Le cheminement de Christine Marceau ressemble à celui de centaines d’autres jeunes décrocheurs québécois. À 14 ans, un manque profond de motivation et l’attitude de certains autres élèves à son égard l’incitent à quitter l’école. "Avant de les battre tous, je suis partie. De toute façon, je n’allais jamais à mes cours. Et les règlements, ce n’était pas pour moi." Elle n’a pas encore atteint l’âge obligatoire de fréquentation scolaire, soit 16 ans, mais la DPJ ne met jamais à exécution ses menaces de placement en centre jeunesse. Ainsi, pendant deux années, elle fréquente ce qu’elle appelle "l’école de la vie". Petit à petit, elle fait face à la dure réalité à laquelle sont confrontés les gens qu’elle côtoie. "J’ai vu ce que la drogue pouvait faire. Et je me suis aperçue que je ne voulais pas passer ma vie sur le BS ou avoir un salaire de crève-faim. Je ne voulais pas non plus me retrouver avec un bébé à 14 ans, comme une fille que j’ai connue."
RETOUR EN CLASSE
Cette prise de conscience ainsi que l’exemple de sa mère, qui est retournée aux études après son divorce, la convainquent de se prendre en main. "Avec quatre enfants à s’occuper, ma mère a fait son MBA. Aujourd’hui, elle travaille à l’Université de Montréal. Disons que ça donne à réfléchir." À 16 ans, Christine Marceau fait donc son entrée à l’école secondaire de la Montée (Le Ber). "Ils m’ont acceptée dans une classe de TC [troubles de comportements] parce que j’avais plus de 200 absences. C’est là que j’ai eu mes meilleurs profs. Ils m’ont vraiment encouragée, dans les bons moments et dans les périodes difficiles. Il y a des cours que j’ai pochés, mais je les ai repris."
Étudiante au Centre Le Goéland depuis 2001, elle suit actuellement un cours de chimie et poursuit ses mathématiques 536. Après avoir décroché son diplôme d’études secondaires (DES), elle souhaite être admise au cégep dès l’an prochain. "La chimie, j’en ai besoin pour être acceptée en techniques de santé animale, soit à Saint-Hyacinthe ou à Trois-Rivières. Les maths, c’est juste parce j’aime ça." Bien décidée à poursuivre ses études, la jeune femme, qui fêtera ses 22 ans le 22 août, prévoit par ailleurs s’inscrire à un cours d’anglais intensif. En ce qui concerne son avenir professionnel, elle a un ambitieux objectif: obtenir son diplôme de médecine vétérinaire et travailler auprès des gros animaux. "Je fixe vraiment là-dessus. Je suis barmaid et je vois toutes sortes de monde. Ça ne me tente pas de finir de même. Ça ne me tente pas de passer ma vie dans les bars", conclut Christine Marceau, on ne peut plus déterminée à exercer la profession de ses rêves dans quelques années.