La fête nationale du Québec 2006 : Le Québec à l'affiche
Société

La fête nationale du Québec 2006 : Le Québec à l’affiche

C’est coiffée du thème À notre image que la Fête nationale du Québec sera célébrée partout en province, en rendant ses lettres de noblesse au cinéma québécois. Rencontre avec deux femmes de tête et de coeur…

Avec une demi-douzaine de films à son actif, une panoplie de rôles au théâtre et une autre dizaine à la télévision – dont le plus marquant demeure Sylvie dans Un gars, une fille -, Sylvie Léonard s’est fait une joie d’accepter le rôle de porte-parole de la Fête nationale 2006, y voyant un gage de "confiance, de complicité et de crédibilité". "J’ai beaucoup plus accepté en tant que citoyenne qu’en tant qu’actrice. Quand je me prononce pour de la bonne télévision, pour le cinéma, je parle en tant qu’actrice et spectatrice, mais ici, disons que c’est la citoyenne québécoise qui parle", explique d’entrée de jeu la comédienne, à qui le thème À notre image colle à la peau. "On associe souvent la Fête nationale à la chanson, à la musique, à la poésie… Et là, de faire un clin d’oeil au cinéma québécois, c’était à propos puisqu’il va bien. Il y a beaucoup de créateurs, une grande diversité, et de le souligner comme tel dans un cadre où la culture est à l’honneur, c’est tout à fait indiqué."

Pour le Mouvement national des Québécoises et Québécois (MNQ), coordonnateur de la Fête depuis 1984, le choix de Sylvie Léonard comme porte-parole allait de soi. "On voulait quelqu’un qui avait contribué au cinéma, bien entendu, mais aussi quelqu’un qui soit capable d’aller vers le public, d’avoir quelque chose à raconter aux gens et ça, ça dépasse l’expérience d’artiste. On aimait aussi sa prise de position par rapport à son identité québécoise et à l’évolution de la société québécoise", note la présidente du MNQ, Chantale Trottier-Turcot.

LE CINÉMA, À NOTRE IMAGE

En plus de saluer les artistes et artisans du cinéma québécois, le MNQ veut aussi souligner sa créativité, son audace et son rayonnement à l’étranger. "Je crois que la culture représente toujours, quelque part, qui nous sommes, parce que les artistes sont ceux qui mettent en avant un peu de notre identité, de nos réflexions, de nos remises en question, commence Sylvie Léonard. On ne dit pas que le cinéma est à notre image seulement par rapport au box office, mais par rapport à tout ce qui s’écrit. Et cette forme d’art a pris un essor plus grand ces dernières années; en même temps ça nous représente, en même temps il y a quelque chose d’universel puisque nos films s’exportent plus que jamais."

FLASH-BACKS

Avec la thématique et la nouvelle facture visuelle de la Fête nationale 2006, le MNQ souhaite surtout honorer les films dans leur intégrité plutôt que de mettre à l’avant-plan des réalisateurs ou des acteurs. Il englobe ainsi tous les artisans du film et accorde aussi une attention privilégiée aux fondations du cinéma d’ici. "Avant qu’on ne donne au cinéma québécois autant de mérite qu’au cinéma français ou américain, il y a eu de très bons films au Québec qui ont été boudés… Autant on aimait notre télévision québécoise, autant on était méfiant envers le cinéma québécois. On voulait donc souligner cette évolution, cette appropriation de leur cinéma par les Québécois et cette fierté qui s’est développée aussi", explique Chantale Trottier-Turcot, pour qui les films piliers ont été La Vie heureuse de Léopold Z, Les Mâles, ainsi que La Guerre des tuques, Bach et Bottine et Cruising Bar pour la génération de ses enfants.

Quant à Sylvie Léonard, le film J.A. Martin photographe a été le premier à marquer son imaginaire avec Mourir à tue-tête, qu’elle juge "insupportable, mais remarquablement bien joué": "J’assistais à la rencontre avec le médium, avec la photographie du cinéma… mais aussi à la présence du comédien. Longtemps, on a donné dans le documentaire avec les films qui venaient de l’ONF et tout ça. Il y a eu beaucoup de résistance aussi de la part de certains réalisateurs qui ne voyaient pas le comédien comme un allié ou comme "nécessaire". Ensuite, il y a eu Michel Brault avec Les Ordres, et on a assisté à la rencontre entre la réalisation et les comédiens, que l’on voit de plus en plus aujourd’hui. Je pense par exemple en ce moment à Jean-François Pouliot qui tourne avec Marc Béland, c’est formidable, c’est un de nos plus grands acteurs."

Quoi qu’il en soit, les deux cinéphiles s’entendent pour voir en Gaz Bar Blues le film le plus "touchant" des dernières années. "Le cinéma, c’est pas le pop-corn et les machines, c’est un lieu privilégié, sacré, où on assiste à une oeuvre, où on fait communion avec un univers et, idéalement, où on est poussé à réfléchir. Il ne faut jamais oublier ça", tient à rappeler Sylvie Léonard.

"C’EST LA FÊTE!"

Le soir du 23 juin, toutes les têtes se riveront aux plaines d’Abraham, où Sylvie Léonard prononcera son discours diffusé en direct dans toutes les fêtes de quartier du Québec. "Il y a beaucoup de gens qui me disent que ça va être mon plus gros public; même dans les grandes salles au théâtre, je n’ai jamais joué devant autant de personnes! (rires) Mais quand je relis mon discours et que je le réécris, je reviens toujours à la raison fondamentale pour laquelle je fais ça!" exprime Sylvie Léonard, dont l’allocution portera majoritairement sur la protection de la langue française, son sujet de prédilection.

Ainsi, les 23 et 24 juin prochains, plus de 750 sites aux quatre coins du Québec s’animeront pour la Fête nationale avec des activités de toutes sortes. "Je suis contente de constater que la thématique de cette année suscite l’emballement", explique Chantale Trottier-Turcot, qui a accompagné Sylvie Léonard dans la tournée des régions pour les conférences de presse. "Nous avons produit une compilation de musiques de film que certaines régions utiliseront pour accompagner leurs feux d’artifice. Il y a des régions qui organisent des concours amateurs de chansons de films québécois, certaines régions proposent même de se déguiser en personnages connus du cinéma québécois – gageons qu’il y aura beaucoup d’Elvis Gratton! Il y aura aussi des défilés avec chars allégoriques… en plus des concerts musicaux, évidemment."

Sur le site officiel de la Fête nationale, on a aussi lancé un concours national qui pose cette question: "Quel est le meilleur film québécois de tous les temps pour vous?" Plus de 10 000 $ en prix attendent les participants. Pour connaître l’horaire des festivités de votre région, visitez le site de la Fête nationale du Québec au www.fetenationale.qc.ca.