Pop Culture : On n'arrête pas le progrès
Société

Pop Culture : On n’arrête pas le progrès

Dans une journée, les médias reçoivent une flopée de communiqués visant à attirer leur attention sur des sujets plus ou moins dignes d’intérêt, surtout pour un journal voué à la couverture culturelle. Plusieurs de ces documents prennent tout droit le chemin de la corbeille.

Je m’apprêtais à réserver ce sort à un communiqué lorsqu’une phrase a attiré mon attention. On y parlait de l’inauguration de l’édifice à l’angle des rue King et Jacques-Cartier. Vous savez, la bâtisse en briques qui réunit un Tim Hortons, un Esso et un dépanneur. "Le propriétaire sherbrookois est très fier de la qualité architecturale de son édifice qui aux dires [sic] de plusieurs, s’harmonise parfaitement à son environnement", nous dit le communiqué, qui cite ensuite le propriétaire de la bâtisse, Pierre Laneuville. "Pour moi, il était fondamental d’intégrer ce nouvel édifice au cadre bâti existant."

Un cadre bâti existant pour combien de temps? Si on jette un oeil autour de ce fameux bâtiment, on voit d’abord une superbe église qui sera bientôt démolie pour faire place à une pharmacie et à une clinique médicale. Ensuite, on remarque – et il est difficile de le manquer – l’ancien Canadian Tire, qui sera, lui aussi, démoli pour faire place à une épicerie. Bientôt, Sherbrooke pourra sans aucun doute revendiquer le titre de la ville qui possède le plus de supermarchés per capita! Le tour d’horizon se termine avec un dépanneur Couche-Tard, un restaurant chinois et un mini-centre commercial hideux.

"On n’arrête pas le progrès, mais on devrait", disait Patrick Masbourian dans son émission estivale à la radio de Radio-Canada. La Ville s’est dotée d’un plan d’implantation et d’intégration architecturale pour ce secteur. L’intention est louable. Mais ce qui me dérange profondément, c’est cette mentalité de détruire pour mieux construire. La durée de vie des bâtiments semble de plus en plus écourtée. Je me désole que personne n’ait réussi à trouver une nouvelle vocation à l’église Saint-Jean-de-Brébeuf. Nos entrepreneurs sont-ils si dépourvus d’imagination?

Ce qui m’horripile encore plus, et j’en ai déjà parlé, c’est que le nouveau bâtiment qui rend son proprio si fier soit doté d’un service à l’auto pour aller se chercher des beignes et du café non équitable. Dans un contexte de réchauffement planétaire, il me semble qu’il s’agit d’un investissement à très courte vue. Si nous fermions tous les services à l’auto en Amérique, nous franchirions déjà un pas vers l’atteinte des objectifs de Kyoto. Un pas vers la santé globale aussi. Car ces damnés services à l’auto ne servent qu’à une chose: se gaver plus rapidement de malbouffe, en évitant soigneusement de sortir de sa voiture au moteur ronronnant.

LOCATAIRES DE HLM ET COMEDIENS

Le Théâtre des petites lanternes semble partout ces temps-ci. La compagnie a donné un coup de main à l’Office municipal d’habitation de Sherbrooke pour monter le spectacle Imaginons…, présenté les 23 et 24 février à 19h30 au Théâtre Léonard-Saint-Laurent. Conçue et interprétée par des locataires de HLM, la pièce vise à briser l’isolement des résidents et à combattre les préjugés.