Baccalauréat en bande dessinée : Fais-moi un dessin!
Société

Baccalauréat en bande dessinée : Fais-moi un dessin!

La région de l’Outaouais brille dans un domaine artistique pour le moins singulier: la bande dessinée. Zoom sur un programme d’études unique en Amérique du Nord, offert dans la région.

Avec son programme Arts et design, concentration bande dessinée – unique de ce genre en Amérique du Nord -, l’Outaouais peut se vanter d’être à l’avant-garde du neuvième art, encore mal connu et peu exploité au Québec, en comparaison de nos cousins français et belges. Et c’est l’Université du Québec en Outaouais (UQO) qui a emboîté le pas, il y a sept ans de cela. "Le programme consiste à former des auteurs de bande dessinée, des gens qui vont s’exprimer, qui vont tenter de développer une écriture personnelle et artistique en bande dessinée. On voit donc tout au niveau de la scénarisation, de l’écriture", assure le directeur de l’École multidisciplinaire de l’image (ÉMI) à l’UQO, Sylvain Lemay.

Sur une trentaine de demandes chaque année – venant du Québec mais aussi de différents pays francophones -, une quinzaine d’étudiants sont acceptés. Les aptitudes recherchées chez les candidats sont, bien entendu, des qualités de dessin, "mais aussi en narration", précise M. Lemay. "La bande dessinée, c’est d’abord de raconter une histoire. Les candidats sont souvent baignés par le jeu vidéo et le cinéma et ont envie de raconter différemment, d’une façon plus personnelle. Donc, on recherche des gens qui ont envie de raconter des histoires par le dessin", note celui dont la thèse de doctorat en études littéraires portait sur la bande dessinée.

Bien que la mise sur pied de ce programme ait connu de positives retombées, dont les plus notables sont le Festival international de la bande dessinée (qui en est aussi à sa septième année) ainsi que la création de la maison d’édition Premières lignes par d’anciens étudiants, l’engouement pour cette forme d’art est encore timide. "Depuis l’an 2000 au Québec, il y a un boum pour la BD. Ceci dit, ça reste une formation artistique; comme dans le domaine des arts visuels, il faut aller cogner aux portes et il y a de plus en plus d’éditeurs présents, d’auteurs québécois…" précise le professeur, qui se réjouit tout de même de la portée de certains anciens étudiants. "On a Jérôme Mercier, qui a publié dans Spirou en Belgique, et Stéphanie Leduc, qui est en contact avec les Éditeurs du Soleil en France, à Toulon", indique le professeur spécialiste dans le domaine, tout comme son collègue Mario Beaulac. "Les chargés de cours sont pour leur part vraiment issus du milieu, tels Réal Godbout, Paul Roux, Sébastien Trahan (de Mécanique générale) et Frédéric Gauthier (de La Pastèque)."

Depuis sa fondation, trois publications ont vu le jour sous la plume des étudiants en bande dessinée. Il y a d’abord eu Le Scribe, par la première cuvée du programme, dont quelques membres ont ensuite fondé Premières lignes, emmenant avec lui la publication. Elle contient désormais tous les ingrédients d’une revue de bande dessinée professionnelle, qui paraît tous les ans. Plan B est venue remplacer Le Scribe auprès des étudiants, dont le lancement est toujours prévu pour le Salon du livre de l’Outaouais. "On trouvait important que les étudiants voient leurs planches publiées, qu’ils soient confrontés au public, mais aussi qu’ils voient ce qu’il y a derrière une publication: du contenu en passant par la politique éditoriale, du financement aux relations avec les médias, l’imprimeur, etc." Finalement, Ça pue est un fanzine créé par une étudiante fort prometteuse, Iris Boudreau-Jeanneau, qui a notamment collaboré au collectif Et vlan! de La Pastèque cet été et dont un éditeur suisse serait intéressé à publier.

Pour en connaître davantage sur le programme, visitez le site de l’ÉMI au: www.uqo.ca/secteurs/emi/