REERalité
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REERalité

Février, le temps des déclarations d’impôt avance à grands pas. Dans cette foulée, les REER occupent l’attention; ils permettent de se préparer une retraite, d’épargner de l’impôt. Une option intéressante qu’il faut planifier avec attention.

Le REER, c’est joindre l’utile à l’agréable; en faisant des placements pour se planifier une santé financière lors de la retraite, on épargne de l’argent grâce à une déduction d’impôt. C’est d’ailleurs la pertinence de ce type d’épargne. "On ne prend pas de REER si on ne paye pas d’impôt", informe Suzanne Paquette, professeure de comptabilité à l’Université Laval. "En fait, plus le taux d’impôt est élevé, plus c’est avantageux." Ainsi, il peut être intéressant de reporter des contributions au REER d’une année avec un faible taux d’impôt vers une année future où nos revenus seront plus élevés, ce qui entraîne une imposition supérieure. En effet, il est possible de reporter les contributions d’une année à l’autre. Cependant, il est intéressant de commencer tôt à cotiser à un REER puisque les intérêts augmentent davantage avec les années. "L’idéal est de mettre 15 % de ses revenus dans son REER et d’utiliser le retour d’impôt pour le bonifier davantage", rappelle Guy Légaré, directeur des services financiers chez ROY assurances et services financiers.

Maximiser son REER peut aussi passer par la prise d’un prêt. La combine classique consiste à emprunter un montant d’argent afin de le mettre dans ses REER. En faisant cela, on augmente la déduction d’impôt. La somme qui nous revient du gouvernement nous sert alors à rembourser le prêt, ou du moins une partie de celui-ci. Si les deux spécialistes que Voir a consultés ont recommandé cette manoeuvre, ils invitent à l’utiliser avec une bonne planification. Pour que ce soit profitable, il faut que l’intérêt que l’on paye pour le prêt soit inférieur aux bénéfices produits par la somme additionnelle investie dans le REER. "Plus vite on rembourse le prêt et plus ça vaut la peine", constate Mme Paquette. "Il est préférable de rembourser le prêt en 12 mois, renchérit M. Légaré. On peut aller jusqu’à 24 si notre situation financière nous le permet." Ainsi, il ne faut pas lésiner sur le remboursement de la dette contractée si on ne veut pas voir ses bénéfices partir en fumée.

L’argent accumulé dans les REER peut représenter un montant important et on peut être tenté de l’utiliser avant le moment de la retraite, pour faire des rénovations sur la maison ou acheter une voiture. Devant une telle option, M. Légaré est catégorique: "Il faut utiliser une autre source de financement plutôt que de puiser dans les REER, quitte à reprendre une hypothèque sur la maison." L’argent retiré ainsi du fonds s’ajoute aux revenus lors du calcul aux fins d’imposition. Il y a un gros risque de payer un fort montant d’impôt avec cette manoeuvre. M. Légaré présente ainsi le fait tout simple: "Lors de la retraite, le taux d’imposition est moins élevé parce qu’on a généralement moins de revenus." Il est préférable de conserver ses REER pour ce à quoi ils sont d’abord destinés. Il y a tout de même entre 8 et 9 % d’individus qui retirent de l’argent de leur REER au Québec annuellement, d’après une étude de Mme Paquette. Celle-ci constate que "si notre taux d’imposition baisse, ça peut être avantageux". Dans une bonne proportion des cas où de l’argent est retiré des REER avant la retraite, il y a une baisse significative des revenus. Les situations financières précaires, telles que le chômage par exemple, sont ainsi les moments où on lorgne vers les REER avant le temps de la retraite.

Il existe cependant un programme qui permet de retirer de l’argent des REER sans payer d’impôt. Il s’agit du Régime d’accession à la propriété (RAP). Lors de l’acquisition d’une première maison, il est en effet possible de retirer un montant de ses REER pour financer l’opération. Le RAP fournit alors le montant d’argent comptant nécessaire pour l’achat d’une maison. Cela peut être avantageux, selon M. Légaré, dans les cas où "ça permet de ne pas contracter un prêt garanti par la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL)". Il est préférable ainsi de puiser dans son REER plutôt que de payer des primes de 2,5 % à la SCHL. Cependant, l’argent ainsi pris dans le fonds doit être remboursé annuellement dans une proportion minimale de 1/15 du montant retiré. À défaut de quoi, le gouvernement va imposer le montant retiré. "35 % des retraits annuels des REER sont des situations où les individus n’ont pas réussi à rembourser leur RAP", explique Mme Paquette. Comme quoi il faut bien préparer son RAP si on ne veut pas voir partir son argent en financement gouvernemental.

Finalement, il existe plusieurs produits financiers accessibles pour monter son REER, de l’obligation d’épargne à l’achat d’actions. Il n’y a pas de formule universelle pour composer un bon REER. "Ça dépend de votre tolérance au risque, scandent nos deux experts, ainsi que de votre situation financière." Cependant, Mme Paquette conseille en premier lieu aux épargnants débutants de commencer tôt à prévoir leur retraite. Et bien que pour beaucoup d’individus, le REER soit le meilleur véhicule d’épargne, il n’est pas le seul. Il faut savoir regarder l’ensemble des options. De son côté, M. Légaré émet le conseil suivant: "Avant de "boursificoter", il faut apprendre à accumuler, à épargner; ne pas chercher les rendements mais être capable de mettre de l’argent de côté, tout simplement." Ainsi, il est préférable de bien planifier ses épargnes avant de s’improviser expert boursier si on veut compléter ses REER en beauté.