Pop Culture : Le cas classique
Société

Pop Culture : Le cas classique

J’ai assisté l’été dernier à un récital d’Anton Kuerti au Centre d’arts Orford. Ma hâte de voir le maître s’exécuter a été refroidie par son attitude. Sortant entre chaque pièce, saluant d’un signe de tête sec à son retour au piano, le musicien ne s’est jamais adressé au public venu l’écouter avec attention. Il m’a même semblé l’entendre soupirer lorsqu’il entendait des gens tousser dans la salle. J’avais été déçue.

Heureusement, depuis quelques années, des gens bien perçus par l’industrie travaillent à "désnober" le milieu du classique et à le débarrasser de ses lourds protocoles. Alain Lefèvre, Natalie Choquette, Marc Hervieux et bien sûr Stéphane Laforest, le chef de l’Orchestre symphonique de Sherbrooke (OSS), n’hésitent pas à s’adresser au public, à appuyer la musique à l’aide d’éléments visuels et à présenter les pièces eux-mêmes en osant faire des blagues. "La musique classique est l’un des seuls arts qui n’a pas beaucoup évolué depuis 300 ans, constate Stéphane Laforest. Là, de plus en plus, les chefs se revirent de bord pour parler au public."

La méthode ne plaît pas à tous, Stéphane Laforest en est conscient. "Je rencontre des gens qui n’aiment pas ça du tout, mais s’ils savaient le nombre de personnes qui me disent merci! Ça a rapproché l’orchestre du public." Les chiffres tendent à démontrer qu’il a raison. Lorsqu’il a pris la barre de l’orchestre il y a sept ans, l’orchestre comptait 350 abonnés et attirait environ 750 personnes par concert. Aujourd’hui, l’ensemble est appuyé par 800 abonnés, et certains concerts affichent complet. "On joue pour le public, lance le chef Laforest. Y’a pas que l’opinion du critique qui compte."

L’approche conviviale n’est toutefois pas la seule garante de ce succès. Le fait que plusieurs des musiciens habitent la région semble avoir contribué à créer un sentiment d’appartenance à l’orchestre. La qualité de l’ensemble et le choix de répertoire sont également des éléments importants pour attirer le public. L’Orchestre a d’ailleurs instauré une nouvelle série pop, incluant un concert avec Michel Rivard, présenté en novembre prochain.

D’ici là, Stéphane Laforest dirige l’OSS samedi à 20h au Centre d’arts Orford dans un concert voué à la musique québécoise et française. Le ténor Marc Hervieux chantera les plus grands succès des Charlebois, Ferland, Vigneault, Trenet, Aznavour, Bécaud, Brel et autres. "C’est un répertoire très léger, des chansons que tout le monde connaît", souligne Stéphane Laforest, qui croit toutefois à l’importance de servir des oeuvres plus denses au public. "Il ne faut pas toujours faire du léger. Il faut leur montrer c’est quoi, la grande musique!"

Cette fin de semaine au Centre d’arts Orford, peut-être que de nouveaux spectateurs seront conquis. L’institution consacre son week-end à la famille avec plusieurs activités visant à faire découvrir son site enchanteur. Un concert a même été prévu pour les enfants, dimanche à 11h: Le Vilain petit canard avec Pascale Beaudin, Bernard Levasseur et Hugo Larenas. Info: www.arts-orford.org.

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CINÉMA À L’OPÉRA HASKELL

L’Opéra Haskell de Stanstead présente, dimanche à 19h30, une projection du film Disappearances, tourné aux abords du Memphrémagog et mettant en vedette Kris Kristofferson, Geneviève Bujold et Lothaire Bluteau. Pour info: www.disappearancesmovie.com.