Michel Pruneau : Faites l'amour, pas la guerre
Société

Michel Pruneau : Faites l’amour, pas la guerre

Avec Les Monologues du pénis, Michel Pruneau propose un portrait sincère de l’homme contemporain et s’attaque à la guerre des sexes avec humour et fantaisie. Prêts pour un nouveau contrat sexuel ?

Apprendre à pisser debout, surmonter le traumatisme de la circoncision, s’affirmer devant ses copains de cours de récréation, découvrir "le bonheur et la douleur de bander", s’essayer aux premières caresses intimes, assumer la taille de son sexe et se lancer à la conquête des filles: on ne naît pas homme, on le devient! Après avoir exploré les mystères de la paternité dans Coeur de père et les déboires du couple contemporain dans Plaisirs et défis du lien amoureux, l’écrivain québécois Michel Pruneau s’attaque aux affres de la condition masculine dans son nouvel ouvrage Les Monologues du pénis.

"Ce livre est une réponse structurée aux Monologues du vagin d’Eve Ensler. Je l’ai construit comme un manifeste du désir masculin, car cela fait longtemps que j’écoute des hommes me parler des inquiétudes qui menacent leur droit au bonheur, au plaisir et même à la vie", explique Michel Pruneau. "Presque tous les hommes se plaignent du manque de disponibilité sexuelle de leur compagne et se sentent frustrés. Pourquoi? Parce que la société refuse d’admettre une réalité biologique simple: les hommes ont besoin de baiser!" déclare-t-il.

TOUT SUR LE ZIZI

À partir de ses propres souvenirs et expériences, des réflexions de ses proches, des confidences recueillies lorsqu’il travaillait dans un centre de formation en massothérapie ou d’anecdotes entendues dans les vestiaires après un match de hockey, il a rédigé un ouvrage ludique, proche de la fable, abordant les sujets tabous de la masturbation, de la pornographie, du viagra, de l’infidélité ou même de la sodomie avec humour, sans langue de bois, relatant avec tendresse les différentes étapes qui structurent la vie d’un homme et de son pénis, de la naissance jusqu’à la mort. Le lecteur découvre ainsi les souvenirs et les réflexions intimes de Luc "le pénis ludique", Claude "le pénis en colère", Antoine "le pénis angoissé", Philippe le "pénis philosophe" et Victor "le pénis visionnaire", des hommes d’âges et d’origines différentes, explorant toutes les facettes de leur sexualité.

Si Les Monologues du pénis déplorent la tendance à la féminisation "castratrice" de notre société où "il est actuellement de bon ton de représenter les mâles comme ayant un quotient intellectuel qui s’apparente à celui du gorille", où l’on empêche les petits garçons d’arborer des t-shirts à l’effigie de Spiderman, perçu comme un modèle trop agressif, et où un homme qui drague est immédiatement perçu comme un "mâle pervers et dangereux", Michel Pruneau se garde bien d’y faire l’éloge misogyne du macho à l’ancienne, glorifié dans Le Premier Sexe du journaliste français Eric Zemmour. "Ma perspective est humaniste. Je critique à la fois le féminisme et le masculinisme. Les relations entre hommes et femmes sont de plus en plus violentes. Chacun s’isole dans sa frustration, et il est presque devenu impossible de communiquer. Tout devient agressif, il n’y a plus de solidarité humaine: il faut sortir de cette guerre des sexes destructrice!" se désole l’écrivain.

HOMMES/FEMMES: MODE D’EMPLOI

Au fil de l’ouvrage, Michel Pruneau, qui travaille dans le domaine de l’éducation depuis plus de vingt ans, dénonce le milieu scolaire qui "nie la nature profonde des garçons en leur interdisant d’être en mouvement, castrant ainsi leur soif de connaissance et leur désir de découvrir", l’hyper-sexualisation de notre société où "la publicité est basée sur une sollicitation sexuelle permanente, agaçant continuellement le malheur sexuel des hommes et où les représentations violentes de la pornographie hard empêchent d’apprendre à composer avec la différence de l’autre" et "la peur du désir de l’autre" qui sclérose la société. La solution pour sortir de l’écueil? "Aujourd’hui que les femmes se sont libérées de la domination économique et politique des hommes, je crois qu’il est urgent de repenser notre sexualité. La monogamie rend tout le monde malheureux: comment peut-on demander à l’autre d’être sa "moitié", de lui appartenir et de le combler totalement? Pour moi, la solution, c’est l’omnigamie, un couple libre où chacun peut déterminer ce qu’il veut vivre selon ses propres désirs, sans heurter l’autre, sans cesser de l’aimer", propose l’écrivain qui se déclare fasciné par le couple mythique formé par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. L’amour libre comme antidote à la guerre des sexes? Voilà qui risque de pimenter vos (d)ébats de la Saint-Valentin!

Les Monologues du pénis
Michel Pruneau
Lanctôt Éditeur