Pop culture : La grande séduction
Gatineau s’affale sous une orgie d’humoristes de partout cette semaine. Ils se sont donné le mot ou quoi? Serait-ce le mois de juillet qui les attire ici comme des mouches? Quoi qu’il en soit, il sera difficile d’échapper aux manifestations humoristiques cette semaine pour qui vit dans la grande ville, avec Louis-José qui squatte le cégep, Massicotte qui campe à la Maison et le Grand Rire qui rapplique! Et pourquoi s’en plaindre? La région n’a jamais vraiment connu de festivals entièrement consacrés à l’humour que je sache, et le public répond "présent" à tout coup.
Mais qu’est-ce qui explique que les Québécois soient si enclins à se bourrer le crâne d’images loufoques et d’anecdotes juteuses afin de laisser s’égrener des sons de leur gosier? On ne constate pas cette même effervescence de l’autre côté de la rivière: de menus bars tel le Yuk Yuk’s proposent certes quelques stand-up comiques à la petite semaine, mais rares sont les comedians en tournée dans les salles ottaviennes! Seraient-ce que les Ontariens sont moins portés à se bidonner le portefeuille?
Je dois dire que, personnellement, je suis un bien piètre public pour ce genre de spectacle. Je ne ris pas aisément – dans le sens d’émettre de vrais sons qui s’accompagnent à l’occasion de chatouillements dans le ventre! -, et il en faut beaucoup pour me décrocher un franc sourire… Pourtant, dans la vie, je suis rieuse et même bouffonne à mes heures. Mais lorsque le rire est commandé avec trop d’insistance, j’en perds ma motivation! Ce doit être pour cette raison que je préfère à l’humour gras les pitres qui jouent dans les dédales de la subtilité et qui privilégient les jeux de langue et de style plutôt que les jokes de mononcles… Heureusement pour moi et les autres, le Québec est riche en blagueurs de toute sorte: de la petite bombe blonde effrontée au gratteur de plaies – aïe, ça fait mal! -, en passant par l’observateur de banalités, sans oublier celle qui "cale" son beau-frère. Un florilège que je vous dis! Et il se trouve qu’un échantillon de ce fatras bordélique évoluera dans le voisinage cet été.
À la lumière de sa programmation, on constate que le Grand Rire de Gatineau a mis à exécution un plan de séduction massive cette année. Si d’autres festivals lui font invariablement compétition dans d’autres villes du Québec, force est d’admettre qu’ici, le Grand Rire a remporté la course. Il arrive donc avec des combinaisons heureuses pour la troisième édition, avec Dieudo et Brathwaite à l’intérieur et une programmation extérieure gratuite – il en coûtait 20 $ pour le passeport l’an dernier! Quatre tentes seront donc érigées dans le vibrant Vieux-Hull, avec des spectacles d’humoristes établis et de la relève, des contes, des vidéos comiques, des espaces de jeu, mais aussi des arts humoristiques. Belle initiative que ce déménagement qui rallie les commerçants du coin!
Mentionnons aussi une encore timide incursion du côté des anglophones avec Laugh It Up: un écran géant posté dans le marché By proposera des courts métrages pigés à même la filmographie de l’ONF. Avec les années et surtout, selon la réponse reçue, des galas en anglais pourraient éventuellement être présentés. Le public anglophone étant légion ici, l’aventure devrait se répéter. Puis, on ose encore espérer plus de présence d’organisations de la place – ligues d’impro, troupes de théâtre et humoristes locaux? -, mais ça ne saurait probablement tarder dans les années à venir…
Et n’oubliez pas d’aller voir les deux autres zoufs qui passent l’été en Outaouais, en plus de ceux qui nous font des visites impromptues du côté du Théâtre des Quatre Soeurs: question de voir ce que ces travailleurs du rire ont dans le ventre, mais aussi parce que la diversité en humour a bien meilleur goût!