Pop culture : La revanche du country
Le country a indéniablement la cote ces temps-ci. Alors qu’il semblait confiné dans les festivals et les petites tavernes, ce genre longtemps snobé prend tranquillement sa place dans la programmation de certains diffuseurs.
Au Vieux Clocher, par exemple, les shows country de ce printemps ont remporté un grand succès. Son album De retour à la source fraîchement sorti, Isabelle Boulay a donné quatre représentations à guichets fermés. Renée Martel a aussi accompli un retour réussi et revient même en supplémentaire cet automne. Patrick Norman chantera pour une énième fois dans la mythique salle à la mi-juillet. Et ces jours-ci, il y a les Country Girls qui présentent un sacré tour de chant.
J’ai assisté à la première des représentations, samedi dernier, au Vieux Clocher de Sherbrooke. D’abord, soyez avertis: ce show rend un véritable hommage au country. Si le genre ne vous plaît pas, la soirée peut vous satisfaire quand même, mais sachez qu’il s’agit avant tout d’un spectacle de chansons.
Sylvie Moreau et Sandra Dumaresq jouent deux personnages rigolos de chanteuses portées sur la bouteille. Les filles parlent de leurs déboires amoureux, de leur grande amitié, de leur envie de percer aux États-Unis. Tout ça en engloutissant de bonnes quantités d’alcool. Si on rit de leurs malheurs, lorsqu’elles se mettent à chanter, on ne rit plus. On est plutôt bouche bée d’admiration en entendant ces deux jolies voix qui s’harmonisent à merveille. Sylvie Moreau, que j’ai entendue chanter dans Cléopâtre et Cabaret, ne m’a jamais semblé aussi à l’aise vocalement que dans ce spectacle où, en prime, elle est toujours aussi drôle. Et Sandra Dumaresq se révèle être une chanteuse de grand talent, dotée d’une voix chaude, agile et profonde.
Ensemble, les deux comédiennes prennent un malin plaisir à interpréter les chansons qu’elles ont traduites et adaptées et qu’elles nous font découvrir sous un nouveau jour. Elles transforment même certaines pièces populaires en de véritables hymnes country. En témoignent leurs versions traduites de Bridge over Troubled Water et I Will Always Love You. À travers leur liste de chansons se glissent des "incontournables" du répertoire québécois comme Mille après mille et Quand le soleil dit bonjour aux montagnes. Ce furent d’ailleurs les pièces les plus appréciées par la foule, qui leur a réservé un accueil enthousiaste.
Et il n’y a pas qu’au Vieux Clocher que le country est en train de faire sa place. Le Téléphone rouge accueille, vendredi, Les Roturiers, un groupe de country satirique qui se sert de cette musique simple et empreinte de sincérité pour aborder des sujets audacieux.
Bref, j’ai l’impression qu’Isabelle Boulay n’est pas la seule à retourner à la source…