Les entreprises d’entraînement : Faire comme si
Les entreprises d’entraînement ont la cote ces temps-ci. Véritables écoles du travail, elles permettent à des centaines de personnes de prendre le rythme du marché de l’emploi… sans risquer de se casser les dents!
"L’entreprise d’entraînement est une mesure de formation qui s’adresse, selon le cas, aux travailleurs sans emploi ou à des étudiants", explique Martin Lagacé, gestionnaire chez Artmérik. "Il s’agit de donner une expérience de travail concrète à des gens sans emploi tout en peaufinant leur formation ou leur mise à niveau professionnelle."
En fait, l’idée est assez simple. Il s’agit de créer une structure qui mime parfaitement chacune des activités d’une entreprise. La seule différence est qu’il n’y a pas de production ni de livraison de produits. "Au fond, une entreprise d’entraînement, c’est un simulateur de PME", illustre Antoine Viau, coordonnateur à Facto, l’entreprise d’entraînement de l’Université Laval. En effet, tout comme le simulateur de vol montre à piloter, l’entreprise virtuelle apprend à travailler. "C’est une entreprise qui offre la possibilité d’expérimenter et de prendre des risques, poursuit le coordonnateur. Comme je dis toujours, on offre de plus grandes responsabilités dans une entreprise d’entraînement que ce que les gens pourraient normalement avoir dans un stage ou dans un premier emploi. On les fait passer à travers des processus de production, de création, de gestion de projet, d’administration et de gestion de budget."
Phénomène récent en Amérique du Nord, les entreprises d’entraînement existent depuis plus de 50 ans en Europe. Elles ont vu le jour en Allemagne, immédiatement après la Seconde Guerre mondiale. "À l’époque, on avait créé ces entreprises dans le but de favoriser la réinsertion professionnelle des anciens combattants", raconte Martin Lagacé. De ce côté-ci de l’Atlantique, il faudra attendre 1995 pour voir l’apparition à Québec d’Artmérik, la première entreprise d’entraînement en Amérique du Nord. "L’idée d’importer le concept en Amérique est venue après un voyage en France du président-directeur général du Collège O’Sullivan. Il avait tout de suite vu le potentiel incroyable de ce type d’expérience et il a voulu en faire profiter les gens du Québec."
Aujourd’hui, il existe une quarantaine de ces entreprises au Canada, dont 27 au Québec. Parmi elles, on retrouve des entreprises s’adressant à des chercheurs d’emploi, c’est le cas d’Artmérik, et d’autres, comme Facto, s’adressant à des étudiants.
POUR DES TRAVAILLEURS
Artmérik aide les travailleurs à réintégrer le marché de l’emploi le plus rapidement possible grâce à une formation d’une durée de 15 semaines. "On rencontre chaque candidat pour évaluer ses besoins, explique Martin Lagacé. Ensuite, on construit des parcours personnalisés pour chacun des candidats. On monte des plans de formation selon les besoins. Dans la plupart des cas, il s’agit d’une mise à jour des connaissances."
En effet, Artmérik propose des formations répondant aux besoins individuels des participants devenus employés de la compagnie. "Ce ne sont pas des cours magistraux, poursuit le gestionnaire. L’idée derrière l’entreprise d’entraînement, c’est l’apprentissage par l’expérience (learning by doing). Par exemple, un comptable pourrait venir se mettre à jour en apprenant des logiciels de comptabilité qu’il ne maîtrise pas encore. Nous ne sommes pas une école, nous n’enseignons pas la comptabilité ou le marketing. Par contre, nous offrons une expérience de travail et des formations pratiques en lien avec le métier des gens."
CHEZ LES ÉTUDIANTS
Chez Facto, on utilise l’entreprise d’entraînement comme un milieu de stage plutôt que comme un lieu de formation. "Nous recevons des étudiants de tous les cycles d’études, précise Antoine Viau. Mais la grande majorité vient du premier cycle." Il faut d’ailleurs préciser que grâce à des ententes entre Facto et certaines des facultés, la plupart des étudiants reçoivent des crédits pour leur passage chez Facto.
Les dirigeants de Facto insistent également beaucoup sur l’importance de l’éthique du travail. "On leur apprend aussi le savoir-être professionnel, poursuit Antoine Viau. La conscience professionnelle fait souvent la différence entre trouver un emploi et parvenir à le garder par la suite. On mise beaucoup là-dessus pour que le stagiaire soit disposé à affronter les circonstances variées du marché du travail."
Même si ce n’est pas encore tout à fait reconnu comme une expérience de travail par les employeurs, les deux intervenants s’entendent pour dire que la participation à une entreprise d’entraînement permet de construire de solides réseaux de relations qui pourront servir lors de la recherche d’emploi. Une telle entreprise est donc un excellent moyen de faire fructifier ses connaissances en attendant que la paie, elle, cesse d’être virtuelle! On se renseigne au www.artmerik.com et au www.facto.ulaval.ca.