La Simplicité involontaire : Une vie trop simple
Société

La Simplicité involontaire : Une vie trop simple

Dans La Simplicité involontaire, Alain Samson fait le point sur l’inquiétante augmentation de la pauvreté au Québec et propose un guide de survie économique et sociale à l’usage de toute la communauté.

"Dans les pages qui suivent, vous apprendrez que vous vivez dans un monde parallèle qui vous a peut-être fait perdre contact avec la vraie vie, que votre sentiment de sécurité est votre pire ennemi, que vous ne pouvez pas vivre replié sur vous-même, que la société ne vous doit rien si vous n’avez rien à lui apporter en échange, que notre société actuelle n’est pas démocratique, que vous cherchez probablement le bonheur au mauvais endroit, que lucidité et solidarité peuvent cohabiter, que vous êtes responsable de ce qui vous arrive, que votre estime personnelle est probablement factice et que nous devons tous retrouver le sens de la communauté", avertit Alain Samson dans l’introduction de son livre La Simplicité involontaire, 10 vérités que les Québécois refusent d’entendre. Dans cet essai conçu comme un ouvrage de développement personnel à l’échelle de la communauté, l’expert en coaching livre une sorte de guide de survie dans la jungle politique et économique actuelle. "Je sillonne régulièrement le Québec pour donner des conférences dans des entreprises, raconte Alain Samson. Ces dernières années, j’ai constaté que de nombreuses personnes allaient devoir, dans un avenir proche, subir une diminution brutale de leur niveau de vie. C’est ce que j’appelle la simplicité involontaire, un sentiment de pauvreté imposé, qui n’a rien à voir avec le choix de vie des personnes adeptes de simplicité volontaire", explique l’auteur. Réduction des salaires, délocalisations, dégradation des services publics, protectionnisme économique, fermeture des usines en région, chute des revenus des ménages, surendettement de l’État, vieillissement de la population sont autant de signes avant-coureurs de cette baisse de niveau de vie généralisée qui menace le Québec.

"Je pense qu’en Amérique du Nord, les gens vivent dans leur bulle. Même si cela fait bientôt 30 ans qu’on parle de crise économique, on commence à peine à se rendre compte du problème. Les travailleurs en fin de carrière vont être surpris dans quelques années: leurs retraites seront beaucoup moins importantes que prévu. Nos conventions collectives datent de la prospérité et les patrons n’ont plus les moyens de les assumer, c’est pour cela qu’ils délocalisent en Asie. On se rassure toujours en parlant de nos immenses ressources naturelles, mais nous ne sommes plus les rois du papier, la Chine nous devance depuis longtemps! Et puis, la relève n’est pas du tout planifiée: beaucoup de villages vont perdre leur unique commerce dans les 10 prochaines années, faute de repreneur", constate l’expert en développement économique.

Dans son livre, Alain Samson affirme qu’on ne peut pas s’en remettre à l’État et aux grands décideurs pour remédier à tous les problèmes et qu’il est du devoir de chacun de prendre ses responsabilités pour changer le monde. À l’aide d’exemples précis et de récits d’anecdotes de la vie quotidienne, l’auteur montre que nous avons toujours le choix d’agir de façon formelle et individualiste face à une situation ou alors de nous investir pour le bien-être de la communauté. Par exemple, quelqu’un qui découvre un itinérant devant sa porte a le choix d’appeler la police pour le faire disparaître de sa vue ou de voir par lui-même s’il peut faire quelque chose pour l’aider. "Ce livre doit être un outil pour se relever de la simplicité involontaire. Ce n’est pas le rôle du gouvernement de promouvoir la solidarité, c’est le rôle de chaque individu, tout simplement parce que nous sommes des êtres humains. Beaucoup de gens s’identifient tellement à leur emploi qu’ils ont oublié qu’ils sont aussi des parents, des amants, des maîtresses et surtout des citoyens", explique Alain Samson.

Même si son argumentation, peu nuancée, rappelle parfois désagréablement les lieux communs échangés autour d’un comptoir de bar (les fonctionnaires font mal leur travail, les hommes politiques ne savent faire que de belles promesses, les jeunes ne sont pas préparés aux réalités du marché du travail, l’esprit de famille se perd, etc.), l’auteur livre un intéressant réquisitoire pour une société plus humaine et plus solidaire. "Ce que je dénonce, ce sont les excès du syndicalisme, du capitalisme et de l’électoralisme qui emprisonnent notre société. Je sais que mes opinions peuvent paraître un peu tranchées. Certains vont m’accuser d’être de droite, mais je suis de gauche aussi, un peu… Je voudrais seulement créer un débat public autour de ces questions, que chacun se remette en cause pour permettre aux choses de bouger, enfin!"

La Simplicité involontaire, 10 vérités que les Québécois refusent d’entendre
Les Éditions Transcontinental, 2006
147 pages