Sous le soleil exactement
Incontournables du jet set, véritables défilés de mode, les ouvertures de terrasse peuvent cependant receler de nombreux pièges. Petit guide de survie.
FRAPPE PRÉVENTIVE
Vous êtes accolés au mur. Plusieurs mètres, des dizaines de convives et un désagréable ballet de jeu de coude vous séparent du bar. Les serveurs et serveuses qui passent près de vous feignent de ne pas apercevoir le billet de 20 $ que vous brandissez ou d’entendre tous vos cris, vos S.O.S., laissant dans leur sillage une amère déception. Peine perdue, vous êtes condamnés à la déshydratation. Vous auriez pourtant pu prévenir cette situation en usant d’une technique presque infaillible: la frappe de pourboire préventive. L’important est donc d’arriver sur les lieux avant la cohue, et d’identifier un serveur à la bouille sympathique. Vous lui achetez votre première consommation et lui remettez immédiatement un pourboire d’une indécente générosité (entre 10 et 20 $), spécifiant gentiment que vous souhaitez profiter de ses services pour la soirée. À moins d’être tombé sur le pire des demeurés, cela devrait vous assurer d’avoir à boire sans discontinuité tout au long du party.
FOURBIR SES ARMES
Règle générale, la plupart des partys de ce genre sont annoncés à grands frais, à l’aide de cartons d’invitation sur lesquels on aura pris soin d’imprimer des coupons échangeables contre une ou plusieurs consommations aux frais de la maison. Comme vous avez probablement dépensé une somme considérable afin de vous vêtir, de faire laver votre voiture, ou de la stationner, chaque alcoolo-dollar compte, c’est entendu. Dès lors, si vous êtes vraiment fauchés, ou plus prosaïquement, du genre gratteux, n’hésitez pas à faire le tour de vos connaissances, histoire de récolter les coupons de tous ceux et celles qui doivent rester à la maison pour s’occuper des enfants.
PROTÉIFORME, L’UNIFORME?
Messieurs, le complet italien qui vous met en confiance au moment de rencontrer les clients, de 9 à 5, sied bien mal à ce genre de libation collective. Non seulement le costard vous donne-t-il un air générique, sans personnalité, mais il résiste péniblement à la touffeur de la foule compacte, se froissant rapidement pour ne devenir que masse informe de tissus en fin de soirée, vous donnant des airs de clochard chic. Mesdames, sachez que les ballerines Manolo Blahnik que vous avez payées 400 $ dans une boutique d’exclusivités de Montréal ne seront vues de personne, mais seront vilement piétinées tout au long de la veillée, n’impressionnant que votre cordonnier, sans doute, pour une fois, bien mieux chaussé.
PUNCH DRUNK
Vous l’aviez peut-être oublié, préférant la bière et le vin rouge quand la bise fut venue, mais les sangrias, mojitos, limonades à la vodka et autres punchs fruités sont d’une incroyable traîtrise dans la chaleur de l’été. Loin de nous l’idée de vous faire la morale, mais ce n’est pas parce vous êtes entourés de gens de part et d’autre qu’il faut pour autant se fier à eux pour qu’ils jouent le rôle de tuteurs pour végétaux éthyliques.
SEMER L’ENNEMI
Impossible de l’éviter, à la quantité de badauds que convie ce type de rassemblement, on rencontrera impérativement une peste, genre ancien collègue, ex-conjointe ou ami d’enfance qui viendra nous pourrir la vie pendant de trop longues minutes, déballant photos des enfants ou cartes d’affaires. On convient qu’il ne s’agit pas ici d’une rencontre au sommet réservée aux intellectuels de haut vol, loin s’en faut, mais le small talk a ses limites. Aussi, plutôt que de vous laisser empoisonner ces premiers moments de douceur estivale, prétextez le besoin d’aller prendre votre place dans la file pour obtenir un breuvage tant convoité, même si vous savez très bien que le serveur complice a déjà vu votre verre vide, son regard aiguisé en début de soirée par votre généreux pourboire.
Horaire des ouvertures de terrasses à venir:
1er juin – Boudoir, Yuzu, Versa et cie
7 et 8 juin – Aviatic Club
15 juin – Cosmos, Maurice et Voodoo