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Après un questionnement sur la nature de la culture québécoise, sur son évolution et ses orientations, c’est maintenant à sa définition à l’heure d’Internet et de la mondialisation que s’intéressera la deuxième partie des rendez-vous de l’INM, les 16 et 17 mars.

Au fil du temps, on a de cesse, avec l’avènement de nouvelles technologies, de nouveaux moyens de communication, de se questionner sur la nature de l’art. Andrée Fortin, professeure au Département de sociologie de l’Université Laval, rappelle que déjà, dans les années 20, on se demandait ce qu’il adviendrait de l’oeuvre d’art au moment où on pourrait la reproduire. Quelle serait la place de l’original? "Cette question, on se la repose avec Internet", souligne-t-elle. Mais, alors que la distribution de la culture change, la participation culturelle prend elle aussi de nouvelles couleurs. "En 2004, c’est environ le tiers de la population du Québec qui a dit pratiquer à titre amateur des activités artistiques", poursuit Mme Fortin.

De cette manière, selon elle, la culture devient quelque chose que l’on peut s’approprier. En parallèle, Andrée Fortin indique aussi que l’on assiste à la montée de tout ce qui est improvisation, de l’improvisation théâtrale à l’improvisation musicale, en passant par le slam de poésie, les iPod battles ou encore la peinture en direct. De plus, avec cette nouvelle technologie et cette nouvelle approche culturelle, les jeunes générations auront ainsi, toujours selon Mme Fortin, un rapport à la culture qui est différent de celui des générations antérieures.

Mais cette culture ne s’apparente-t-elle pas à une forme de culture personnelle, individuelle, plutôt qu’à une culture plus sociale? En cela, il faut faire référence aux conclusions du premier atelier de l’Institut du Nouveau Monde (INM), en février dernier. "On y avait beaucoup insisté sur la culture commune, véhiculée par l’école et la famille. C’est à partir de là que peuvent se greffer les différences, les variations", considère Mme Fortin.

FAMILLE, ÉDUCATION, ESPACE PUBLIC

En effet, à la mi-février, plus de 850 personnes, à travers le Québec, s’étaient réunies par régions afin de réfléchir aux orientations de la culture. Lors de la rencontre à Québec, Bernard Gilbert, producteur à Ex Machina, avait noté qu’il était impératif de mettre en avant une culture commune à tous les Québécois, tout en rappelant que cette culture n’est pas homogène "et ne l’a jamais été". "C’est une culture qui repose depuis toujours sur le dialogue et sur le métissage", avait-il ajouté. "J’espère que la culture québécoise deviendra une culture qui cherche comment respecter la vision de chaque personne, de chaque individu, de chaque communauté", avait remarqué de son côté Kevin McCoy, directeur artistique du Théâtre Humain.

La plupart des participants avaient noté que les bases de cette culture commune se trouvaient d’abord et avant tout dans une éducation commune au sein du système scolaire, et une éducation en milieu familial. "La famille est le noyau de la société, de la culture et de l’éducation", avait rappelé Celeste Fabricio, étudiante au doctorat en anthropologie à l’Université Laval. Et le religieux? "S’inscrire dans une tradition religieuse, c’est s’inscrire dans une tradition de violence: aucune religion n’a été épargnée. Le rapport au passé doit donc être un regard critique, accompagné d’une reconnaissance de l’altérité, de l’autre aujourd’hui", remarquait Guy Jobin, professeur au Département de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval.

Au terme des ateliers, les participants avaient aussi noté que l’espace public devait demeurer laïc, question qu’il puisse assumer son rôle de lieu de délibération, de rencontre et de dialogue. Tout ça, question de favoriser, en parallèle, les échanges interculturels entre les différentes communautés, autant immigrantes qu’autochtones et québécoise dite "de souche". Et bien entendu, sans oublier la question de la langue française, objet d’unification.

LE QUÉBEC AILLEURS

Mais dans tout cela, il y a aussi ses rapports avec l’international qui pourraient bien définir l’évolution de la culture québécoise. "On ne demande jamais qu’est-ce que Montréal peut devenir comme moteur culturel. Notre validation est toujours au niveau international, alors que, normalement, qu’est-ce que la culture, sinon un système d’autovalidation?" se questionne Jocelyn Robert, codirecteur artistique d’Avatar, qui abordera le sujet dans les rendez-vous de mars. Il déplore ainsi qu’un projet, mené par exemple dans la ville de Québec, risque bien d’avoir plus de rayonnement en Europe que dans la province. "Pourquoi est-on tant fascinés par la validation internationale?" lance-t-il.

