Du vieux, du neuf
Société

Du vieux, du neuf

Antiquités et meubles contemporains peuvent-ils faire un heureux mariage dans une même pièce? Une conseillère en ameublement et un antiquaire répondent oui, mais livrent des avis opposés sur la question.

Les designers d’intérieur et autres spécialistes de la décoration reçoivent souvent la visite de gens désemparés qui aimeraient garder une vieille armoire héritée de leur grand-mère, mais qui ne savent pas s’ils peuvent l’intégrer à leur décor contemporain.

Claudette Savard, conseillère en ameublement chez Signature Maurice Tanguay, leur répond d’emblée que ça se fait: "L’ancien et le contemporain peuvent créer un mélange original. Ce n’est pas nécessaire que notre décor soit constitué de petits kits." Il y a cependant quelques règles à respecter afin que l’ensemble soit harmonieux. Dans la mesure du possible, on agencera les antiquités à des meubles contemporains classiques, qui sont une sorte d’entre-deux. Par exemple, les sofas de ce style ont des lignes épurées, basses, sobres; des pattes de bois et non de chrome. "La différence sera moins radicale. En plus, ces meubles ne se démodent pas, leurs lignes traversent le temps", note Mme Savard.

Il est aussi préférable de jouer l’antique en petites touches dans un ensemble contemporain que l’inverse. Combiner les deux styles dans des pièces vastes, comme le salon ou la salle à manger, est également conseillé. Le but, au fond, est d’harmoniser l’ensemble et de créer un équilibre. "Il y a toujours place à oser, mais ça doit être bien dosé. Les tons doivent s’harmoniser. Couper les lignes, changer le style, on peut le faire, mais pas n’importe comment, explique Mme Savard. Quand on regarde une pièce, notre regard doit glisser d’une chose à l’autre sans accrocher. Un décor, c’est un ensemble."

Apparemment, les gens manquent d’assurance quand vient le temps de jouer la carte de l’éclectisme. "Les clients ne risquent pas. Ils ont besoin de se faire confirmer leur idée par quelqu’un qui est au courant de ce qui se fait, qui a un côté visuel développé."

Une insécurité qui n’est pas sans consterner l’antiquaire Gérard Bourguet, qui tient boutique rue Saint-Paul. "C’est désolant que les gens ne se fassent pas plus confiance. S’ils trouvent ça beau, eux, s’ils croient que le meuble ira bien dans leur décor, qu’importe ce que les designers d’intérieur diront! Qu’ils osent!"

Entièrement d’accord avec l’idée d’agencer des antiquités et des meubles contemporains, parce que ça donne du caractère et de la chaleur au décor, il s’avoue bien embêté d’expliquer comment le faire. "Je ne sais pas quoi vous dire! Un décor est quelque chose de tellement personnel! Ça dépend de chacun. La beauté est dans l’oeil de celui qui la voit, vous savez."

Quant à ce que proposent les professionnels et les magazines, très peu pour lui. "Il faut essayer de déconstruire ces décors préfabriqués, tous pareils et sans originalité. C’est plate à mort! Tout est bien placé, tout va avec tout, ce n’est pas vivant. Notre décor doit nous ressembler, être le reflet de notre personnalité. Les décorateurs fonctionnent avec des concepts préétablis, vous expliquent que ça prend une table entre deux fauteuils, etc. Ça n’a aucun sens." Le mot d’ordre, donc: sus à l’uniformité!