Leurs résolutions culturelles
Société

Leurs résolutions culturelles

Pendant que nos artistes se remettent encore des festivités du temps des Fêtes, Voir a choisi de vous présenter les résolutions culturelles de toute une gamme d’acteurs importants de la scène culturelle régionale…

Si tous les acteurs de la scène culturelle régionale ont le même objectif – alimenter la vivacité de la culture régionale à même leur énergie vitale -, leurs résolutions sont variées. Pour vous informer et vous distraire tout à la fois, et pour brosser un tableau de ce qui pourrait nous attendre pendant la prochaine année… regard à la ronde.

DÉMOCRATISATION

"Toutes nos actions sont tournées vers la médiation culturelle", affirme Sylvie Gaudreault, présidente de la Commission des arts et de la culture et vice-présidente du Conseil des arts à Saguenay, selon qui la Ville de Saguenay souhaite tout mettre en oeuvre pour rapprocher les artistes et la population, en plus de développer des outils qui permettent une meilleure reconnaissance du fait culturel.

Relatant fièrement son bilan, citant entre autres l’abolition du prix des abonnements dans les bibliothèques publiques de Saguenay ainsi que la collaboration avec le Théâtre du Saguenay en ce qui a trait à la carte Jeunesse, Sylvie Gaudreault envisage l’aménagement d’une audacieuse politique de redistribution des billets de spectacle non vendus qui permettrait à certains citoyens, qui ne le feraient pas autrement, d’assister aux spectacles diffusés.

Du côté d’Alma, Manon Pilote, coordonnatrice des arts et de la culture au Service des loisirs de la Ville d’Alma, espère continuer d’offrir un bon soutien aux artistes et aux créateurs almatois, les aidant dans le passage de la création à la diffusion. Comme il est important de faire connaître les oeuvres des artistes contemporains, mais aussi de renouer avec le passé, on projette une collaboration avec la société d’histoire pour créer des circuits patrimoniaux dans les quartiers, semblables à celui de L’Isle-Maligne. Enfin, d’autres actions seront réalisées pour mettre en valeur le patrimoine culturel de la ville, comme l’éclairage et l’identification d’oeuvres présentes sur son territoire.

L’une des résolutions de Robert Hakim, directeur général du Théâtre du Saguenay, est de placer la population au coeur de ses préoccupations et de ses décisions. Il ne manque pas de souligner l’importance pour lui que soit commencée la rénovation de l’auditorium Dufour.

La démocratisation de l’art est aussi une préoccupation importante pour les centres d’artistes de la région. Jocelyne Fortin, directrice de Langage Plus, souhaite "développer davantage de projets en lien avec la communauté". "Pour ce faire, nous voulons consacrer plus de ressources à la médiation dans un sens très large. Il y a différentes approches à mettre en place pour démystifier l’art actuel", précise-t-elle. C’est en partie par l’intensification des activités éducatives que le centre espère créer des liens avec le public. Et avec son prochain déménagement, Langage Plus devrait aussi réussir à mieux se rapprocher de la population.

La même tension vers la communauté inspire Espace Virtuel, dont la thématique orientant la prochaine programmation, Dans ma localité, devrait permettre une "réinsertion sociale" de l’organisme. Selon Marie-Hélène Leblanc, directrice du centre, certains artistes seront même invités à travailler avec des sans-abri et des immigrants, ces personnes ayant un rapport à l’espace tout à fait particulier.

CONCERTATION

Toute l’équipe de la Rubrique (Serge Lapierre, Josée Bourassa, Lyne L’Italien et Benoît Lagrandeur) nous souhaite une année sucrée…
photo: La Rubrique

S’il est une tendance remarquable dans le milieu de la culture, c’est sans doute le désir d’une meilleure concertation entre ses différents acteurs. C’est entre autres ce que soutient Josée Bourassa, responsable des communications pour la compagnie de théâtre La Rubrique: "On veut qu’il y ait une grande ouverture de la part de la Rubrique face aux autres intervenants du théâtre de la région. On voudrait qu’il y ait une belle concertation entre tous ceux et celles qui font du théâtre ici, entre autres du théâtre d’été." Des démarches de rapprochement auraient d’ailleurs été mises en branle récemment, qui alimenteraient déjà un certain optimisme. "Nous sommes tous des gens qui veulent offrir le meilleur de nous-mêmes aux gens d’ici, aux gens qui nous visitent, mais on ne veut pas être tous des compétiteurs", conclut-elle.

