Pop Culture : Aux couleurs de l’Afrique
J’ai fait mon baccalauréat à Sherbrooke et après un détour dans différentes villes du Québec, je suis revenue m’installer ici il y a près de trois ans. Depuis quelque temps, ça me saute aux yeux: le Sherbrookois pure laine est entouré de plus en plus de Sherbrookois provenant de pays exotiques. Chaque jour, de la fenêtre de mon salon, je vois des étudiants africains gravir la côte pour se rendre à l’Université. Je remarque de plus en plus de familles noires qui fréquentent les magasins, où de plus en plus d’employés font partie des minorités visibles. Au parc Blanchard, j’ai croisé une adolescente voilée riant avec des copines blanches. Un collègue me parlait de sa petite fille, qui joue avec des enfants de différentes nationalités à la garderie.
Ce portrait coloré se voyait entaché au début du mois par l’attaque vraisemblablement raciste d’un couple d’origine africaine dans le parc Goyette. Un lamentable pas en arrière, un scénario que je croyais tellement désuet qu’il ne serait plus joué. À cet événement s’ajoute le racisme sournois, celui qui est ancré jusque dans le vocabulaire insouciamment méprisant de certaines personnes qui parlent encore de "plan de nègre" et de "travail de nègre"…
Tout ça pour dire que je souhaite qu’un festival comme les Rythmes d’Afrique, qui bat son plein ce week-end au centre-ville, contribue à enrayer quelques préjugés et à mieux intégrer les communautés culturelles à notre ville. L’organisateur du festival, Takhiou Gueye, me mentionnait que le but de l’événement est de montrer une autre facette de l’Afrique, différente de celle si tristement décrite dans la pièce Dommage collatéral des Vulgaires Machins. "T’es d’la poussière pour not’ race/Juste un dommage collatéral."
Faire connaître l’Afrique par sa musique et sa culture, voilà le défi de Takhiou. Chaque année, il tente de représenter le maximum de pays africains à son festival. Cette année, Steeve K, Zale Seck, Afrodizz, H’Sao et plusieurs autres font partie de la fête. Des contes et poèmes africains sont au programme, et la ligue d’improvisation l’Abordage propose deux séances d’impro inspirées de l’Afrique, samedi et dimanche à 14h sur l’esplanade Frontenac. Et pour son propre spectacle, qui se tient dimanche à 17h, Takhiou a fait appel à des amis québécois. "La musique, c’est une espèce de réunion. C’est universel." Info: www.rythmesdafrique.com.
MUSIQUE PAÏENNE, JAZZ ET CADAVRE EXQUIS
Parmi les activités culturelles à faire cette semaine, mentionnons le retour de DJ Sexyboy au bar Le Magog, le dimanche 3 septembre et tous les dimanches suivants. C’est gratuit!
Mercredi soir à 19h30, Kino Sherbrooke accueille au Théâtre Granada la tournée Cadavre exquis: première édition. Neuf cinéastes et neuf compositeurs se sont relayés pour réaliser les images et composer la musique d’un film de 90 minutes, en n’ayant vu qu’une infime partie des scènes antérieures. La projection sera complétée par six courts métrages de réalisateurs de la région.
Misteur Valaire est en performance au Granada le lendemain 7 septembre à 20h06. Fidèle à son habitude, le groupe a invité d’autres artistes à partager la scène: Fanny Grosjean et la chanteuse torontoise Renann. Un clip sera tourné durant le spectacle.