Bien entendu, dans tout cela, M. Robert ne manque pas de souligner que l’apport de l’international est important dans la progression et la diffusion de la culture québécoise. "Mais il y a beaucoup de craintes, et ces craintes jouent un rôle un peu pervers. On veut préserver la culture québécoise, mais il n’y a pas d’utilité à préserver une culture. Une culture, c’est comme un enfant. Actuellement, l’insécurité fait qu’on veut préserver cet enfant plutôt que de le voir grandir", poursuit-il. Cela changerait, pour Jocelyn Robert, l’approche par rapport à la mondialisation: "Il faut se demander qu’est-ce qu’il y a de génial ici et se dire qu’ils le trouveront sûrement génial ailleurs."

Aussi, on peut imaginer que, autant le regard du Québec sur le monde change, autant les liens entre les grands centres et les régions évoluent. "L’évolution des communications de masse a fait beaucoup pour sortir les régions de leur isolement. Mais il faut aussi que les politiques culturelles dotent les régions des espaces publics où la culture pourra se développer de façon humaine, pour que les régions puissent développer leurs propres productions", note l’une des porte-parole de l’événement pour la région de Québec, la comédienne Marie Gignac.

Le 16 et 17 mars, la réflexion se poursuivra dans ces rendez-vous stratégiques orchestrés par l’INM, du côté du Musée de la civilisation. Tous les intervenants n’ont cessé de rappeler l’importance et l’intérêt pour tous d’y participer. "La culture québécoise est intimement liée à notre identité, à travers la façon dont on vit, dont on crée, dont on la consomme. Et elle appartient à tout le monde", termine Mme Gignac. Tout cela, en route vers les rendez-vous provinciaux des 27 et 28 avril à Montréal. À suivre…

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LES CITATIONS DE LA SEMAINE

Élections obligent, nos politiciens sont en mode "déclaration choc". Nos journalistes sélectionnent pour vous quelques-unes des nombreuses perles – surtout les plus navrantes – que nous réserve cette course au pouvoir. Cette semaine: le PLQ et l’ADQ continuent de se lancer des tomates alors qu’André Boisclair parle mode.

Un gouvernement minoritaire adéquiste? Une bonne idée, selon Mario Dumont dans la Presse canadienne… "La vie est belle, ça n’empêche pas les fleurs de pousser au printemps, le gouvernement reste éveillé et s’occupe du monde."

Et qu’a-t-il à dire, toujours dans la PC, sur les candidats à qui il a dû demander de démissionner au cours des dernières semaines? "On n’est pas gêné de notre monde, on n’est pas gêné de notre équipe, mais ce genre de propos, ça, on n’a pas de place pour ça."

Ce qui n’empêche toutefois pas Jean Charest de le railler au sujet de ces démissions sur les ondes de Radio-Canada: "C’est un nouveau record, c’est la première fois dans l’histoire du Québec qu’on aura un parti qui présentera plus de candidats que de comtés. Et c’est pas fini encore!"

En cours de semaine, M. Charest a aussi patiné autour de la question de la partition du Québec. Sa dernière position, tirée de la PC? "À mon avis, le Québec n’est pas divisible. Cela étant dit, est-ce qu’il y a des gens qui vont soulever la question? La réponse est oui, je pense que c’est inévitable."

André Boisclair souligne, de son côté, aussi dans la PC, l’importance d’une campagne sur le fond plutôt que sur la forme: "Tout le reste, ça tient beaucoup de la distraction. Le reste: les accents, la forme, le style; les Québécois sont intelligents et comprennent la qualité de nos propositions. Ils sont là les vrais enjeux, pas sur les choix de mots, la couleur de la cravate, le style et l’habit que je vais porter." Un peu plus tard, il ajoute que, le 26 mars, "est-ce qu’on choisit un comédien pour jouer le beau rôle, qui nous ferait de la belle façon en toute circonstance, ou si on choisit un premier ministre?"