Un temps à coucher dehors
Camper sous la tente à – 30 et y prendre plaisir, c’est possible. Suffit de connaître les astuces des pros.
Nul besoin de dépenser une fortune pour s’initier au camping d’hiver. Une tente trois saisons peut très bien convenir, en autant que son armature soit en aluminium, car la fibre de verre casse au froid. "Et le double toit doit descendre assez bas, pour ne pas que le vent et la neige entrent à l’intérieur", note Dylan Page, conseiller chez Mountain Equipment Co-op. Ce qui distingue les tentes d’hiver, c’est leur armature plus solide et leur nombre réduit de moustiquaires et de trappes de ventilation.
DODO AU CHAUD
Les nuits où le mercure descend aux environs de – 15, on sera confortable dans un sac de couchage d’été inséré dans un sac d’automne. Lors des nuits plus froides, un sac d’hiver s’impose. Les plus performants peuvent garder au chaud jusqu’à – 40 degrés. De type "momie", ils sont munis d’un capuchon et d’un collet qui empêche l’air de circuler. Il existe par ailleurs des modèles pour femmes, moins longs et profilés pour épouser les courbes.
Incontournable sous le sac de couchage: le matelas isolant, qu’il soit autogonflant ou en foam. Le premier est certes plus confortable, mais moins durable et moins isolant. Superposer les deux s’avère un heureux compromis.
Côté habillement, le plus important est de porter des vêtements secs, car c’est souvent l’humidité qui nous fera geler. On revêt des sous-vêtements longs en tissu synthétique, conçus pour évacuer l’humidité, ainsi que des bas, une tuque et des mitaines. "Le secret, c’est le système multicouche, avoue Marc-André Cyr, responsable de l’équipement chez Atmosphère. On se met beaucoup de pelures, qu’on enlèvera ou rajoutera au besoin."
ABRI TOUT CONFORT
Quand vient le temps de s’installer, on creuse dans la neige pour que la tente soit un peu enfoncée, puis on tape une plateforme avec des raquettes ou des skis. La neige ainsi dégagée servira à monter un remblai protecteur à environ 40 cm de la tente, question de se laisser de l’espace pour circuler. "Si on est en forêt et qu’il ne vente pas, ce n’est pas nécessaire de monter le remblai très haut", précise Marc-André Cyr. On façonne aussi un emplacement pour cuisiner: murets, tablettes et bancs en neige. "Mettre une bâche par-dessus nous protégera du vent et de la neige", suggère Richard Malouin, propriétaire de la boutique Taïga.
TRUCS EN VRAC
Pour une première expérience, camper à côté de la maison ou d’un refuge chauffé est conseillé. Ainsi, on pourra rentrer si ça ne se passe pas bien. "Et c’est une bonne zone tampon: on a accès à une salle de bain et on peut faire sécher nos vêtements pendant la nuit", précise Marc-André Cyr.
Comme le rappelle fort justement Richard Malouin, "le plus dur dans le camping d’hiver, ce n’est pas quand on est dans son sac de couchage, c’est quand il faut se lever". On prévoit donc une bouteille pour les envies nocturnes, ce qui nous évitera de sortir dehors, et on y va mollo sur le liquide avant de se coucher.
Allumer une chandelle dans la tente fournit un peu de chaleur en plus d’évacuer l’humidité. Les candel lanterns vendues à cette fin ont une durée de vie de 9 heures.
Pour cuisiner, on utilise un réchaud au gaz liquide (naphte, kérosène…), et non au butane ou au butane-propane.
On s’hydrate bien même si on ne ressent pas la soif. Astuce: placer sa bouteille à l’envers dans un isolant, pour que ce soit le fond qui gèle et non le goulot.
Si on a trop chaud, on n’hésite pas à ouvrir le sac de couchage! Sinon, on va suer, le sac deviendra humide et gèlera pendant la journée.
Et si on a froid au nez, on n’entre surtout pas la tête dans le sac de couchage. En respirant, on fera plein d’humidité, et ce sera foutu pour le confort!
Si vous souhaitez tenter l’expérience sans grosses dépenses, vous pouvez louer un sac de couchage, une tente et un matelas de sol pour environ 25 $ chez Atmosphère.