Fonds d’excellence : La bourse et la vie
Être artiste et vivre de son art tout en demeurant en région est un accomplissement en soi. C’est pourquoi le Fonds d’excellence du Saguenay-Lac-Saint-Jean des arts et des lettres existe afin de faciliter un parcours souvent semé d’embûches.
En collaboration avec la Conférence régionale des élus (CRÉ) et le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), le Fonds d’excellence entame la période de mises en candidature pour l’obtention des bourses de 10 000 $ à 15 000 $. Les candidats ont jusqu’au 30 novembre pour présenter un projet qui doit assurer la promotion d’une production artistique.
Le Fonds d’excellence a été créé pour "favoriser la reconnaissance des artistes et des écrivains dans toutes les étapes de leur carrière, qu’ils soient professionnels ou amateurs", indique Serge Chiasson, conseiller en développement à la CRÉ. Cela dans une logique avouée de permettre à la région de profiter d’une présence artistique palpable, afin de favoriser "l’occupation culturelle du territoire", insiste Béatrice Pepper, directrice des communications au CALQ.
Et cela semble fonctionner, comme le prouve l’exemple de Martin Rodolphe Villeneuve, pour qui l’obtention de la bourse a permis de continuer à travailler au Saguenay au terme d’un contrat à Montréal. Sans la bourse, "je serais peut-être resté à Montréal", rappelle le cinéaste, qui prépare un documentaire expérimental sur l’artiste Guy Blackburn. Le Fonds d’excellence, "c’est une lueur d’espoir […] qui répond à un urgent besoin", ajoute Villeneuve.
Mais la bourse est aussi, pour celui qui la reçoit, une reconnaissance de ses pairs qui facilite les échanges, "un pas de plus dans sa démarche professionnelle ou artistique pour continuer d’avancer", estime Béatrice Pepper.
C’est justement ce que soulève Nathalie Lavoie, pour qui l’obtention de cette bourse a été "comme une forme de reconnaissance du milieu et un soutien important, vraiment nécessaire", indique l’artiste en arts visuels. Grâce à la bourse, Nathalie Lavoie pourra présenter une exposition de ses photos à l’été 2007.
Luc Beauchemin, autre boursier, qui crée un portail présentant des disques d’artistes de la région, assure que, sans le Fonds d’excellence, son projet se serait fait, mais la bourse a permis "de [lui] donner une envergure et de le bonifier". Selon lui, ce fonds est crucial pour garder les artistes en région puisque ceux-ci ont besoin de structures pour faciliter la diffusion et la promotion de leur art.
Mais justement, pour Marie-Josée Paradis, chorégraphe, interprète et boursière du Fonds d’excellence, il ne faut pas s’arrêter là. Elle insiste sur la nécessité de poursuivre dans cette initiative en favorisant le développement de structures, de lieux voués à la création. Elle estime "qu’aucune bourse ne peut aider les artistes s’il n’y a pas d’espaces adéquats disponibles". Selon la chorégraphe, "le manque de vision" de certains décideurs politiques empêche le maintien des artistes dans la région. "Les bons artistes quittent parce que la structure n’est pas là, parce que la volonté politique n’est pas là, parce que les politiciens n’apprécient pas la culture plus qu’il faut", dénonce Marie-Josée Paradis. Mais le Fonds d’excellence, "c’est tout à fait bienvenu" selon l’artiste, qui prépare un spectacle de danse-théâtre.