Pop Culture : Pour se dorer le blason…
Le Gala des prix Trille Or, qui célèbre la musique et la chanson de l’Ontario français, est toujours une occasion en or de constater l’étendue de ses talents. Que ce soit pour célébrer ses pionniers ou pour saluer ses jouvenceaux, le Gala donne toujours à voir un échantillon lumineux et assez représentatif de ce qui fait fleurir la chanson d’expression française dans une province majoritairement anglophone. La quatrième édition du Gala, qui prit place jeudi dernier, ne fit pas exception.
Déjà, lors de la publication des mises en nomination, le nom Andrea Lindsay [découverte de l’année] attirait l’attention. Après avoir parcouru site Internet et vidéos, nous étions charmée par cette jolie jeune chanteuse originaire de Guelph aux tendances "pop à la française". On confirma aussi le talent de cette Amélie Lefebvre (avec quatre prix Trille Or) qui lançait en novembre dernier un album qui agit comme un baume sur son Ontario d’adoption.
Le Gala donna aussi lieu à de jolies promesses: celle de l’éclectique groupe techno-trad Swing (spectacle de l’année), qui revient avec une nouvelle galette en mai prochain; celle de Louis et le voyageur (meilleur groupe), dont on ne soupçonnait pas les origines franco-ontariennes – l’un d’eux est de Guelph – et qui lance son deuxième opus à l’automne.
C’était aussi l’occasion de renouer avec les défricheurs de la chanson franco-ontarienne (qui est encore très jeune, faut-il le rappeler) avec un hommage émouvant à Paul Demers, porte-étendard de l’Ontario français, notamment avec une chanson comme Notre place. Aymar n’a d’ailleurs pas manqué de souligner la disparition récente d’un autre fier ambassadeur de la francophonie ontarienne, Robert Dickson, qui a participé entre autres choses à la mise sur pied du Théâtre du Nouvel-Ontario, de CANO et de la maison d’édition Prise de parole.
C’était donc un gala réussi qu’ont animé habilement l’humoriste Jean-Christian Thibodeau ainsi que l’animatrice culturelle de Radio-Canada Tanya Lapointe et qui a attiré son lot de spectateurs au collège Samuel-Genest d’Ottawa.
On peut dire que l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) et son producteur délégué François Dubé ont su essuyer la controverse qui les précédait, concernant un mode de présélection douteux et le manque de transparence au sein de cette démarche.
Avec les meilleures intentions, on a donc mis en place pour la présente édition un comité d’admissibilité plutôt qu’un jury de sélection, de sorte que c’était les artistes eux-mêmes qui soumettaient leur candidature dans les catégories voulues. Ainsi, s’ils répondaient aux critères d’admissibilité, ils se voyaient finalistes… Or, cela donna lieu néanmoins à des catégories nébuleuses, comme celle avec seulement deux finalistes d’"artiste solo ou groupe franco-ontarien s’étant le plus illustré à l’extérieur de la province". En nomination, Dominique Nadia et Swing. Qu’advient-il de Damien Robitaille? de Tricia Foster? de Darryn Grandbois? Ils brillent pourtant dans la province voisine du Québec… Est-ce parce qu’ils n’ont pas soumis leur candidature? Parce que leur dossier de candidature était incomplet? Parce qu’ils ne remplissaient pas les critères d’admissibilité?
Selon François Dubé, qui souhaite fortement être de la partie pour la prochaine édition, le système actuel de mises en candidature ne devrait pas changer d’un brin. "L’artiste doit se responsabiliser. Si tu choisis de faire carrière, tu te dois de prendre les devants sur ces choses. On ne peut pas revenir à l’ancienne méthode où on approchait les artistes pour soumettre leur candidature. Ce qui n’était pas transparent", a-t-il laissé entendre. Ce dernier a beaucoup d’ambition avec les prix Trille Or, qu’il voudrait aussi importants que ceux de l’ADISQ et que les JUNO. Il souhaite aussi faire du Gala un événement annuel.
Cela ne se fera certainement pas d’ici la cinquième édition, mais force est d’admettre que le bouche à oreille opère de plus en plus autour de ce petit gala appelé à devenir grand. Et à la vitesse que prospère la musique franco-ontarienne avec les jeunes talents qui y bourgeonnent et donnent le ton, il devrait y avoir un plus grand nombre de candidatures et de spectateurs lors du gala de 2009.