Ève Lamont : Militante bio
Société

Ève Lamont : Militante bio

Ève Lamont s’attaque au cancer de l’agriculture dans son documentaire Pas de pays sans paysans, où elle aborde cette question: "Souveraineté alimentaire ou agrobusiness?"

Ève Lamont est une camérawoman et documentariste originaire de l’Outaouais qui ne fait pas dans la dentelle. Depuis 15 ans, elle a surtout travaillé sur des documentaires indépendants de conviction qui mettent en lumière les exclus de la société, les injustices sociales, de même que les problèmes environnementaux. Dans Pas de pays sans paysans, elle s’intéresse de près au milieu agricole en partant à la rencontre des cultivateurs, agriculteurs et éleveurs avertis et critiques envers l’agro-industrie qui ont décidé d’agir autrement. "Il y a 20 compagnies transnationales, des immenses conglomérats qui possèdent 94 % du secteur agrochimique et agroalimentaire mondial. Ce qui veut dire que l’agro-industrie a étendu son contrôle sur toute la chaîne alimentaire, à partir des semences dans les champs jusque dans nos assiettes. L’alimentation qui en résulte est de plus en plus artificielle, standardisée, transformée et même empoisonnée", dénonce la jardinière à ses heures, qui a tenu compte plus que jamais des écosystèmes dans cette passion qu’elle exerce en Montérégie.

Parcourant deux continents et trois pays, principalement le Canada (Québec et Ouest canadien), la France et les États-Unis (Vermont), elle constate certains dérapages de l’agriculture productiviste: l’épandage excessif de fertilisants et l’usage d’intrants chimiques qui causent la pollution de l’eau; la déforestation intensive et les monocultures qui entraînent la destruction des écosystèmes et des milieux humides; les élevages à grande échelle que l’on traite aux médicaments et aux concentrés pour accroître la production; la prolifération des OGM, qui menacent la biodiversité. "Ce qui est assez hallucinant, c’est que bien que les réglementations soient conçues pour l’agrobusiness et qu’elles soient nuisibles à la culture paysanne, il y a quand même des gens qui, contre vents et marées, montrent que c’est possible de cultiver autrement, d’avoir des pratiques culturales écologiques et innovatrices. Mais les gouvernements ne veulent pas mettre en place des programmes d’aide à la conversion biologique, ils ne veulent pas soutenir les fermes familiales à dimension humaine", lance la passionnée réalisatrice.

"Ce qui me choque, c’est le manque de courage politique de nos décideurs, qui n’ont aucune vision, continue-t-elle. L’agriculture paysanne et biologique s’inscrit dans la durée. On aura beau voter un budget pour nos générations futures… avec des terres détruites, de l’eau polluée et de l’air irrespirable, si on veut agir pour l’avenir, il est minuit moins dix pour l’environnement, faut qu’on se réveille!" conclut-elle.

Ève Lamont sera à Gatineau le 10 avril à 19h pour présenter son documentaire à la Salle Jean-Despréz de la Maison du citoyen. La projection sera suivie d’une discussion avec le public. Le film sera ensuite présenté sur les ondes de Télé-Québec le 13 avril à 19h.