Pop Culture : Chroniques d'une guerre inachevée
Société

Pop Culture : Chroniques d’une guerre inachevée

Musée canadien de la guerre dans son nouvel édifice à l’architecture avant-gardiste il y a deux ans, je m’étais interrogée quant à la pertinence de tant de confettis pour un musée consacré à la guerre dans la capitale nationale. Puis, en explorant quelques expositions, j’ai constaté que oui, ce musée avait sa raison d’être: la guerre faisant résolument partie de l’histoire canadienne, il était pertinent de l’aborder de front, avec un angle humaniste autant que possible. Surtout avec des expositions comme Armes de diffusion massive – La Propagande de guerre, qui était bien construite et très instructive.

Mais lorsque j’ai reçu le carton d’invitation pour la nouvelle exposition Afghanistan, chroniques d’une guerre, j’ai froncé les sourcils. Pourquoi consacrer une exposition à une guerre qui bat toujours son plein en ce moment même, alors que la présence canadienne est objet de controverse, alors que plusieurs désapprouvent la présence du Canada en Afghanistan? Et quel angle a donc pris ce musée?

Ce qui surprend dès l’entrée dans la salle d’exposition, c’est de commencer avec les événements du 11 septembre 2001; une liasse de billets de 100 $ trouvée dans les décombres, un fragment de fuselage d’un des avions meurtriers, un graphique des deux tours avec les noms des victimes, etc. On poursuit avec les sujets de l’impact national et international de ces attaques, de la décision d’aller en guerre et du déploiement des troupes canadiennes en Afghanistan.

Ces "chroniques" de guerre sont principalement celles des journalistes Stephen Thorne de la Presse canadienne et Garth Pritchard, documentariste indépendant, à partir de documents photographiques et vidéo de leur cru.

Des coupures de presse alourdissent l’exposition, mais les sections qui traitent des opérations des soldats canadiens (la recherche de Ben Laden, l’opération Apollo, etc.), de la reconstruction de Kaboul (avec les enjeux de l’éducation, de la santé, de la sécurité) notamment sont bien dosées.

Les photos sont pertinentes et les vidéos, qui comportent des avertissements pour le spectateur, sont souvent pénibles à regarder et prenantes. On se sent mal à l’aise face à tout cela, on est bouleversé face à cette guerre dont on est témoin, qui se poursuit. Plusieurs histoires personnelles sont également relatées, mettant en lumière l’expérience humaine réelle de la guerre pour les soldats. La participation des Afghans eux-mêmes dans l’effort de reconstruction est aussi documentée.

L’artefact central de l’exposition est un véhicule militaire qui a été la cible d’un engin explosif improvisé, faisant quatre blessés canadiens. Autrement, on nous présente principalement des armes et autres éléments de l’attirail militaire.

L’exposition se termine avec le passage obligé d’un reportage photo des 44 familles qui ont été laissées dans le deuil… Cela laisse un goût amer dans la bouche, mais force est de constater que l’exposition n’est pas une exposition de propagande ou une publicité déguisée des Forces armées canadiennes. La parole est donnée au visiteur dès l’entrée, puisqu’il est invité à s’exprimer sur le 11 septembre, et se termine avec une réflexion sur les conséquences de la présence canadienne en Afghanistan avec les gros titres: RESTER, PARTIR, suivis de citations appuyant les deux points de vue.

Le musée se garde donc de prendre position quant à la place du Canada en Afghanistan et cherche à donner un aperçu documenté sur une importante page de l’histoire qui se déroule présentement sous nos yeux. Des murs ont été laissés vides dans la salle pour ajouter des coupures de presse ainsi que différents documents et artefacts au fur et à mesure que les événements évolueront, puisque l’expo se poursuit jusqu’en janvier 2008.

Une série de programmes publics encouragera également la population à s’engager dans un dialogue éclairé sur le sujet, avec conférences, activités d’animation et visites commentées. Info: www.museedelaguerre.ca

ooo

L’ART AU TRAVAIL

Dans le cadre de son 35e anniversaire, la Banque d’oeuvres d’art du Conseil des arts du Canada a lancé mercredi dernier le livre L’Art au travail, sous la direction de Victoria Henry. L’ancienne gouverneure générale Adrienne Clarkson y signe l’avant-propos, alors que le livre comporte des textes de plusieurs collaborateurs illustres qui soulignent la portée de l’institution, qui agit comme modèle à l’étranger. Le livre offre également un joli coup d’oeil sur les trésors que renferme la Banque témoignant de sa vaste collection d’oeuvres contemporaines canadiennes. Une riche trouvaille! Info: www.artbank.ca.