Société

Pop Culture : Réflexions japonaises

Chaque fois que je suis en contact avec la culture japonaise, ça me saute aux yeux: un vide extraordinaire semble se cacher sous les fondements de notre société. J’assistais récemment au vernissage de l’exposition Voyage au pays de Karakuri, de l’artiste japonais Minoru Takahashi, qui fabrique des jouets mécaniques selon une tradition vieille de quatre siècles. Dans ses oeuvres, dans de fines observations de la nature, il honore en quelque sorte ses racines et le monde qui l’entoure. Il reproduit le mouvement du vent par les feuilles d’un arbre ou raconte la fable de ce lapin, dont l’âme a été confiée à la lune. L’artiste entretient un lien privilégié avec la mythologie, qui semble tenir un rôle important dans sa vie et sa culture. Il a d’ailleurs partagé une de ses croyances avec les élèves d’une école à Trois-Rivières, avec lesquels il a réalisé un Karakuri: au Japon, lorsqu’on veut qu’un souhait se réalise, on demande l’aide aux esprits de la forêt; on griffonne notre voeu sur un bout de papier et hop! on court l’accrocher à un arbre, dans un bois. (À part puiser de l’eau de Pâques, qui guérit de tout, je ne me rappelle pas que notre peuple nourrisse de telles habitudes.) Aussi, chaque fois que Takahashi termine une pièce, il la place à côté de son lit. Et avant d’aller dormir, il lui parle… Il paraît que ce rituel sert à lui donner une âme, à la rendre plus sensible. Ce grand respect envers la vie et les traditions me touche énormément, car je trouve que ça manque pas mal chez nous, surtout quand on entend des histoires atroces comme celle du bullmastiff battu à coups de bâton ou de marteau sur le crâne. Je me dis que ce n’est sans doute pas pour rien que le Québec détient le triste record du plus haut taux de suicide au pays. Ici, on n’a plus rien pour se rattacher; on a évacué la religion et le merveilleux de nos moeurs. Ici, l’industrie de l’image abîme à grands coups de cash ce qu’il nous reste d’icônes et de personnages légendaires. Maintenant, ne laissez plus de biscuits près de la cheminée, car le père Noël mange du steak!

L’expo de Takahashi et toutes les structures gonflables de Noël qui abondent dans mon quartier m’ont aussi fait réaliser qu’ici le mot créativité n’existe plus. On ne fabrique plus ni décorations ni jouets de ses mains. On préfère acheter le gadget du moment. Ainsi, on donne le pouvoir à l’autre de choisir pour soi et on perd toute la valorisation donnée par le geste de créer.

Saviez-vous qu’au Japon, les enfants apprennent à l’école à fabriquer des Karakuri, car c’est un art qui permet le développement intellectuel et la socialisation?

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KAÏN: REPAS MAISON

Kaïn

Kaïn, qui a reçu le Félix du groupe de l’année au dernier gala de l’ADISQ, revient pour une énième fois dans la région. Le 8 décembre, il montera sur les planches de la salle J.-A.-Thompson. Si le band passe plus de la moitié de son temps en spectacle ou sur la route, j’ai eu la chance d’attraper deux de ses membres, Patrick Lemieux et Éric Maheu, au lendemain du lancement du DVD On dormira demain. Avec ce titre des plus révélateurs, je me demandais d’ailleurs s’ils ne craignaient pas de se brûler un jour. "Non!" s’était exclamé Patrick Lemieux. "On est essoufflés, mais on aime ça! On ne peut pas vraiment se plaindre. Quand tu es fatigué, tu as juste à penser à ce que ça serait une autre vie: avec ta blonde, dans une shop…" Éric Maheu avait renchéri: "Quand on est chez nous, après deux jours, je capote, je ne feel pas bien. Il faut que je retourne jouer!" Mais, le confort de leur chez-soi, ça ne leur manque jamais? " On n’a pas assez de temps pour se "parker" et se le demander. On arrive chez nous: on défait notre sac, on fait notre lavage, on le met dans la sécheuse et on le refait! […] Par contre, quand on arrive chez nous, il n’y a rien de mieux qu’une petite bouffe maison: macaronis, beurre, sel et poivre. Là, tu ne te trompes pas! " avoue Éric Maheu.