UDA : Des cliques et des claques
Ça chauffe à l’UDA. Laissé vacant par le départ de Pierre Curzi, le siège du président est convoité par deux acteurs: Sébastien Dhavernas et Raymond Legault. Regard sur la première lutte électorale de l’UDA depuis 1981.
Une bonne partie de l’équipe Legault, lui-même président par intérim, oeuvrait déjà sous le règne de Curzi. Se sont ajoutés de gros noms tels Luc Picard, Sylvie Léonard et Lulu Hughes. Aussi connus soient-ils, ce n’est pas un gage d’efficacité, croit Dhavernas. "L’équipe Legault fait très "club privé". On utilise toujours la même recette. On va chercher des membres – pour qui j’ai un très grand respect – qui sont très connus. Certains sont élus haut la main, mais on ne les voit qu’au début de leur mandat. Il faut absolument qu’il y ait des forces fraîches", soutient-il.
La jeunesse étant le pivot de sa campagne, Dhavernas, âgé de 57 ans, est fier de la diversité de son équipe, qui laisse une place à la fois aux jeunes (Marie-Anne Alepin, Mirianne Brûlé) et aux plus connus (François Papineau, Béatrice Picard). Militant depuis 35 ans dans l’UDA, Dhavernas veut donner envie aux jeunes de s’impliquer. "Je pense qu’il est temps que ma génération transmette le pouvoir à celle qui nous suit. Le dialogue intergénérationnel est nécessaire pour la pérennité de l’UDA."
Sans nier l’importance de la relève, Legault croit pour sa part qu’il ne faut pas la prioriser. "Quel que soit leur âge, tous les artistes sont pris avec des problèmes semblables. Par exemple, Dhavernas se concentre sur les jeunes quand il parle d’accessibilité aux auditions, mais ce type de difficulté existe à 20, 30 ou 40 ans."
PARTICIPER OU FAIRE CONFIANCE
La participation active des membres de l’UDA est l’autre grande préoccupation de Dhavernas. "Il n’y a plus personne aux assemblées. On veut que les membres deviennent acteurs, et en ce moment, ils ne sont que spectateurs. Un récent sondage affirme que 67 % des membres n’ont jamais assisté à une assemblée de l’UDA", s’indigne Dhavernas qui prévoit, s’il est élu, organiser un congrès.
Or, si faible taux de participation il y a, Legault n’y voit rien d’inquiétant. "Je crois plutôt que c’est signe que les gens font confiance à l’administration", explique-t-il, précisant que le taux de présence n’est pas toujours aussi bas que le prétend Dhavernas. "Chaque fois que l’on fait une assemblée sur un enjeu important, le nombre de participants grimpe considérablement."
Legault préfère se concentrer sur ce qui lui semble la raison d’être de l’UDA: négocier des ententes collectives avec les meilleures conditions possibles. Ce qui exige, selon lui, une bonne connaissance des dossiers. Legault s’oppose ainsi à l’idée de Dhavernas de limiter à deux le nombre de mandats des membres du comité exécutif. "Devenir un bon administrateur, ça peut prendre quatre ans. Bien apprivoiser les dossiers demande environ un an. On représente tellement de monde, tellement de secteurs. Les cas sont extrêmement longs à régler, il est évident que si le porte-parole d’un dossier disparaît, ça ralentit les choses."
BISBILLE
Si les deux clans s’entendent sur le fait qu’un débat est sain, ils sont également de connivence pour dire que celui-là ne l’est pas. Ils l’ont en quelque sorte démontré lors de leur passage à l’émission de Christiane Charette, le 6 mars. "Ça ressemblait plus à une bataille de chats de ruelle qu’à un débat. En sortant de là, je n’ai pas eu l’impression que l’image de l’UDA en était grandie. Malheureusement, ça nous fait passer plus pour des cliques qu’autre chose", se désole Legault.
Preuve de la compétition malsaine, le site Internet de l’équipe Dhavernas a été attaqué, le rendant inaccessible durant plusieurs jours. Si Legault déplore cet acte disgracieux, Dhavernas, lui, en est surtout aigri. "Je ne trouve plus ça drôle, lance-t-il. Mon premier objectif était de faire un débat démocratique. C’est mal parti."
Les 7000 membres de l’UDA ont jusqu’au 19 mars pour voter. Le résultat sera connu le 25 mars.