque pas de calmer le débat sur le mélange des genres. Car l’hebdomadaire ne fait pas dans l’objectivité. "On a un parti pris pour le consommateur", dit l’animateur. Mais attention: l’enrobage rigolo ne renie pas la rigueur. Quand on traite de sujets comme les dérives de la mondialisation, le pouvoir de l’argent, la surconsommation et les excès des multinationales, pas de place pour l’improvisation. Traiter de bullshitter un ancien porte-parole du manufacturier Gildan ne se fait pas sans risque. Pas plus qu’avancer qu’une marque populaire de produits nettoyants contient des substances dangereuses pour la santé. Certains annonceurs risquent de ne pas apprécier…

Une autre chose qui pourrait ne pas faire sauter de joie certains annonceurs: Radio-Canada a décidé de couper de moitié l’espace réservé aux commerciaux pendant l’émission. Une idée que l’on présente comme une "expérience" qui permettra d’évaluer s’il est possible d’augmenter le prix des publicités si ces dernières sont plus rares.

ENGAGÉ, MARC LABRÈCHE?

S’il dit boycotter Wal-Mart depuis la tentative de syndicalisation des "associés" du magasin de Jonquière, Marc Labrèche est loin d’être un ayatollah de la consommation responsable. Oui, il achète encore des cadeaux pour Noël. "Je suis pour le gros bon sens, dit-il. Le discours gau-gauche poussé à l’extrême m’énerve autant que celui de l’establishment plate." Sa conscientisation, il la doit beaucoup à ses deux enfants, âgés de 17 et 20 ans. "Ils sont plus préoccupés par ces questions-là que moi. J’ai été éduqué à travers eux", dit le comédien.

Marc Labrèche avoue que l’équipe du Fric show se retrouve souvent confrontée à des conflits moraux. "Dans un domaine comme la consommation, rien n’est bon ou mauvais tout le temps, dit-il. Il y a des thèmes que l’on aborde, comme les animaux de compagnie, où il a été difficile de trouver un angle. Personne n’est contre le fait d’avoir un animal domestique, mais tout le commerce qu’il y a autour de la chose peut prendre des proportions ridicules. On a interviewé une personne qui fait de l’approche holistique avec les animaux. Une approche télépathique pour soigner leurs problèmes intérieurs!"

LE COEUR A SES RAISONS, LA SUITE

Dans un tout autre registre, Marc Labrèche réchauffe encore cet hiver les perruques de Brett et de Brad, personnages principaux de l’improbable téléroman Le cœur a ses raisons (TVA). Des rôles qui lui ont valu un Gémeaux récemment. Ici, toute ressemblance avec quelque chose de sérieux n’est que pure coïncidence.

La deuxième saison de cette caricature de soap américain sera "encore plus éclatée", promet Marc Labrèche. L’histoire? On s’en fiche un peu… "Il faut seulement qu’il y ait une trame, aussi mince soit-elle, dit le comédien. Sinon, ce n’est qu’une suite de sketchs. Mais, de toute façon, les histoires dans les vrais soaps ne tiennent pas plus la route!"

ENTRE LE COEUR ET LE FRIC

Débordé par le Fric show et Le cœur a ses raisons, Marc Labrèche n’a pas d’autres projets pour l’instant. "Je ne sais jamais ce que je ferai d’année en année et ça ne m’inquiète plus", dit-il. Après des derniers mois difficiles marqués par le décès de sa "chérie" Fabienne au printemps dernier, Marc Labrèche prend le temps de vivre.

À temps perdu, il poursuit l’écriture de son scénario: une adaptation du roman Comment je suis devenu stupide, de Martin Page. L’exercice l’excite. La productrice Denise Robert (Maurice Richard, Aurore) serait peut-être intéressée à le porter au grand écran. Une histoire à suivre…