Pop Culture : L'art et la vie
Société

Pop Culture : L’art et la vie

Certaines formes d’art sont perçues comme étant moins accessibles que d’autres. La danse contemporaine fait partie du lot, le théâtre expérimental aussi. Le spectateur qui ose assister à des spectacles de ce genre doit accepter de plonger dans des univers inconnus et parfois même inquiétants.

Toutefois, il vaut la peine d’investir dans des spectacles plus sérieux, oserais-je dire, car le coup de coeur a le don de se trouver là où on ne l’attendait pas. Quand j’assiste à un show, je me rends compte que j’ai surtout envie d’être divertie, d’en avoir plein la vue. Mais certaines productions sont dotées d’un redoutable pouvoir: celui de nous aider à façonner notre façon de penser et de voir le monde. Rien de moins.

Y’a de ces spectacles qui nous font saisir de grandes vérités, nous mettent face à l’évidence qu’on ne voyait plus. J’ai en tête le Théâtre de l’Hybris, qui a offert une production de haute voltige la semaine dernière au Théâtre Léonard-Saint-Laurent. J’ai hésité avant d’aller voir 4.48 Psychose. C’est que la pièce décrivait un univers sombre: celui de l’esprit malade et torturé de l’auteure Sarah Kane, qui, dans la vraie vie, s’est pendue avec ses lacets dans une salle de bains de l’hôpital où elle était traitée pour dépression. Je n’étais pas sûre d’avoir envie de goûter, un samedi soir, à un propos aussi sombre. Mais je n’ai pas regretté mon choix.

Avec sans doute peu de moyens financiers, la jeune troupe a su monter un spectacle professionnel, avec de bonnes comédiennes, dont l’une – Mylène Bergeron – était dotée d’un magnétisme particulier. Le metteur en scène Philippe Dumaine a osé, enracinant ses interprètes dans l’eau, les faisant trembler du début à la fin dans de longues robes noires, mouillées et lugubres. Je suis sortie de là avec une pensée qui ne m’avait pas habitée depuis longtemps: j’aime la vie.

En retournant chez moi, je suis passée par un pont piétonnier qui enjambe les chutes de la rivière Magog. Sous les flocons de neige, les joues mordues par le froid, j’ai traversé la rivière et la forêt, transportée par la musique qui sortait de mon iPod. J’ai alors été habitée par une puissante émotion. Malgré les échecs, les faux pas, les amours décevants, les moments de solitude et les doutes, je suis profondément reconnaissante d’avoir été gratifiée de ce cadeau qu’est la vie. Et c’est une pièce au propos lourd et déprimant, défendue par une très jeune troupe sherbrookoise, qui m’a permis d’en prendre conscience. Que voilà un 10 $ bien investi!

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D’AUTRES COUPS DE COEUR EN VUE?

Le Petit Théâtre reprend la formule Carte blanche, qui laisse la voie libre à différents créateurs. L’événement débute vendredi à 20h avec une carte à André Poulain et Jacinthe C. Tremblay, qui ont mis en lecture La Dernière Bande de Samuel Beckett ainsi qu’un complément au texte original, La Femme de la barque, écrit par André Poulain. Marie-Claude Élias participe à la mise en lecture.

Le lendemain à la même heure, les membres du Collectif de théâtre Moncton-Sable explorent le rythme et la musicalité de la langue française dans un atelier ouvert au public et animé par Michel Garneau. Pour info: 819 346-7575.