L’engagement chez les jeunes : Jeunes et engagés?
Quel engagement chez les jeunes? Alexandre Meunier organise la 3e édition de l’École d’été de l’INM et les invite à s’exprimer pour changer le monde.
École d’été de l’INM
Du 16 au 20 août, l’Institut du Nouveau Monde organise la troisième édition de son École d’été, cinq jours de conférences et de débats avec de nombreux invités issus d’horizons différents comme le syndicaliste Jean Lapierre, le sociologue Pierre Beaudet, la juge Andrée Ruffo, l’homme d’affaires Robert Dutton et André Boisclair, chef du Parti Québécois. Alexandre Meunier, coordonnateur de l’événement, nous parle de ce projet qui réunira 500 jeunes provenant de 20 pays, chargés de rédiger des manifestes pour un "Début global", des textes qui serviront de base pour la Déclaration des Jeunes du Nouveau Monde que l’Institut prévoit présenter en 2008, à l’occasion du 400e anniversaire de la ville de Québec.
On dit souvent que les jeunes se désintéressent de la politique. Qu’en pensez-vous?
"On compare toujours l’engagement des jeunes de ma génération avec celui de nos parents. C’est vrai que le politique était très important pendant la Révolution tranquille, mais les mouvements écologistes et humanitaires sont aussi apparus dans les années 60. Aujourd’hui, ce n’est pas vrai que le politique se fait tasser dans les préoccupations des jeunes, mais nous nous intéressons davantage à des problèmes supranationaux. Les jeunes savent que dans notre société mondialisée, le gouvernement ne peut pas tout faire. Si nous militons souvent dans des organismes de défense de l’environnement, c’est que les discours scientifiques occupent une grande place dans notre société et qu’ils ont attiré l’attention de notre génération vers de nouveaux problèmes qui exigent une multitude d’autres formes d’engagement, peut-être plus concrètes."
On oppose souvent militantisme politique et combat altermondialiste. Quel est le type d’engagement que l’INM propose à la jeunesse?
"Avec l’École d’été, nous voulons simplement donner l’occasion à chaque jeune de débattre et de dire ce qu’il pense en tant que citoyen. Nous voulons démontrer que la politique ne se fait pas uniquement entre les membres des fédérations syndicales étudiantes ou les jeunes engagés dans les partis politiques, que le bien commun est l’affaire de tous. Près de 50 % des jeunes participants à l’École d’été ne font partie d’aucun réseau politique, associatif ou syndical. Pour ma part, je milite pour l’action citoyenne individuelle. Je suis très attaché à mon indépendance et je refuse d’adhérer à un parti politique, même s’il m’arrive de soutenir certains mouvements lors de campagnes précises. Avant de travailler pour l’INM, je n’avais jamais milité pour aucun réseau, par peur des idéologies. Je ne me considère pas non plus comme un altermondialiste: je me bats pour un autre monde, mais je ne suis pas anticapitaliste. Ce que j’aime, c’est débattre avec des gens issus de différents horizons politiques, des universitaires, des syndicalistes, des chefs d’entreprises… pour aller au-delà des stéréotypes. À mon avis, les plus grandes innovations sociales naissent de la confrontation des points de vue. Je crois sincèrement que chaque geste peut changer le monde… C’est aux participants de voir quel geste ils veulent poser."
Vous invitez les jeunes à exprimer leurs idées pour un monde meilleur en leur proposant de rédiger des manifestes pour un "Début global". Qu’est-ce que cela signifie pour vous?
"Le manifeste Refus global de Paul-Émile Borduas était un appel à l’éclatement des cadres qui emprisonnaient la société québécoise dans les années 40. Nous avons voulu faire un clin d’oeil à ce texte majeur, tout en y apportant notre vision des choses. Cette idée de "début global" montre notre volonté de proposer une nouvelle vision de la société. Il ne s’agit plus seulement de s’opposer, mais aussi de dire dans quel monde nous voulons élever nos enfants. Un manifeste, c’est une façon de concevoir ce qui nous préoccupe et de le transformer en quelque chose de positif, d’exprimer ce que l’on veut. Les jeunes seront rassemblés par groupes de 8 à 20 personnes et ils choisiront le sujet et la portée de leur manifeste en s’inspirant des conférences auxquelles ils assisteront, de leurs propres convictions ou de l’actualité. Ils pourront également définir ensemble la forme de leur manifeste: un texte, une chanson, une pièce de théâtre, un film, un poème ou un reportage photo… ils sont entièrement libres."
À LIRE:
Jeunes et engagés, supplément de l’Annuaire du Québec 2005
Sous la direction de Miriam Fahmy et Antoine Robitaille
Éditions Fides
Programmation détaillée de l’École d’été de l’INM: www.inm.qc.ca