Pop Culture : Les bonnes manières
Après Trois-Rivières, c’est au tour de Shawinigan de présenter son Festival de la relève, du 10 au 13 août. Année après année, je me questionne sur la pertinence de ce type d’événements. Bien que leur mission se révèle fort louable, soit de donner une expérience de scène, ces rendez-vous servent-ils vraiment les jeunes artistes? J’ai parfois l’impression que leur formule devrait être repensée. D’abord, dans les deux cas mentionnés ci-dessus, les spectacles se déroulent dans des parcs situés en dehors des zones d’achalandage. Oui, les sites sont magnifiques… Mais quand on n’a pas à faire là, on n’y va pas, surtout s’il pleut.
Pour la relève, c’est crucial d’être mêlée à la population, de chanter dans un endroit rempli d’oreilles potentielles. Étant de purs inconnus pour monsieur et madame Tout-le-monde, les créateurs ne jouissent que d’une seule carte pour les accrocher: leur talent. Vous allez me dire: "Mais, la programmation est aussi truffée d’artistes connus!" Soyez honnêtes. Si vous ne portez ni le titre de parent ni le titre d’ami, allez-vous vraiment faire des pieds et des mains pour arriver plus tôt afin de ne pas manquer la prestation de Joe Machin? Je ne crois pas. L’été dernier, je me souviens avoir passé un après-midi dans l’herbe à voir défiler des groupes de la relève pour un concours et je peux vous dire que le maigre auditoire était surtout composé de leurs proches.
Les événements éprouvent souvent de la difficulté à attirer les foules avec des grands noms de la chanson. Alors, imaginez avec des artistes de la relève… Lorsqu’on évolue à l’extérieur de l’autoroute du show-business, il faut aller à la rencontre des gens, il faut frapper à leur porte. Il ne faut pas attendre leur visite, car on risque de patienter une éternité dans son coin. Vous remarquerez, les artistes régionaux qui réussissent à se rendre à notre coeur – j’ai en tête Fabiola Toupin et Fred Pellerin – sont la plupart du temps des artistes proactifs qui s’impliquent dans leur communauté, qui osent, qui s’organisent pour ne pas grandir trop loin de nous. J’aurais donc tendance à penser que des initiatives comme celle de la Corporation de Shawinigan, qui propose des shows de la relève gratuits dans des endroits fréquentés par les familles, ou comme celle de l’International de l’art vocal, qui insère des artistes locaux dans sa programmation, sont plus "payantes" que n’importe quel rendez-vous d’envergure voué aux artistes de l’ombre. Bref, je ne remets pas en question l’existence de ces festivals, mais bien leur forme. Je vous invite malgré tout à vous rendre au Festival de la relève de Shawinigan du parc de la rivière Grand-Mère pour applaudir ces jeunes talents remplis de rêves et d’ambition. Kaïn (le 10 août) et Jean-François Bastien (le 11) sont quelques-unes des têtes d’affiche de l’événement.
WIDEWOOD CHEZ MIKE!
Parlant de relève, voici une initiative des plus originales, qui tient la route depuis maintenant cinq ans: Widewood chez Mike. Destinés aux "tripeux" et aux mordus de musique, cet événement, qui se tient dans la cour arrière (!) de Michel Lemay, leader de L’Empreinte Galactique, accueille 27 groupes de la région sur deux scènes extérieures, du 11 au 13 août. Parmi eux se trouvent Un, Val Salva, Kamikaze Croquant, Horloge Grand-Père, La Menor Idea et, bien sûr, L’Empreinte Galactique. Le rendez-vous a lieu au 3020, boulevard Trudel Ouest à Saint-Boniface. Avis aux intéressés, il est possible de camper sur place.