Acupuncture : Attraper la piqûre
De moins en moins marginale, l’acupuncture suscite néanmoins toujours la curiosité. Quelle est donc cette pratique orientale, dont les premières manifestations remonteraient à l’âge de pierre, qui consiste à insérer dans la peau de fines aiguilles? Récit d’une heureuse initiation.
À mon arrivée au bureau de Suzanne Giguère, qui m’a offert un traitement dans l’optique de ce reportage, j’ai été étonnée par la sobriété de l’endroit. Je dois l’avouer, je m’étais imaginé un lieu ténébreux, dans une ambiance saturée d’effluves d’encens et de musique new age. L’acupunctrice m’explique d’emblée que, contrairement à une idée répandue, cette discipline de la médecine traditionnelle chinoise n’a rien d’ésotérique. "Selon la conception chinoise, le corps humain serait le siège d’une activité électrique intense, qu’elle appelle le chi (traduit par énergie), qui s’organise à travers un circuit complexe, qu’elle appelle méridiens. Ce circuit fonctionnerait à la manière d’un circuit électrique."
À la première visite, l’acupuncteur observe la morphologie du patient. "On détermine sur quel terrain on va travailler. On prend le pouls et on regarde la langue, qui peut nous donner plusieurs renseignements sur l’état de santé de la personne." Un questionnaire portant sur les antécédents personnels et familiaux complète l’investigation initiale. Fatigue, anxiété, migraines, insomnies, nausées associées à la grossesse, maux de dos, douleurs musculaires, otites, allergies, mauvaise haleine… la liste des affections que l’acupuncture propose de soigner est très longue. "Il faut retenir que l’acupuncture traite des problèmes fonctionnels. Elle ne traite pas les lésions, telle que la maladie de Crown", précise Suzanne Giguère. Pour ma part, je lui confie que je suis sujette à des maux de tête et à des raideurs à la nuque depuis la naissance de mon deuxième enfant il y a quelques mois. J’espère que le traitement contribuera à y remédier.
Je m’allonge sur la table de traitement. Tout en m’expliquant sa technique, l’acupunctrice insère de fines aiguilles dans mes mains et mes pieds, qu’elle relie ensuite avec des cordes. "Ces aiguilles agissent à la façon d’électrodes conduisant le courant. Le but de l’acupuncture est de rétablir le courant dans toutes les parties du corps." L’insertion n’est pas douloureuse; à peine inconfortable. Les personnes qui craignent la transmission de maladies seront rassurées d’apprendre que l’utilisation des aiguilles à usage unique est obligatoire depuis 2003. Suzanne Giguère me quitte finalement pendant une vingtaine de minutes. Ce temps d’arrêt dans le rythme effréné de l’existence constitue à lui seul une bénédiction. Lorsque la thérapeute retire les aiguilles, je me sens déjà énergisée.
Certains attribueront à l’effet placebo la disparition de mes maux de tête dans les jours qui ont suivi mon traitement. Peu m’importe, je suis bien décidée à réitérer l’expérience. "Il ne faut pas penser que c’est une médecine miraculeuse. On doit connaître ses limites", insiste Suzanne Giguère. L’acupunctrice est toutefois convaincue que sa pratique s’inscrit parfaitement dans un mode de vie sain, tant à titre préventif que curatif.
MOTS D’ORDRE
L’Ordre des acupuncteurs du Québec dénombre actuellement près de 600 thérapeutes certifiés. L’organisme recommande au public de s’assurer que l’acupuncteur consulté possède le droit de pratiquer en consultant le tableau de l’ordre disponible sur Internet (www.ordredesacupuncteurs.qc.ca) ou par téléphone au 1 800 474-5914. Le coût d’une consultation varie entre 30 $ et 60 $. Plusieurs régimes d’assurance couvrent ces frais, en tout ou en partie.