Sébastien Harvey, président du conseil d’administration du mouvement de création sous contrainte 3REG, alimente le même désir pour le milieu des diffuseurs alternatifs: "On va essayer de créer un réseau avec d’autres collectifs. L’idée, ce n’est pas d’étendre la formule 3REG, mais de voir la réalité vécue par les autres collectifs, leurs problèmes, leurs projets… Un jour, peut-être verra-t-on une union internationale des diffuseurs alternatifs en situation de contrainte, qui sait?"

Auto-portrait loufoque de Philippe Belley qui nous souhaite "des soirées mémorables de Dolbeau-Mistassini, en passant par La Baie et Alma; une harmonie entre tous les intervenants du spectacle; enfin, une Fabuleuse tellement fabuleuse qu’elle retrouvera ses airs de jeunesse."
photo: Philippe Belley

Philippe Belley, chroniqueur culturel à l’émission du matin de CBJ Radio-Canada, en plus de souhaiter l’harmonie entre tous les diffuseurs de la région, est résolu à offrir une meilleure couverture de la région, à faire le pont entre le Saguenay et le Lac-Saint-Jean: "C’est un problème dans tous les médias. Il y a un arrimage de contacts qui n’est pas fait. Ma résolution, ce serait de représenter encore mieux le Lac-Saint-Jean."

Si la concertation semble envisageable dans certains milieux, les débats qui se sont animés récemment entre les différents diffuseurs de la région n’ont pas trouvé leur dénouement, et les relations sont toujours tendues. Poser la question à l’un des intervenants concernés, c’est aussitôt prendre conscience d’un malaise qui ne semble pas prêt de se résorber. Si d’un côté Robert Hakim se veut conciliant, souhaitant que l’entente entre le Théâtre du Saguenay et le Théâtre du Palais municipal de La Baie se consolide, Réjean Bouchard, porte-étendard d’Objectif Scène, cet organisme regroupant 12 diffuseurs professionnels, en appelle à la conscientisation: "Je prends la ferme résolution de poursuivre les luttes déjà entreprises sur les plans régional et national pour que l’activité culturelle chez nous demeure bien vivante et diversifiée. C’est une fenêtre essentielle sur le monde réel ou imaginaire qui nous entoure et nous devons la garder bien ouverte."

OUVERTURE

Plusieurs des personnes interrogées ont fait appel, comme Réjean Bouchard, à une ouverture sur la diversité et la nouveauté. Robert Hakim chérit quant à lui toujours le projet de la création d’une plus petite salle de spectacle, complémentaire, qui permettrait de présenter plus de spectacles de la relève professionnelle québécoise, lui offrant une plus grande reconnaissance.

Véronique Gagné, directrice des Productions Inattendues, s’intéresse plus particulièrement à la reconnaissance des artistes issus de la région. "Il faut défendre le talent de la région, la valeur de nos artistes. Faire de l’art, ça a aussi une valeur. Je veux être capable d’en faire prendre conscience au grand public."

Richard Courchesne: "Je ne sortirai pas l’encensoir pour les méga-productions régionales, cette année."
photo: Radio Énergie

Pour quelques-uns, toutefois, une telle ouverture va de pair avec une critique plus mordante. C’est le cas de Richard Courchesne, morning man sur les ondes de Radio Énergie, qui est résolu à être plus critique envers les productions régionales: "Cette année, je ne participerai pas à la séance de "lichage de cul" collective", affirme-t-il sans compromis. "Je continuerai de faire des pressions à Astral Musique pour que nous continuions à tourner du Pierre Lapointe, du Malajube et du Karkwa… Je passerai mon tour pour Stefie Shock."

VOUS ÊTES JUGES

Les résolutions étant ce qu’elles sont, seul le temps pourra nous dire celles qui étaient vouées à l’oubli, et celles qui se seront véritablement réalisées. Gardez l’oeil ouvert! Vous êtes maintenant juges de la volonté des artisans de notre culture régionale.

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Voir tient à remercier la coalition des théâtres de la Rubrique et du Double-Signe pour leur aimable collaboration.