Si vous connaissez des travailleurs autonomes, ils sauront vous le dire: la plus grande difficulté pour eux, c’est de décrocher. Parce qu’ils font littéralement corps avec leur entreprise. On ne quitte jamais le bureau: on est le bureau. Et pourtant, il faut savoir débarrasser; c’est ce qu’on appelle l’hygiène mentale.
Le problème est le même pour les journalistes culturels, qui ont choisi de transformer leur passe-temps, voire leur passion, en travail. La plupart des gens lisent, regardent un film ou écoutent de la musique pour le plaisir, pour se changer les idées, pour se déconnecter. Quand je le fais, j’ai presque toujours les doigts qui cherchent le clavier. Il faut trouver un moyen de décrocher.
Vendredi soir dernier, les piles à plat, je me suis enfoncé dans mon sofa. Pas de sortie, surtout, ne pas réfléchir. S’absenter enfin du bureau… Paré pour une anesthésie télévisuelle totale. (C’est pas parce que je le fais que c’est correct.)
Évidemment, j’ai cédé. Toujours ce réflexe analytique – issu du précieux monde des littératures -, ce spectre de synthèse – qui, lui, vient d’une expérience en enseignement -, et ce spasme critique – nul ne sait d’où ça vient, mais c’est irrépressible. J’avais cru réussir à l’étouffer, mais quand je suis tombé sur TV5…
Si cette chaîne a la cote auprès des bien-pensants de la francophonie, il faudra l’admettre: c’est pas parce que c’est à TV5 que c’est intellectuellement relevé. On y a présenté, à 20h (et en rediffusion le lendemain après-midi, s.v.p.!), le Combat des reines, où se confrontent des vaches bagarreuses sous le regard de 10 000 spectateurs, le tout commenté avec une vigueur à faire rougir les commentateurs de hockey. Saphir, victorieuse en 2004 et 2005, s’est vue vaincue par Rebelle – une surprise, paraît-il -, ce qui faisait de cette dernière la Reine des reines. Weird.
Heureusement, ma douce moitié revient des courses avec un film de location, choisi un peu au hasard dans la section des films de répertoire. Le Chalet, réalisé par un certain Jarrett Mann. Eh bien… C’est pas parce que c’est classé comme un film de répertoire que c’est bon. Je veux bien encourager la relève, mais parfois la relève décourage… D’une rare insignifiance, le dialogue sonne creux, le scénario évolue au rythme des bâillements, s’enflant parfois de prises de position convenues. Si certaines expérimentations visuelles étaient intéressantes, le film tourné entre chums aurait dû en rester là. Et c’est pas une question de moyens: avec le Festival Regard sur le court métrage et les différents organismes qui offrent une plate-forme à la vidéo dans la région, nous avons parfois découvert des perles autrement plus remarquables…
Les auteurs affiliés à La Peuplade seront présents lors du Salon du livre, dont Mylène Bouchard, auteure de Ma guerre sera avec toi. |
En prévision du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean, dont la 42e édition aura lieu du 28 septembre au 1er octobre, au Centre des congrès Holliday Inn Saguenay, nous préparons un numéro spécial sur la littérature. Force nous est d’admettre que c’est pas parce que c’est publié que c’est intéressant. Dans le déferlement de livres lancés chaque année, certains nourrissent la nausée. Et pourtant, c’est pas parce qu’il n’existe pas de qualité.
Il paraît que nous avons tous un manuscrit dans le tiroir. Je ne sais pas si c’est vrai, mais j’aime y croire. Je trouve que c’est sain, que les gens veuillent se raconter, qu’ils cherchent à laisser une trace d’eux-mêmes dans l’histoire. Plusieurs de nos lecteurs – vous en seriez surpris – m’ont fait parvenir par courriel des textes, s’exposant au coup de pouce comme à la jambette. Je me refuse toujours à répondre. Pas parce que ça ne vaudrait pas la peine, mais parce que ce serait de fonder trop d’importance en une seule critique. Pourtant, je me permettrai ce commentaire: c’est pas parce que ce n’est pas publié que ce n’est pas bon.
Marc Vaillancourt, auteur de la région ayant publié La Cour des contes chez Triptyque, fait partie de la liste d’auteurs invités au Salon du livre. |
Il y a tellement de nuances à apporter dans le monde de la culture et de la vie en général. C’est pas parce que c’est du resto que c’est délicieux. C’est pas parce que ça vient d’ailleurs que c’est mauvais. C’est pas parce que c’est une fleur que ça sent bon. C’est pas parce qu’un critique le dit que c’est vrai.
Et vivent les nuances.
Vous avez quelque abcès à crever? Une nuance à apporter à propos d’un commentaire que vous avez lu ou entendu, au fil des jours? Vous connaissez votre tribune: www.voir.ca.
CONTRIBUTION VOLONTAIRE
Nous venons d’annoncer notre spécial sur le Salon du livre et nous aimerions mieux vous connaître. Vous avez des suggestions de lecture? Des livres vous ont franchement marqué, par leur style ou par l’intensité de leur intrigue? Délivrez-vous…
Pour plus d’information sur le Salon du livre: www.salondulivre.ca.