Vélotendance!
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Vélotendance!

Presque disparu pendant 10 ans au profit de son robuste cousin des montagnes, le vélo de route est de retour en force cette année. Regard sur un phénomène alliant luxe et sport.

"La tendance est marquée depuis deux ou trois ans", révèle d’entrée de jeu Christophe Côté, responsable des vélos au magasin Le Yéti. "Plusieurs facteurs expliquent cela. Il y a un phénomène de mode, c’est certain, mais il y a aussi une question de transformation de la clientèle." Cette mode, les gens de l’industrie l’attribuent en grande partie à la popularité de Lance Armstrong et du US Postal. "Les Américains se sont véritablement pris de passion pour le vélo de route après les victoires d’Armstrong au Tour de France. Ce nouvel engouement a forcé les compagnies de vélos à développer des produits de qualité. Au Québec, on a toujours eu un intérêt évident pour le vélo de route. Mais on a senti un réel changement du côté des fournisseurs avec la pression du marché américain."

La popularité actuelle du vélo de route repose également en partie sur le profil distinctif de la clientèle. Dans de nombreuses boutiques spécialisées, on confirme que les vélos de route intéressent particulièrement la clientèle âgée de 40 à 60 ans. Généralement, ce sont des cyclistes qui ont arrêté de rouler pendant une dizaine d’années et qui décident de s’adonner à nouveau à ce sport. Leur âge fait qu’ils ne sont pas tentés par le risque élevé de chutes et de blessures associé au vélo de montagne.

Le profil du client entre donc en ligne de compte quand on analyse la gamme des vélos présentement en demande. "L’acheteur typique d’un vélo de route est dans la quarantaine et il jouit de bons revenus, décrit Côté. Il décide souvent de consacrer beaucoup d’argent à son vélo. Il arrive de voir un client investir plus de 8000 dollars pour un vélo de route qui va lui servir principalement à faire de la randonnée et à s’entraîner. Comme pour les objets de luxe, ces clients veulent ce qui se fait de mieux dans le domaine. C’est pour cette raison qu’on assiste à une grande demande pour les cadres de carbone."

Longtemps réservés à l’élite du sport, les vélos de carbone sont maintenant beaucoup plus accessibles. Il y a quelques années, il fallait penser payer plus de 4000 dollars uniquement pour un cadre de carbone. De nos jours, grâce aux nouvelles technologies, on peut acheter un vélo complet avec un cadre en carbone pour 2000 dollars.

Comme dans beaucoup d’autres équipements de plein air, le carbone est particulièrement apprécié dans le monde du vélo pour sa rigidité et pour sa légèreté. "C’est le matériau qui offre présentement le meilleur ratio solidité/poids, explique Christophe Côté. Les clients qui optent pour le carbone, au lieu de choisir d’autres matériaux comme l’aluminium, le font avant toute chose pour le confort et pour la performance."

Plusieurs marques de vélos offrent présentement des cadres de carbone. Il est difficile de comparer les types de carbone utilisés dans la fabrication des vélos, chaque marque donnant un nom différent à un produit qui est bien souvent équivalent. Il faut d’ailleurs savoir que les fibres de carbone, peu importe leur utilisation, sont produites par une poignée de compagnies. La fibre en soi est donc généralement standard. C’est plutôt la qualité du tissage de la fibre et l’usinage du vélo qui peuvent varier.

Si les vélos en carbone se détaillent beaucoup moins cher qu’avant, il est cependant possible qu’on assiste bientôt à une véritable flambée des prix. La demande sans cesse croissante pour cette fibre résistante et légère engendre une rareté qui risque de se refléter sur le prix des vélos.

L’accessibilité du carbone aura également eu un effet secondaire intéressant pour les gens qui ne veulent pas dépenser une fortune pour un vélo, mais qui recherchent tout de même la qualité. "L’engouement pour les cadres de carbone a entraîné une forte pression sur les compagnies qui produisent des vélos en aluminium, précise Christophe Côté. Les prix des vélos en alu ont dramatiquement chuté. Pour un vélo équivalent, on paie maintenant quatre fois moins cher qu’il y a cinq ans. On peut maintenant avoir un excellent vélo en alu pour 1000 dollars. L’important, pour l’acheteur, est donc de définir ses besoins afin de trouver le vélo qui lui convient."