Festival de la chanson de Tadoussac : Tous à Tadoussac!
La réputation du Festival de la chanson de Tadoussac (FCT) ne cesse de croître. Question de prendre le pouls de la fête, Voir s’est rendu à la porte de la Côte-Nord pour en rapporter une carte postale musicale à couper le souffle.
Il existe bien peu de festivals comparables à celui de Tadoussac. Le charme de l’endroit, la qualité de la programmation et l’incroyable bonne humeur des festivaliers en font un événement unique en son genre. Pour son 23e anniversaire, le FCT a dû composer avec le changement de dates des FrancoFolies et le mauvais temps. Malgré cela, rien n’a pu gâcher la fête pour les milliers de festivaliers présents.
Bien sûr, on n’a pas besoin de se rendre à Tadoussac pour entendre les Karkwa, Malajube, Yann Perreau, Gilles Vigneault, Galaxie 500 et autres Cowboys Fringants cet été. Mais ce n’est pas seulement pour l’originalité de la programmation, qui est tout de même intelligente et diversifiée, que l’on traverse le Saguenay.
AU RYTHME DE LA CÔTE-NORD
Guy-Philippe Wells photo:Lise Gagnon |
À Tadoussac, tout prend un petit air décontracté. Difficile de savoir si c’est dû à l’air marin ou à autre chose qui sent bon, mais on y attrape vite le goût de la bohème. Il faut dire que le site est extraordinaire. À quelques minutes de marche, toujours en vue de la mer, on peut atteindre les 11 lieux de représentation. Pour un coût modique, le Festival vend un bracelet-passeport qui donne accès à pratiquement tous les spectacles. Muni de ce laissez-passer, on peut butiner à loisir d’une scène à l’autre, passant d’un trait de Guy-Philippe Wells à Anaïs à Jérôme Minière.
Comme le rappelaient avec justesse deux couples sympathiques d’Hébertville au Lac-Saint-Jean, Tadoussac est un excellent moment pour que les gens de la région (i.e. de la Côte-Nord à Charlevoix en passant par le Lac) puissent faire des découvertes musicales. C’est d’ailleurs en provenance de la France que la manne de nouveautés a été particulièrement bonne cette année. Grâce à la collaboration du Consulat général de nos cousins outre-Atlantique, on a pu entendre le formidable Dominique A en formule intime. On a aussi eu la chance de pénétrer dans l’univers biscornu de Nicolas Jules. Avec ses textes fins et son culot bien accroché, le chanteur s’est rapidement fait remarquer par le public du FCT. Parions qu’on n’a pas fini d’entendre parler de lui!
Le FCT a aussi eu l’audace d’inclure une prestation de Damien Robitaille spécialement conçue pour les enfants. De l’aveu même du principal concerné, l’expérience a été fascinante. Et ce, même s’il a dû éviter certaines de ses chansons qu’il considérait un peu trop… adultes!
JUSQU’AUX PETITES HEURES…
Moment fort de ce festival, les Fils de Teupuh (oui! oui! c’est du verlan) ont occupé l’auberge de jeunesse jusqu’aux petites heures du matin. Leur musique alliant chanson, fanfare et ska a complètement séduit la foule présente. Les coudes et les genoux volaient haut dans ce que des amies ont judicieusement baptisé: "un slam de gars". Déjà tendue à bloc par la prestation remarquable de Karkwa, l’ambiance est devenue tellement chaude que les gars des Fils de Teupuh ont dû se foutre complètement à oualpé (oui! oui! c’est du verlan!) sur la chanson du même nom. Du coup, c’est devenu "un slam de filles" désireuses d’apercevoir les instruments des musiciens… Torride!
Il faut aussi souligner la prestation de DJ Champion et des G-Strings. Seulement 400 chanceux ont pu obtenir un billet pour ce spectacle convoité. Les bras au ciel, les danseurs ont défoncé la nuit en sautant au tempo métronomique du DJ aux laptops. Lorsque la voix envoûtante de Betty Bonifassi s’est ajoutée aux riffs endiablés des cordes en sol, les derniers sceptiques, vaincus, se sont laissé emporter par la groove. D’accord, on n’était pas exactement dans le monde de la chanson, mais ce petit écart de programmation fut particulièrement le bienvenu!
Ces deux prestations ont eu le seul défaut de se terminer trop tôt. À 3h, on est arrivé à court de musique, alors que la fête battait encore son plein. Une formule (DJ ou autre) permettant de danser jusqu’au lever du soleil serait sans doute appréciée l’an prochain par les festivaliers.
LA DÉLICATE QUESTION DES FRANCOS!
La mouture 2006 avait une saveur toute particulière pour l’équipe du FCT. Avec la migration forcée des FrancoFolies en juin, on craignait le pire du côté de la Côte-Nord. Si on n’a pas senti de baisse marquée de fréquentation du public, les organisateurs ont par contre constaté un changement majeur du côté de la couverture médiatique. Le pouvoir d’attraction des Francos est tel que le FCT a vu de nombreux médias de Québec se diriger plutôt vers la métropole. Le directeur général de l’événement, Charles Breton, faisait d’ailleurs remarquer que le Festival avait reçu cette année plus de journalistes en provenance de Paris que de Montréal.
NORDET ET ONDÉES EN CADENCE!
Sachant que le climat de la région pouvait comporter certains impondérables au début de juin, la direction de l’événement a judicieusement décidé il y a quelques années de tenir tous ses spectacles dans des salles ou sous des chapiteaux. Résultat, malgré le temps finistérien qui a accablé l’ensemble de la province pendant le week-end, aucun spectacle du FCT n’a été annulé.
La pluie et le vent étaient seulement embêtants lors des marches entre les scènes. Étonnamment, la température n’a affecté en rien l’humeur des festivaliers, qui en ont vite fait un sujet de rigolade. Vu les conditions météo désastreuses du week-end, c’est dire la bonne humeur contagieuse qui émane de l’événement! Il faut d’ailleurs se toucher la poitrine trois fois en signe de respect pour les campeurs qui ont dû se farcir des réveils qu’on imagine pour le moins humides… Ce sont eux les vrais festivaliers!